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Critique de Tanvyeboyo


‘L'Age d'Or de l'Affiche Touristique – Bienvenue en Bretagne' est un très beau livre. Tout le monde qui connaît la Bretagne a vu certaines de ces belles affiches qui ont marqué la rencontre par le biais du train entre un public de voyageurs parisiens et une région qui semblait très aux confins du pays.
Le train est arrivé à Nantes, toujours breton, en 1847. Les débuts de l'affiche datent de 1886 et l'époque de gloire se situe entre 1910 et 1939.
La Bretagne n'en a pas eu le monopole, mais l'association entre la région et cette forme d'art populaire est forte.
Que nous apprend-elle ?
Ces affiches sont l'oeuvre d'artistes parisiens pour des entreprises qui vendent ‘la Bretagne pittoresque', le dépaysement, le tout à quelques heures de train de la capitale.
Elles montrent le littoral, un peu moins les paysages et accessoirement les bretons ou, surtout, les bretonnes.
Ce qu'elles nous apprennent est plus subtil et même un peu inquiétant. Elles évoquent pour moi l'orientalisme dans ses deux sens.
D'abord le sujet de peinture romantique finissant de Delacroix à Ingres. Ces beaux tableaux qu'on voit en nombre au Musée (ancienne gare) d'Orsay nous présentent l'exotisme dans la période quie va de Champollion à l'Algérie française. Des images d'hommes à la chasse, de femmes aux bains ( !) et de paysages étranges. L'Orient, c'est ‘l'autre'.
Justement le deuxième sens de l'orientalisme est celui, politique, d'Edward Saïd. Les autochtones sont des objets et pas vraiment les sujets des images de ce monde d'ailleurs. Les images sont ‘belles' mais elles reflètent une vision d'ailleurs, elles font partie de la culture de la métropole et non pas des régions ‘périphériques'. L'affiche touristique n'est finalement que ça, faite pour le touriste de passage. Si Toulouse-Lautrec a révélé l'âme de Montmartre à la fin du 19è siècle, les affiches touristiques n'ont rien révélé de la Bretagne sauf sa valeur de dépaysement. le regard n'est point hostile, mais les locaux ne font que partie des décors, ils n'ont pas de langue, d'histoire à raconter, de devenir, autre que d'être sujets de cartes postales. Comme on dit à notre époque des médias sociaux, le produit, c'était eux. On n'y voit pas l'émigration, la perte d'une langue et le dépeuplement de la région comme le regard orientaliste ne voyait pas la souffrance, seulement l'exotisme bon marché. Désormais, on regarde ces affiches et on y voit un regard plus matérialiste que spirituel ou marqué par une vraie empathie.
Ce livre est beau, très beau, et il ne peut pas laisser indifférent.
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