Suite indienne est un voyage à travers l'Inde avec Bombay pour première étape .
Ce périple s'ouvre sur l'irruption des pèlerins , « se sentir emporté sans le vouloir » le ton est donné ,à « Bonbay où tout est gris » .
Voyage presque photographique , les images fusent s'enchaînent , dans une hâte qui ne ressemble pas à celle nos villages endormis .
Cette superpositions fatigue quelquefois on voudrait se poser ,ne plus ressentir ce fourmillement de pas « l'empreinte aérienne d'une marche ...les engelures , les crevasses , les oedèmes , et dans l'éther desséché la silhouette pénitente d'une femme .
Puis le voyage sait quitter la périphérie , les hordes de chiens , retrouver des visages , la dormeuse , le danseur , la veuve , l'urgence de témoigner est moins forte plus nonchalante le style aussi change .
La langue de Scoêzec cherche alors le rythme du Haïku « dans cette orgie de blancheur je me suis assise »
La poésie s'installe avec plus de tendresse pour ces figures ancestrales , et dans une supplique elle leur parle « fais jouer le cercle de tes bras ,attise autour de ton buste les brasiers qui consument ta virilité »
la suite indienne imprégnée du passé Jaipur , Orchchâ , sillonne une route étrange , c'est l'Inde peuplée d'ombres « Elle s'appelait Châlurata peut être , lorsque bercée par son chant , elle s'endort dans l'ombre projetée de son éternité » .
« Pourquoi chercher à retenir mon âme » ce dernier chant est un adieu à ces lieus , ce sont les mots choisis par Annick le Scoëzec pour nous laisser en attente en suspend d'une suite possible .
Très beaux textes parfois difficiles , hachés et faussement décousus , ils invitent à ressentir ce voyage par tous nos sens sans juger , sans interpréter juste regarder vivre l'Inde .
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