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EAN : 9781543165517
329 pages
CreateSpace Independent Publishing Platform (01/03/2017)
4.38/5   20 notes
Résumé :
Appartement.
Boulangerie.
Travail.
Bistrot.
A répéter jusqu'à la fin.

Archibald Delavigne est un solitaire pétri d'angoisses vivant dans une routine déprimante. Jusqu'au jour où un mystérieux inconnu lui lègue trois pouvoirs surnaturels sans aucune raison particulière...
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Et s'il suffisait d'un petit coup de pouce du destin pour tout changer ? Si vous disposez de la faculté de certains pouvoirs, qu'en feriez-vous ?
Pour Archibald, entre son boulot à l'imprimerie locale et ses soirées avec ses potes de beuverie, les jours se suivent et se ressemblent.
Alors que le temps passe et que les chances de sortir de sa grisaille quotidienne s'amenuise, un énigmatique personnage va taper l'incruste et proposer à Arch (diminutif de son prénom) un bien étrange marché ...

Je remercie l'auteur de m'avoir proposé son premier roman auto-édité, si la couverture ne paie pas de mine, ne vous fiez pas aux apparences, une fois plongé dans l'histoire, je nie toute responsabilité si vous manquez à vos obligations habituelles, il est de ces romans auxquels la surprise prend le pas sur l'attente du lecteur de façon exponentielle, si le résumé est intrigant, le thème n'est pas foncièrement nouveau et les habitués des livres fantastiques le savent bien, l'alchimie doit reposer alors sur l'équilibre précaire entre la réalité et les éléments surnaturels qui ne manquent pas, la plume se doit d'être irréprochable pour captiver, pour donner envie d'aller au bout de l'aventure avec un protagoniste pour le moins ordinaire, l'archétype (sans jeu de mots) du parfait anti-héros dans le texte, dans un monde ordinaire et rassurant, dans ces lieux de vie semblables à des milliers d'autres, la vie peut parfaitement convenir à des êtres comme Arch, solitaire et anxieux chronique, la banalité du quotidien associée à une attente que tout le monde aspire quelque peu, d'un jour à l'autre à défaut de mieux, des faits nouveaux qui vous proposeront alors de vous immerger dans une histoire hors du commun, il suffira juste de mettre votre partie rationnelle en sommeil pour savourer pleinement le roman.

"L'expérience, ce n'est pas ce qui arrive à quelqu'un, c'est ce que quelqu'un fait avec ce qui lui arrive." (Le meilleur des Mondes, Aldous Huxley)

Impossible de ne pas penser à 1984 de Georges Orwell, le meilleur des mondes d'Aldous Huxley en passant par l'univers de Stephen King, à la série La quatrième dimension, à des films tels que Kick-Ass ou Defendor, l'auteur ne manque pas d'imagination quand il s'agit tout à la fois de rendre hommage à ses références littéraires pour les confronter dans le monde d'aujourd'hui, de créer un univers empreint de magie et de délires les plus fous
Ambitieux assurément, audacieux pour défier les lois de la nature et du temps, pour oser s'aventurer sur le terrain périlleux du fantastique avec des possibles sans limite, intégrer des lois particulières auxquelles Arch devra se conformer n'est pas sans rappeler les lois universelles initiés par Isaac Asimov dans sa célèbre trilogie des Robots.

Le panache et le mordant dans la plume quand il s'agit de tourner en dérision toutes les absurdités de son personnage principal (titre éponyme), de mettre en parallèle des vies qui feraient pâlir les Bidochon ou les personnages d'Un air de famille pour les réglements de compte à base de piques et de répliques pour le moins croustillantes, une histoire qui s'apprécie comme un breuvage âcre et prenant, l'ironie des situations et les folles escapades mouvementées qui s'ensuivent, indéniablement, l'auteur sait maintenir cette assemblage d'éléments hétéroclites entre deux mondes et deux univers séparés, une empathie croissante pour s'identifier aisément devant les choix cornéliens d'Arch, dans son libre-arbitre, dans toutes ses pérégrinations et ses prises de position, ses risques inhérents à vouloir assurer, à se rassurer, à l'instar des super héros, la vie des anti-héros n'est pas de tout repos aussi.

Traversé par des moments de mélancolie certaine, des chapelets d'émotions vous étreindront à la gorge, qui n'a pas rêver un jour de disposer d'outils pour changer sa vie de manière radicalement différente, de disposer de pouvoirs quasi illimités qui chambouleraient en bien votre quotidien, le dilemme devant la thématique universelle du bien et du mal, où se situe la limite, le début et le commencement, mettre du beurre dans les épinards ne se limitent pas à la figure matérielle.
Et si le bonheur de trouver l'amour et sa propre voie ne se situaient pas dans la nature des choses ? Dans l'essence originelle des êtres ?

"N'importe qui peut être un génie à vingt-cinq ans. A cinquante ans, ça demande plus d'efforts." (Aldous Huxley)

La psychologie des personnages est intelligemment élaborée, les chapitres respectent une certaine chronologie des évènements, l'humour n'est jamais loin et pour désamorcer des scènes totalement anachroniques ou surréalistes pour le plus grand plaisir des aficionados du genre, flirter avec les frontières de l'inexplicable ou de l'irrationnel donne ce petit plaisir coupable non dissumulé, la frustration et la culpabilité qui le submergent, cette volonté de se soustraire aux clichés ou aux codes littéraires du genre, Arch n'est pas sans rappeler le symbole des invisibles, des laissés pour compte d'une société qu'ils ne comprennent plus, des modes qui dépassent leur entendement, le rythme joue le relief d'une vitesse à plusieurs tons, l'ennui laisse la place à l'action, le mouvement est irrépressible pour ne pas dire survolté, c'est bluffant, un roman jubilatoire, l'occasion d'égratigner les politiques et les médias, de mettre à mal des symboles intouchables, roman inclassable, certainement atypique dans la description d'un monde en pleine déconfiture, l'intrigue est brillante pour ne pas tomber dans le cliché et les facilités de connexion, l'anti héros devient une figure ambigue, naïve et surtout tellement attachant, dépassé par les évènements qui lui tombent sur le râble, à la place d'Arch, qu'auriez-vous fait ?

"A l'avenir, chacun aura son quart d'heure de célébrité mondiale." (Andy Warhol)

La souffrance est palpable, les tourments du personnage principal devant l'incroyable vérité, devant ses responsabilités nouvelles, devant ses désirs enfouis et secrets, sera-t-il à la hauteur des attentes ? Pourra-t-il trouver la force et le courage de transcender sa propre personne d'abord avant celle des autres, de puiser au fond de ses ressources pour pallier sa différence ou surmonter sa peur et ses états d'âme ?
Une lecture qui m'a happé, littéralement comme jouissivement, c'est diablement bien écrit, d'une belle efficacité pour se laisser embarquer dans une autre dimension, vous n'oublierez pas de sitôt Arch, l'homme qui voulait rester tranquille, l'homme qui n'avait rien demandé d'autre que de vivre une existence sans contraintes et sans entraves.

Une nouvelle preuve de la vitalité et du réservoir prégnant, surprenant et diversifié de l'auto-édition, il existe des oeuvres qui n'ont pas besoin de points de références littéraires, qui se suffisent à elles-mêmes et Arch appartient à cette catégorie, brillant hommage à d'illustres pionniers en la matière, l'auteur, Romain Lbstrd signe avec son premier roman prometteur, Arch, une oeuvre qui en appelle d'autres, dans cette verve créatrice et totalement décomplexée, novatrice et jubilatoire à volonté.

Arch de Romain Lbstrd est une belle surprise, inventif et terriblement accrocheur !!!

"Si tu ne prends pas le temps de créer la vie que tu désires, tu seras forcé à passer beaucoup de temps à vivre une vie dont tu ne veux pas" (Kevin Ngo)
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Vous saurez tout sur la séduction de Arch.


Un mot d'abord sur la couverture. Énigmatique… avec cette illustration, photo ou dessin en noir et blanc d'un objet étrange, difficilement identifiable, qui ne devient évident que lorsqu'il est explicitement nommé dans un chapitre assez lointain. Énigmatique, encore, avec cet ARCH en majuscules cursives, dont on ne voit pas non plus immédiatement le lien avec un diminutif, et qu'on prend plutôt pour un sigle, désignant cet objet – un ustensile médical bizarre ? – dont on ignore la fonction, qui pourrait être aussi bien bénéfique que maléfique. Un engin de torture ? Bref, cette couverture provoque une sorte d'appréhension, parce qu'elle trouble et attire comme l'image d'un souvenir nuisible rampant dans un recoin perdu de l'esprit d'un fou.

J'ai enfin lu Arch qui est dans ma bibliothèque depuis des mois.

C'est une lecture très addictive, parce qu'on s'attache très vite au personnage principal. Dès les premiers paragraphes on est saisi par ce portrait exécuté de main de maître. On l'aime aussitôt ce type discret, introverti, alcoolique, solitaire, taiseux, vivant retiré comme une sorte d'ermite urbain, enfermé dans son antre tapissé de bd et grand ouvert sur le ciel.
Alors quand cette chose d'extraordinaire lui tombe dessus, à lui qui ne demande rien d'autre que de poursuivre sa vie tranquille (qui mijote à petit feu), on ne peut plus le quitter, on veut absolument savoir comment il va évoluer et pouvoir garder l'esprit sain dans cette situation extravagante.
Héros malgré lui, il se trouve dans l'obligation de prendre des décisions qui dépassent largement sa propre existence. Les responsabilités qui lui échoient sont véritablement inhumaines, et il finit d'ailleurs par déraper, mais parvient pourtant à redresser la barre, grâce à la sagesse d'un ami, grâce aussi au bienfaisant amour de Maria.

Ce qui est formidable chez Arch, c'est qu'il est plein de ressources. En plus de ses facultés d'analyse hors du commun, il est capable de beaucoup d'abnégation. Il finira donc par trouver la solution qui, tout en répondant collectivement au défi gigantesque qu'on lui impose, lui convient en tant qu'individu – lui qui ne transige pas sur son libre arbitre !
La fin est magnifique et vous cueille comme un coup de faucille une brassée de blés mûrs. Emotion philosophique garantie. le bouquin prend à ce moment précis toute sa dimension humaniste sublime.

Mais « parlons travail » comme dirait l'autre. Je suis soufflé par la détermination de Romain Lbstd, compte tenu de l'ouvrage de longue haleine dans lequel il a mis le doigt, puis la main, puis la tête et tout le reste de sa peau. Je suppose qu'il a dû de nombreuses fois avoir envie de rendre les armes, parce qu'écrire un tel truc demande un engagement total. Il ne pouvait qu'avancer petit pas par petit pas et avoir l'énergie et la constance de déployer tous les aspects de sa fiction, déplier tout l'éventail qu'il venait de créer pour assoir les fondations de son aventure, et pour cela tourner le dos à toutes les facilitées, renoncer aux ellipses accommodantes, montrer toutes les zones d'ombres qu'il fallait bien éclairer (je pense notamment à toutes ces séquences sur les différentes personnalités criminelles qu'Arch parvient à prendre dans son filet).
Je suis admiratif devant une telle pugnacité. Un tel ouvrage.
Par ailleurs, je suis particulièrement intéressé par ce roman dans la mesure où les manipulations sur Chronos font écho à un projet que je rumine depuis longtemps. Donc, le cadre métaphysique de cette fiction est pour moi un élément de séduction et de réflexion très puissant. Les scènes qui sont engendrées par cette possibilité d'intervenir sur le déroulement du temps, sous certaines conditions, sont extraordinairement visuelles, et émaillent le roman d'effets spéciaux cinématographiques tout à fait fascinants.
Tous ces passages sont maîtrisés, sans aucune espèce d'excès, et c'est d'ailleurs la qualité dominante de l'écriture de Romain, auteur discret, humble, qui bosse au profit exclusif de la fiction et jamais pour se faire mousser. Entièrement au service de l'histoire et des personnages. Aucun narcissisme d'auteur. C'est remarquable. Admirable en fait. J'ai envie de dire que Romain ressemble à son personnage, lequel n'imagine même pas une seconde tirer profit de ses pouvoirs pour lui-même, et se met au service des autres non par altruisme pur, mais par désir de cohérence, par amour de l'éthique – qu'il espère, comme n'importe quel type simple et juste, voir partagée un jour par le plus grand nombre.
Sinon, comment se supporter, et comment supporter les malheurs du monde.

Que son auteur se soit investi avec un telle radicale honnêteté, qu'il ait pris tout le temps nécessaire à la construction méticuleuse de sa parabole, pour qu'au bout du compte, elle se cristallise en un éclair sous les yeux ronds du lecteur, c'est à la fois la qualité et la fragilité de ce roman. Parce que de ce fait, une certaine lenteur et une certaine pesanteur freinent la dynamique du récit. Dans chaque phrase tout est explicité avec soin. Dans chaque situation tout est décrit avec soin, décor, relations interpersonnelles, dialogues, sous entendus, climat général. le travail est mâché pour le metteur en scène, les acteurs et les techniciens de toutes natures qui collaboreraient un jour à l'adaptation de ce roman au cinéma. Ce qui serait un projet magnifique. Je trouve cette forme d'écriture holistique fascinante parce qu'elle est en même temps très fluide, mais je dois dire que j'ai dû fractionner ma lecture sur plusieurs jours pour cause de saturation.

La hâte de retrouver Arch confronté à ses épreuves, associée à la perspective de plonger dans de nombreuses séquences où tout s'accélère, relancent régulièrement la dynamique, et l'on suit passionnément les interventions d'Arch ainsi que les polémiques qu'elles suscitent. Tous les personnages ont une présence forte, et chaque rôle secondaire est déterminant dans le parcours tumultueux du héros, notamment ceux du Président et de sa Premier Ministre qui endossent le cynisme le plus révoltant. La dimension politique du roman, centrée sur les échecs de la lutte contre la criminalité, échecs qu'on peut légitimement soupçonnés consentis par les dirigeants, constitue le contexte sur lequel s'appuie l'auteur pour construire cette fiction, d'un optimiste ironique, autour du fantasme d'un Sauveur de l'humanité.


Une écriture holistique et fluide :

« S'il comprenait bien, en divisant le déroulement du temps de moitié dans son référentiel, le monde extérieur le verrait se déplacer à une vitesse multipliée par deux. Et comme la formule indiquait une vitesse au carré, s'il ne se trompait pas dans les calculs, son énergie devait se retrouver quadruplée. Ce qui impliquait que plus le temps ralentissait, plus sa propre énergie déployée augmentait de façon exponentielle. Il se promit de tester cela très doucement, les dégâts pouvant se révéler plutôt importants. »

« Il éprouvait la sensation qu'une puissance supérieure s'asseyait derrière le pupitre de son cerveau sans sa permission afin de répondre à la moindre de ses demandes mentales, aussi absurdes soient-elles. »

« Un léger parfum d'amande se dégageait de ses cheveux. À ce moment précis, il se rendit compte que dans une situation normale, il aurait voulu que le temps s'arrête, selon l'expression consacrée, afin de profiter de cet instant à fond. Mais alors qu'il avait réellement la capacité de le faire, il considéra que de le vivre pleinement était mille fois plus intense. »
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Je remercie Romain Lebastard pour sa confiance ainsi que le site simplement pro.

Nous nous penchons aujourd'hui sur une histoire un peu particulière qu'il est difficile de classer. le synopsis laisse tout d'abord à penser à un roman fantastique avec les pouvoirs surnaturels. Mais on s'aperçoit bien vite que ce n'est pas que ça. le résumé, simple et très mystérieux laisse notre imagination se perdre dans des théories diverses et variés. Encore une fois, nous avons à faire à une oeuvre qui s'expérimente par elle-même et qu'il est dangereux de chroniquer tant l'intérêt se porte dans la découverte de l'histoire par soi-même.

Essayons toutefois de revenir le plus justement possible dessus.

Nous faisons donc la rencontre d'Archibald Delavigne, un homme célibataire enfermé dans une routine bien confortable. Entre le travail et le bar, tout est sous contrôle, et tant mieux pour lui. Ses petites habitudes sont une protection pour lui. Pour faire simple, il n'a rien d'un héros. Arch, c'est celui que nous croisons dans la rue ou au travail, sans lui porter aucune attention. Une sorte d'homme invisible.

Ces seuls compagnons sont Jean-Laurent et André. le premier est un alcoolique multipliant les remarques racistes et misogyne. C'est une figure qui va peut évoluer au cours du roman, mais qui reste intéressante quand il se dévoile, notamment en rapport à son « amitié » avec ses deux autres compères. C'est d'ailleurs très pertinent de le voir être plus que le personnage « punching-ball » du lecteur. Il n'a pas que vocation à être haï. Les lecteurs attentifs, et assez curieux pour plonger leur regard un peu plus loin que les apparences, verront qu'il porte sur ses épaules un mal-être, une tristesse, et peut-être même une folie qui peut toucher n'importe qui, pour peu qu'il manque de chose. Malgré sa personnalité détestable, qui ne s'excuse pas même si elle peut se comprendre, certains pourront avoir un petit pincement au coeur face au tournant que prend son existence au fur et à mesure des pages.

Le second est plus appréciable, et ce, dès le début de l'ouvrage. André est bien plus posé. Ami de longue date de Jean-Lo et d'Arch, il semble avoir plus de points communs avec ce dernier. Bien que sérieusement accro à l'alcool lui aussi, il reste plus mature, plus gentil et plus aimable que Jean-Lo. Son évolution se fera d'abord en arrière-plan de l'histoire, avant de s'entremêler à l'intrigue principale. C'est une figure qui a tout pour plaire, par son authenticité et ses qualités certaines.

Mais revenons à Archibald. Son aventure démarre lorsqu'un homme le rejoint au bar, alors qu'il est encore seul. Prénommé Lionel — et tout aussi alcoolique que les autres — le vieillard lui annonce qu'il lui donnera trois pouvoirs, accompagné un certain nombre de conditions et d'explications sur leur fonctionnement que nous n'aborderons pas ici pour garder le mystère. Notre protagoniste principal ne prend pas tout cela au sérieux. Pour lui, ce n'est qu'un poivrot parmi d'autres, excentrique et complétement fou. Pourtant, de retour chez lui, il comprendra bien vite que tout ceci est bel et bien réel.

Désormais, Arch possède la capacité de se téléporter, de stopper ou de ralentir le temps, et de consulter une sorte de base de données infinis surnommé « Big Brother » ou « BB ». À partir de ce moment-là, beaucoup de choses sont prévisibles dans les actions d'Arch. Il s'amuse tant avec ses pouvoirs, le temps de s'y habituer puis décide dans s'en servir pour faire ce qui lui semble juste. Camouflant son identité sous le déguisement de « l'Aviateur », il va tenter de faire tourner le monde à sa manière. Au passage, nous pouvons évoquer ici le personnage de Maria, chef de la boulangerie où Arch passe tous les jours, qui lui elle servira au cours du roman de « jauge ». Son opinion sur les actions de l'Aviateur va plus ou moins infléchir ses actions.

« Arch », n'est-il qu'un roman de super-héros classique ? Pas le moins du monde ! Romain Lebastard a plus d'un tour dans son sac, et au moment où vous penserez avoir fait le tour, il vous prouvera que vous aviez tort.

Dans beaucoup d'oeuvres sur le thème des « super-héros », le héros renfermé sur lui-même est peu courant. Lorsque c'est le cas, ces pouvoirs lui donnent soudain une force et une confiance en soi dépassant les limites de l'imaginable. Ce n'est pas tout à fait le cas pour Archibald, même ce dernier va essayer de s'en convaincre. Et c'est la toute la subtilité du personnage. Il va tenter d'être cette figure du super-héros de comics sans vraiment y parvenir. Certes, il va gagner n'assurance, jusqu'au point de vouloir imposer sa vision des choses. Mais son côté maniaque, un peu seul et un peu perdu continuera de tacher son existence, le rendant authentique et vrai. Sans compter qu'il ne reste pas moins un homme, et donc il n'est pas invincible. À plusieurs reprises, il se heurtera à des visions différentes, à des hommes et des femmes expérimentés qui n'hésiterons pas à la détruire et à lui faire comprendre que « faire justice », ce n'est pas juste arrêter les méchants.

Les convictions d'Arch vont peu à peu être ébranlé par le déroulement des événements. Les quelque trois cents pages semblent énormes quand on découvre le postulat de départ, mais au fil de son écriture, Romain Lebastard nous plonge dans un univers de plus en plus complexe, fait de rebondissement, de petites choses qui s'ajoutent au fur et à mesure. Les enjeux se multiplient sans cesse, nous accrochant plus encore. Au final, on se laisse emporter dans l'univers de l'écrivain, curieux, sentant que quelque chose d'unique nous attend tout au long de ce voyage.

D'un point de vue plus formel, l'écriture est très « douce ». Les phrases sont pour la plupart assez longues, ce qui ralentit de manière conséquente le déroulement de l'histoire. C'est un roman à lire au chaud, avec une bonne tasse, affalé sur son canapé. le côté poétique du texte rend la lecture agréable, et permet de faire passer un certain nombre de débats, de questionnements philosophiques sur la notion de justice et d'égalité sans pour autant dériver sur un discours moraliste imbuvable.

Pourtant, l'auteur n'a pas seulement traité le thème du gars qui reçoit des pouvoirs et qui se pose des grandes questions philosophiques sur le sens de la vie — même si cela reste intéressant. Beaucoup de ses interrogations tournent autour de lui-même, de ses valeurs, de ses sentiments, de l'amour et de l'amitié. On se sent réellement proche de lui.

Les descriptions sont justes et précises, sans être lourdes. Quelques passages sont coupés de manière peu commune, notamment en s'arrêtant au milieu d'une phrase, ce qui donne un côté très filmique. Comme des scènes qui s'enchaînent au cinéma, les passages se suivent dans un rythme contrôlé. C'est d'ailleurs un des gros points positifs d' « Arch » : le tempo est géré de A à Z, portant le lecteur à chaque étape.

N'oublions pas non plus les répliques humoristiques parsemées dans tout le récit. Si ce n'est pas une comédie, il peut arriver que l'on sourit face à une remarque ou une pensée bien placée, apportant une autre pointe de légèreté.

Romain Lebastard nous offre donc un véritable équilibre entre réflexion et aventure. Un cocktail maîtrisé, pertinent, le tout porté par une plume singulière. Si les thèmes abordés l'ont déjà été auparavant, leur traitement est unique. Il y a de très bonnes idées, des rebondissements surprenants et des remises en question constantes. Encore une fois, c'est une oeuvre à part qu'il faut expérimenter par soi-même.

Quant à la fin, elle est très belle. Même si elle porte une forme de mélancolie, voire de tristesse, elle est représentative d'Arch, de son évolution de ce qu'il sera bien après les pages de son histoire. C'est une fin pour le lecteur, mais pas pour lui, pas tout à fait. On ressent que sa vie a pris un tournant réel dans les dernières lignes, et même si ce n'est pas forcément ce que le lecteur attendait, il ne pourra que se plier, espérant que tout ira bien pour son anti-héros favori devenu, l'espace d'un instant, un ami.
Lien : https://loeildopi.wixsite.co..
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Mon retour feutré tout en délicatesse et pondération sur "Arch" de Romain Lebastard.

Avec ce roman utopiste, l'auteur a choisi de traiter un sujet que j'ai traité dans une nouvelle - quoique de façon totalement différente : que ferait un homme normal s'il recevait des pouvoirs quasi divins.
Passons vite fait sur la forme : c'est un bouquin franchement bien écrit, sans le genre de formules maladroites et prosaïques que j'ai pu lire dernièrement chez des autoédités. Mention spéciale aux descriptions, très bien faites ; les meilleurs passages du bouquin, selon moi. Je sais que c'est quelque chose que la nouvelle génération de lecteur n'aime pas, les descriptions ; tout ce que veut cette génération, c'est des aphorismes et des dialogues. C'est d'ailleurs par le manque de vie dans les dialogues que pèche ce livre. Il en résulte un certain déficit de caractérisation des personnages, qui manquent pour la plupart de profondeur. le personnage de Lionel, entre autres, aurait pu être un personnage beaucoup plus excentrique et développé. Quant à Arch, j'ai déploré que l'auteur n'ait pas un peu plus forcé sur le côté loser.
C'est aussi un sentiment que j'ai eu tout au long du récit : celui que l'auteur n'avait pas exploité à fond son idée de base. C'est donc un peu trop sage pour remporter franchement mon adhésion.
Mention bien à la fin.

Trois étoiles tout de même, biscotte j'ai passé un bon moment et que je n'ai été à aucun moment gêné par un style amateuriste. C'est assez rare pour être souligné.
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J'ai passé ces deux derniers jours avec Arch, de Romain Lebastard et ce fut un excellent moment.

Tout d'abord, il faut dire qu'il y a une vraie écriture, recherchée, avec des phrases construites, pas trois mots jetés de ci de là comme il semble que ce soit la mode actuellement. Ça n'empêche que l'auteur sache faire des phrases courtes, mais au bon moment. Tout comme il sait modifier subtilement son vocabulaire, l'utilisation des temps et de la syntaxe pour faire ressentir les changements d'humeur de son personnage, le fameux Arch(ibald).

L'histoire, c'est celle d'un jeune homme un peu craintif, qui a du mal à sociabiliser et reste donc enfermé dans une solitude relative, avec deux potes de beuverie, précédemment amis d'école, car il faut bien, quand même, décrocher de la journée de travail le soir venu. Jusqu'au jour où un inconnu vient lui offrir des pouvoirs presque dignes d'un dieu.
Pourquoi lui et pour quoi faire ? Ce sera à lui de découvrir et décider comment utiliser ces pouvoirs.

Évidemment, sans trop en révéler de cette histoire fort bien ficelée, on peut déjà dire qu'elle s'intéresse au pouvoir. Comment le pouvoir, de quel type qu'il soit, change les hommes. Et la question fondamentale de la nature profonde de l'être humain se pose alors : est-il bon ou mauvais par nature, ou cela dépend-il de son vécu et des circonstances ? (bon, j'ai revu le débat Chomski / Foucault juste avant, je crois que la chronique est influencée 😂). Ce qui est certain, c'est que même si j'ai regretté parfois un certain manichéisme chez les personnages qui entourent Arch, j'ai apprécié la subtilité avec laquelle lui-même et les changements qu'il subissait étaient amenés par le texte.

Un roman à découvrir et un auteur à suivre ! J'espère qu'il a d'autres histoires en route !
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
le bonheur ? Et lui ? Y avait-il droit ? Il s’y était refusé depuis si longtemps, tant pour eviter de s’engager que prendre le risque de faire souffrir une potentielle partenaire. Qui voudrait vivre avec un reclus, un solitaire qui ne faisait que lire et sa saouler, préférant le silence aux conversations ? Les choses avaient changé désormais, mais ses démons profonds étaient toujours là, vicieux et insidieux prêts à lui sauter à la gorge dès qu’il serait trop heureux. Il les sentait, tapis au creux de sa conscience, encantés de lui rappeler qu’il ne pourrait jamais connaître le bonheur et encore moins en procurer à quelqu’un. (page 133)
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Le fantôme de son passé. Ce maton intérieur armé jusqu’aux dents de craintes imbéciles et de réserves inutiles venait de se prendre les pieds dans le tapis, laissant une échappatoire à Arch. Un faible rayon de soleil qu’il entr’apercevait furtivement entre les brumes de son existence. (page 116)
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