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EAN : 9782070744510
112 pages
Gallimard (12/04/1996)
3.4/5   25 notes
Résumé :

« Mes souvenirs, en effet, s'arrêtent là, de ce grand jour où je fis avec Jeanne, et pour la première fois, l'amour pour de bon.

Ce n'est même pas la peine que je me fatigue à chercher. Je revois ce corps d'un rose pâle, ces seins pleins et durs, ce visage brillant d'ardeur, d'autres beautés encore plus intéressantes... »

--Ce texte fait référence à l'édition



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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
En littérature, l'imaginaire est - me semble-t-il - souvent porté au pinacle, on est émerveillé devant l'oeuvre des grands romanciers du XIXème siècle, si talentueux à recréer des univers, capter des atmosphères, pointer des réalités propres à un milieu social au travers des histoires mettant en scène des personnages fictifs aux profils psychologiques complexes et réalistes. Face à eux, les écrivains s'inspirant de leur quotidien pour écrire sembleraient vite avoir la tâche facile, et pourtant, rien n'est à mon sens plus difficile que parler de soi-même de manière authentique. Essayez donc de vous regarder droit dans les yeux. Pas simple, non ?

Paul Léautaud a, depuis ses débuts en littérature, uniquement fait cela. Par le biais de son journal intime, il a archivé jour après jour les évènements rythmant son quotidien, des faits en apparence insignifiants de sa vie aux évènements l'ayant le plus marqué. Léautaud écrivait donc dans l'instantané. La plupart du temps, du moins. Car avec Amours - court roman écrit en 1906 - l'écrivain alors âgé de 34 ans se replongeait dans la fin de son adolescence, ses premiers émois amoureux, sa relation conflictuelle avec son père et sa belle-mère... le livre est majoritairement consacré à Jeanne Ambert, celle qu'il désigne dès les premières lignes comme son premier amour. Une jeune fille de quelques années son aînée, soeur d'un camarade de Courbevoie avec qui Léautaud avait pris l'habitude de faire le trajet qui le menait à Paris où il travaillait.

Ce court roman laisse entrevoir le cheminement de la misanthropie de son auteur, ainsi que son rapport aux femmes et même à la patrie (son service militaire écourté). Léautaud est certes entouré de quelques camarades, et principalement de Léon Ambert, mais on ne peut réellement parler d'amitié dans la mesure où l'écrivain instaure très vite une distance entre lui et ses semblables, qu'il juge tantôt superficiels (Léon), tantôt mal dégrossis (ses anciens camarades de classe). Son rapport à l'amour tend en revanche à changer au fil du récit, et de l'évolution de sa liaison avec Jeanne semble naître toute la méfiance qu'il manifestera sa vie durant à l'égard du sentiment amoureux. Sa romance évoluera sous les traits plus prosaïques d'un besoin d'amour physique (la seule forme d'amour réelle selon Léautaud). Besoin qu'il continuera du reste à satisfaire dans une infidélité consentie après que Jeanne lui ait trouvé un remplaçant plus fortuné pour l'entretenir.
Lien : http://www.lepasgrandchose.f..
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Certes, on sent un talent certain dans l'écriture, ça a du style. Néanmoins à moins d'être fan de Léautaud, ce livre tombe des mains et semble de peu d'intérêt. Et enfin, il est diablement fainéant.
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Je dis deux mots, en passant, d'un ratage volontaire que j'eus à cette époque, une histoire d'un soir avec la sœur de Gaillard, une jeune femme d'une trentaine d'années, brune à l'excès, récemment débarquée de sa province, et sur laquelle j'avais fait un certain effet, il faut le croire. Ne s'était-elle pas amusée à me mettre au défi de passer une nuit à côté d'une femme sans la toucher, s'offrant généreusement elle-même pour cette expérience? C'était bien mal, me connaître, que je fusse nigaud, ou plein d'insolence. L'expérience eut lieu, dans ce même hôtel de Lisbonne, dont j'ai parlé, et elle put me quitter le lendemain sans que je l'eusse même embrassée. Mais soyez donc délicat avec les femmes! Je l'aurais prise, qu'elle eût fait l'outragée, cette demoiselle, et pour avoir simplement tenu ma parole, je fus traité par elle ensuite de tous les noms.
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Mes anciens camarades de classe, devenus petits employés comme moi, une bande de jeunes butors qui ne songeaient qu'à jouer à la manille pendant tout le trajet, tous plus gueulards les uns que les autres.[..........................]
Ils avaient beau passer à côté de moi, ils ne me reconnaissaient pas ; mais moi je les reconnaissais bien. Il est vrai que je n'y avais aucun mérite.
Cet air imbécile que je leur avais connu quand ils étaient tout jeunes gens, maintenant qu'ils étaient devenus des hommes, embellissait plus que jamais toute leur personne.
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Alors, prête à sortir, Jeanne vint à moi, me prit la tête dans ses mains, m'embrassa, et eut ce mot, suprême consolation, qu'elle avait peut-être lu quelque part, qui sait? « Bast! me dit-elle, tous les grands poètes ont eu un amour malheureux. Cela te fera travailler. »
Admirable créature, qui entrevoyait ainsi bien avant moi mon grand avenir litté-raire! Tenait-elle absolument aux alexan-drins, cependant? Au grand poète près, j'aurai fait de mon mieux, et elle ne pourra guère m'en vouloir, après ce mot, d'avoir raconté nos amours.
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Ah ! ce n’est donc pas une blague, qu’on reste toujours sensible à ces choses, et que notre vieux cœur leur garde toujours un coin, et le bon ? Je me moque pourtant pas mal de toute cette histoire, et même de la part de ma jeunesse qu’elle représente. J’ai toujours vécu en avant, et malgré ma manie d’écrire des souvenirs.
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A cette époque, Van Bever était déjà un écrivain, et je me le dis quelquefois, écrire pour écrire, j'aurais dû me décider alors, et profiter de son exemple au lieu d'attendre si tard. De cette façon, je serais peut-être à présent aussi connu que lui, ce dont je suis plutôt loin. Il est vrai que cela ne l'aurait pas empêché d'être encore mon aîné dans la carrière des lettres. Rien n'est d'ailleurs plus difficile que de n'avoir pas d'aîné en littérature.
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