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Johan-Frédérik Hel-Guedj (Traducteur)
EAN : 9782207260043
732 pages
Denoël (27/08/2009)
3.21/5   14 notes
Résumé :
Un jour de janvier 1913, le célèbre mathématicien anglais G.H. Hardy remarque parmi son courrier une enveloppe venue d'Inde. Intrigué, il y découvre une dizaine de feuillets noircis de formules et une lettre dans laquelle l'expéditeur, un modeste comptable de Madras du nom de Srinivasa Ramanujan, prétend être venu à bout d'une des énigmes mathématiques les plus ardues, l'hypothèse de Riemann. Presque certain qu'il s'agit d'un canular, Hardy se penche néanmoins, avec... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Roman foisonnant très riche mais méticuleux et lent.
C'est l'histoire de la relation entre "GH Hardy", un célèbre mathématicien de premier plan britannique de la première moitié du XXe siècle, et "Ramanujan" un indien inconnu qui sans aucune éducation formelle réussit réussi à atteindre l'élite de Cambridge mais qui tomba malade peu de temps après et retourna en Inde, où il mourut en 1920, à l'âge de 32 ans.
Ramanujan était conscient de son talent, qu'il attribuait à l'inspiration de la déesse Namagiri, il avait donc contacté plusieurs mathématiciens notables de la métropole pour savoir si son travail méritait l'attention du monde universitaire. Mais c'est bien sur GH Hardy qui seul s'intéressa au jeune Indien en organisant son voyage de l'inde à Trinity et à Cambridge, entamant ainsi une relation fructueuse qui entraînera des avancées importantes dans la théorie des nombres, que se concentre Leavitt :

David Leavitt romancier connu pour le langage perdu des grues "The Lost Language of Cranes" (1989) écrit le comptable indien à la troisième personne, bien qu'il insère dans le développement chronologique de l'histoire une conférence imaginaire de Hardy, presque à la fin de sa vie, à l'université de Harvard rappelant divers épisodes de la relation particulière avec son jeune disciple. En combinant la première et la troisième personne, cela donne l'impression que la voix narrative est Hardy lui-même, ou du moins, qu'il s'exprime avec son point de vue ce qui déplace ainsi le centre de gravité de Ramanujan (comme le suggère le titre de l'oeuvre) à Hardy.

La reconstruction de l'Angleterre il y a un siècle est impressionnante -surtout le milieu intellectuel "gay" du Trinity College de Cambridge, dominé par des personnalités de la stature de Russell, Keynes, Moore et Wittgenstein-on peut trouver que les détails foisonnants de la description alourdissent le roman. Personnellement j'ai aimé me plonger dans cet univers et cette ambiance.. Ramanujan mets du temps à apparaître et son personnage reste en de ça des attentes du titre. Leavitt n'éclaire pas vraiment le personnage, laissant, par choix je suppose, son génie dans l'énigme. Lorsqu'il arrive en Angleterre il y a une sous intrigue qui raconte les efforts de la femme d'un autre mathématicien pour le séduire et Leavitt s'intéresse aussi à ses démêlés avec la culture anglaise (le roman est une version sophistiquée du motif classique du "poisson hors de l'eau")mais ces éléments restent en deçà de l'intérêt procuré par le portrait du cercle du pouvoir à Cambridge. L'effort de narration des mathématiques est remarquable, pour avoir osé inclure des explications détaillées sur des séries infinies, des équations et des "théorèmes fous sans preuve" Mais pour un total néophyte comme moi ces quelques pages incompréhensibles ne posent pas d problème on peut aisément les sauter sans ne rien perdre de l'histoire. Intéressante aussi la complexité des relations coloniales entre l'Angleterre et l'Inde à l'époque de la Première Guerre mondiale. Bref mis à part l'histoire mêùme du comptable Hindou qui reste superficiellement traité le roman est passionnant :
Il est écrit dans ce style méticuleux et concis, mais en même temps vif, qui rappelle vaguement Julian Barnes(peut-être des échos d' Arthur & George , un autre roman intéressant sur deux personnages opposés, dont l'un est également d'origine indienne). La vérité est que l'oeuvre est pleine d'images et de réflexions qui construisent une histoire, la relation entre deux hommes très différents, d'une manière vraie et brillante. Les scènes successives sur lesquelles s'articule l'intrigue (Leavitt ne fait aucun effort pour combler les blancs) éclairent toujours un aspect de la personnalité des deux qui donne un sens à l'ensemble.
L'effort de documentation réalisé par l'auteur mérite d'être applaudi puisqu'il s'attache non seulement à recréer la vie de ses personnages mais aussi à l'inscrire dans un contexte historique et social bien précis. Les rencontres des Apôtres, les relations avec Keynes, DH Lawrence, Russell ou Moore, le mode de vie dans le collage (dont les menus des professeurs), la manière dont l'homosexualité était affrontée à l'époque ou les diverses conjectures mathématiques des Les protagonistes sont parfaitement interprétés.

Pourquoi ce roman vaut-il la peine d'être lu ? D'abord parce que, malgré ses détails, sa lecture est stimulante ( N'ayez pas peur si vous voyez des formules mathématiques en feuilletant le livre, elles ne mordent pas). Ensuite parce qu'elle nous apprend quel est le véritable fondement d'une amitié, sans rapport avec les questions de race, de sexe ou de religion, mais étroitement liée au partage d'un intérêt commun et au respect mutuel. C'est ce respect qui a conduit Hardy à affirmer qu'à l'avenir, il voudrait qu'on se souvienne de lui, non pas pour ses théories mathématiques, mais pour avoir été le découvreur de Ramanujan. Peu de mots peuvent mieux exprimer l'idée contenue dans ce beau roman.
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Nul besoin d'être accro aux maths pour apprécier ce roman historique de David Leavitt, qui s'est aussi intéressé auparavant à Alan Turing, mathématicien réputé pour avoir décrypté la machine allemande Enigma durant la Seconde guerre mondiale. Le comptable indien c'est Srinivasa Ramanujan, de la caste des brahmanes, mathématicien autodidacte qui, parrainé par le britannique G.H. Hardy de la faculté de Cambridge, débarquera à Londres en 1917 pour parfaire ses calculs et ses études sur les nombres premiers, les nombres hautement composés et ultimement pour confirmer ou infirmer l'hypothèse de Riemann. Son séjour ne sera pas de tout repos : éloigné de sa famille et de sa femme, supportant difficilement la nourriture et le climat anglais, ses préceptes religieux pèseront sur lui et finiront par le rendre malade. David Leavitt prend son temps pour faire entrer le lecteur dans l'atmosphère d'un campus universitaire d'avant-guerre; il faut faire preuve de patience et se laisser porter par le récit qui, s'il n'est pas palpitant, reste tout de même captivant. Ne serait-ce que pour l'évocation des moeurs et coutumes anglaise et indienne de cette époque, l'homosexualité, le racisme, le mariage, l'émulation entre scientifiques, le pacifisme et le militarisme. Sans compter, pour reprendre les mots de l'auteur, « (...) l'érotisme du fonctionnement des nombres, la chaleur qui s'en dégage, leur résonance et leur imprévisibilité et, quelquefois, leur danger. » de quoi intriguer et qui sait, faire aimer cette discipline hautement exigeante...
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Cambridge, janvier 1913 : le mathématicien Hardy reçoit une lettre de Madras; intrigué, il découvre qu'un obscur comptable indien nommé Ramanujan lui fait part de ses recherches en mathématiques. Cet inconnu est complètement autodidacte.

Voici ses premières impressions :
"Pas de détails. Pas de démonstrations. Rien que des formules et des croquis. Dans lesquels il se perd presque complètement - c'est à dire, si c'est faux, il ne voit absolument pas comment déterminer pourquoi. Il n'a jamais vu de mathématiques pareilles. Il y a des assertions qui le déconcertant totalement. Par exemple, que penser de ceci?
1+2+3+4+5+....= -1/12
Cet énoncé est dément. Et pourtant, ça et là, au milieu d'équations incompréhensibles, de théorèmes insensés étayés par rien, il y a des fragments qui se tiennent - suffisamment nombreux pour qu'il continue à lire. Par exemple, il reconnait certaines séries infinies. La première, fameuse pour sa simplicité et sa beauté, Bauer l'a publiée en 1859.(...)
Mais est-il possible que ce Ramanujan, ce comptable qui se présente lui-même comme un inculte, ait pu tomber sur ces séries? A-t-il pu découvrir cela tout seul? En voici une autre qu'il n'a jamais vue de sa vie. Elle a quelques chose de poétique: (...)
Quelle sorte d'imagination peut avancer une chose pareille? Et le plus incroyable - Il l'écrit sur sont tableau noir, pour tenter de l'analyser- , c'est qu'elle a l'air juste.
Il allume sa pipe et se met à faire les cent pas. En quelques instants, l'exaspération laisse la place à la stupéfaction, et la stupéfaction à l'enthousiasme. Quel miracle lui a apporté son courrier du jour? Ce qu'il n'avait jamais rêvé de voir : le génie à l'état brut? "

Hardy et son collègue Littlewood décident de le faire venir en Angleterre. Pas facile. Il faut convaincre l'université. de plus Ramanujan est strictement végétarien, sa religion lui interdit de prendre le bateau. Mais grâce à Neville (un autre professeur) et sa femme qui partent en Inde, Ramanujan finira par arriver en Angleterre juste avant le début de la première guerre mondiale. Là, associé à Hardy il travaillera sur l'hypothèse de Rieman.

Ce roman - biographie-fiction - est bâti comme un long flash back. Il foisonne d'innombrables détails sur les différents personnages, ayant tous existé, à quelques exceptions près. D'ailleurs l'auteur le précise bien dans une intéressante annexe.

C'est une plongée dans l'univers de Cambridge de la décennie juste avant la première guerre mondiale. Petit monde apparemment feutré, aux traditions souvent désuètes (Hardy sélèvera contre le tripos), aux différents clans, aux sociétés plus ou moins secrètes. On disait de Hardy qu'il était "homosexuel non pratiquant", mais Leavitt a inventé de toutes pièces quelques aventures ... Issu d'un milieu modeste et athée, il a voué sa vie à la recherche de son Graal : avancer dans la démonstration de l'hypothèse de Riemann.

Séquence pub: Qui veut gagner un million (de dollars)?
En démontrant l'hypothèse de Riemann : voir l'article de Wikipedia, et bonne chance!

Ramanujan est un peu perdu en arrivant dans ce monde. Leavitt parvient bien à nous faire saisir les difficultés qu'il a rencontrées pour essayer de s'y adapter. Il n'y arrivera jamais. Seuls les moments où il poursuit ses recherches de mathématiques lui ont paru des oasis de bien être. J'ai d'ailleurs apprécié la narration de ces moments de "travail mathématique" intense, avec ces fulgurances, ces intuitions, les fausses pistes, les petites avancées.

On croise nombres de célébrités dans ce roman, tels Russell, Keynes, Strachey, et au fil des années de guerre on apprend des détails sur les mouvements pacifistes.
Hélas Ramanajan tombe malade (tuberculose officiellement) mais Leavitt laisse penser à une autre cause. Il n'est pas tendre avec les médecins de l'époque qui se sont penchés sur le cas de Ramanujan.
On pourrait aussi trouver des faits intéressants sur la condition des femmes à cette époque. Quel scandale quand une femme a battu le meilleur du "tripos"!

Pourquoi avoir choisi ce livre? Impressions?
Au départ, parce que Riemann!!! Et ensuite parce que Ramanujan... J'ai vraiment appris plein de choses, évidemment! Je précise qu'il n'y a pas besoin de connaître les maths (et encore moins de les aimer...) pour lire ce livre. C'est juste un petit plus!
En fait l'essentiel du livre nous peint ce monde universitaire et anglais que Ramanujan va découvrir. L'auteur ajoute des détails romanesques (avec par exemple la femme de Neville) qui ne m'ont pas vraiment convaincue, ce qui fait que j'ai trouvé quelques longueurs au cours de cette lecture. Les parties plus mathématiques m'ont donné plus de frissons...
En bref, une lecture pas déplaisante, grâce à un style fluide et un humour discret, et qui laisse une grande sensation de mélancolie et de gâchis...
Je pourrais poursuivre avec des lectures plus pointues et moins romanesques sur le sujet, tel The man who knew infinity : A life of the genius Ramanujan (Crown, 1991)

Annexe :
L'auteur prête à Hardy l'opinion suivante:
"En vérité, c'est leur inutilité qui faisait leur majesté. Supposons par exemple que vous prouviez le dernier théorème de Fermat. En quoi auriez-vous contribué au bien du monde? Absolument en rien. (...) Les mathématiques ne pouvaient jamais servir aucun but pratique ou belliqueux. (...) leur inutilité était le témoignage de leur absence de limite."

Hardy faisait ses recherches en mathématiques pures (en existe-t-il d'impures?) et il est sûr qu'on ne voit pas trop à quoi peuvent servir ces recherches absconses sur les nombres premiers. Commbien il y en a avant tel ou tel nombre, quelle importance, hein?

Eh bien pas si sûr... la recherche sur les nombres premiers intéresse beaucoup de monde, et pas seulement des gens déconnectés de la réalité :

"Les nombres premiers ont depuis toujours fasciné les mathématiciens. Pourquoi ? Parce que bien qu'ils soient définis par une propriété simple - un nombre premier est un entier naturel défini par le fait d'avoir exactement deux diviseurs distincts, 1 et lui-même -, il existe une infinité de nombres de ce type, et leur répartition, qui ne semble être régie par aucune règle, paraît très irrégulière. Ces nombres sont particulièrement importants en arithmétique, la branche des mathématiques qui traite des nombres entiers. Mais ils font également l'objet d'une actualité brûlante dans les nouvelles technologies, en particulier dans la cryptographie, pour le codage des informations. Avec le développement d'internet, le besoin de transmettre des informations confidentielles de façon sécurisée, par exemple des numéros de carte bancaire, est en effet devenu primordial... C'est là notamment qu'intervient l'algorithme RSA, un algorithme de cryptographie basé sur une propriété simple des nombres premiers. (copié d'ici)"

Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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Thank you David, on continue de te lire avec plaisir, la mine réjouie.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
(Ramanujam prépare son rasam qu'il mange quotidiennement)

Les lentilles du rasam sont dans une deuxième jatte. Il les trie, afin d'en supprimer les petits graviers, comme sa mère le lui a enseigné et il en renverse quelques-unes sur la table.... 7 lentilles. De combien de façon peut-on diviser 7 lentilles ? Eh bien il les essaie toutes - On peut les diviser en 7 groupes de 1 chacun, ou en un groupe de 6 et un de 1, ou un de 5 et un de 2, ou un de 4 et un de 3, ou un de 4 et un de 2 et un de 1, ou trois de 2 chacun et un de 1, ou .... Quinze en tout. Oui, on peut diviser sept lentilles de quinze façons.

Alors, de combien de manières peut-on diviser huit lentilles ?
.....
Vingt-deux façons.
Et avec neuf ?
....
Il continue. Il ne mange pas. Il est minuit passé depuis longtemps, mais il a trouvé le nombre de fois que l'on peut diviser vingt lentilles et à ce stade, il y a des lentilles partout.
....
Ce rasam ne sera jamais cuisiné.
627 façons.

(Le lendemain il se rend chez Hardy et)il entreprend de lui expliquer qu'en préparant ses ingrédients pour son plat, il s'est mis à compter les lentilles, et que cela la conduit à réfléchir aux partitions.

Calculer (p)n - le nombre de partitions d'un nombre - se révèle assez facile quand n est un 5 ou un 7 ; le problème, c'est qu'en grimpant dans la série des chiffres p(n) augmente à un rythme étourdissant.
...
Le nombre de partitions de 176 ?
476 715 857 290
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(...) tous autant que nous sommes, nous consacrons nos vies à tenter de nous hameçonner les uns les autres. Nous ferrons et nous sommes ferrés. Parfois, nous luttons, et parfois nous acceptons volontiers d'être ferrés, de plonger ces crochets dans nos chairs, et d'autres fois nous essayons de jouer au plus fin avec ceux qui nous ont ferrés en les ferrant à notre tour (...)
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J'ai observé les cygnes. Leur beauté lustrée, l'attention et le soin qu'ils portaient à leur duvet blanc, cette fausse impression d'intrépidité et de brutalité. Ils flottaient à la dérive, leur apparent oubli de notre présence en ces lieux n'étant, je le savais, qu'une illusion, l'illusion perpétuelle qu'inspiraient aux créatures dotées d'yeux sur le devant de la tête celles qui les avaient sur le côté. Notre erreur, comme toujours, était de supposer que le point de vue de l'autre était le nôtre, d'interpréter une surveillance hostile comme de l'inattention.
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A mon arrivée, je ne comprenais pas vos lits. Je dormais sur les couvertures et je m'enfouissais dans une épaisseur de pull-overs et de manteaux pour combattre le froid. Ensuite, Chatterjee m'a expliqué... on doit se mettre au lit comme une lettre dans son enveloppe.
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L'idée qu'un esprit puisse s'attarder sur cette terre revêt pour moi une certaine logique intuitive, dont pâtira toujours la vision que nous a imposée le christianisme d'un paradis vague et ennuyeux, et d'un enfer horrible et fascinant.
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