Prêts pour un voyage délirant dans
L Histoire ? "Piou, piou, piou", crions-nous en choeur !
Avec son deuxième roman "
Mort aux grands",
Pierre Leauté nous offre une uchronie déjantée dont on savoure l'humour à chaque page. Au lendemain de la Première Guerre Mondiale, point de Diktat : l'Allemagne, victorieuse, occupe la France qui vit désormais sous le joug du Kaiser.
Le soldat et anti-héros de la Guerre Augustin Petit - qui porte bien son nom -, ne peut se résoudre à accepter cette cuisante humiliation. Il va tenter, tant bien que mal, de s'élever sur ses petits pieds contre un ennemi qui n'est finalement pas celui que l'on croit. Il entend en effet mener le combat contre un mal bien plus terrible, bien plus perfide, bien plus sournois que l'Outre-Rhin… Les Grands !
Avec ses armes oratoires, il va défendre la cause des Petits, injustement écrasés par les Grands – et en particulier, les Grands blonds aux yeux bleus -, premiers responsables de cette inacceptable défaite. Il va organiser sa vengeance aux côtés de son acolyte Auvergnat, en rassemblant des partisans de la miniature, des héros de la "Der des ders" sur tabouret. Il va réussir à créer son parti, le PPP, et organiser sa propagande derrière une "petite et mignonne" mascotte. Au magnanime aigle germanique, au coq gaulois fier et orgueilleux, Augustin Petit oppose le poussin comme symbole d'une génération de rase-moquettes, bien décidée à en découdre.
Grâce à notre connaissance de l'Histoire, nous nous plaisons à décrypter les clins d'oeil disséminés avec intelligence par l'auteur et à lire, en filigranes, des allusions à notre terrible Histoire : le journal « le Clérical, nous voilà ! », la stigmatisation d'une catégorie de la population sur des critères physiques, la folie d'un Homme qui gravit peu à peu les échelons grâce à sa rhétorique, des « Piou, Piou, Piou » qui résonnent comme des balles lancées à tire-larigot, l'utilisation d'outils de propagande d'une efficacité redoutable, l'autodafé de livres écrits par des Blonds ou mettant en scène des « Grands » (comme
Rabelais et son «
Gargantua »,
Alain-Fournier et son « Grand Meaulnes »...), ou encore la destruction d'oeuvres d'art de Botticelli ou de Vinci dont la taille des personnages dépassait l'entendement…
J'ai beaucoup aimé cet ouvrage et suis ravie, à la lecture du site de
Pierre Léauté (qui vaut le détour : http://www.pierreleaute.com/) de voir qu'il a une suite, "Guerre aux grands."
Aux Petits, la Patrie reconnaissante ! Aux Editions le Peuple de Mu et à Babelio, Hermane reconnaissante ! Merci pour cette belle découverte et ce bon moment de lecture !