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Gwenc'hlan Le Scouëzec (Autre)
EAN : 9782020066976
232 pages
Seuil (30/09/1984)
4.15/5   13 notes
Résumé :
Comment peut-on être breton ?
La démocratie française existe-t-elle ? Ou bien nous a-t-on leurrés : le mot France et le mot démocratie sont-ils même compatibles ? Telle est l'autre face d'un problème que Morvan Lebesque entreprit d'exposer, parce qu'il l'avait vécu dans son cœur, celui de la bretonnité. La France et la Bretagne peuvent-elles aller de pair ? Comment peut-on être français ? Du récit de son enfance nantaise, de la honte et de l'honneur d'être br... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Morvan Lebesque, de son vrai nom Maurice Lebesque, ancien chroniqueur du Canard enchaîné, était un journaliste et essayiste breton né à Nantes en 1911 et disparu en 1970.
Ecrit pendant les évènements de Mai 68, Comment peut-on être breton ? est un essai politique.
C'est de ce texte qu'est tirée la célèbre chanson de Tri Yann : La découverte ou l'ignorance.

Toute la question est posée ici. Pourquoi se revendiquer breton et qu'est-ce qui nous définit comme tel ? « La Bretagne n'a pas de papiers. Elle n'existe que dans la mesure où, à chaque génération, des hommes se reconnaissent bretons. »
Mais Comment peut-on être breton ? n'est pas réservé aux seuls Bretons, il comporte en réalité deux problématiques : la découverte - ou la redécouverte - de notre identité bretonne - ou de toute autre identité régionale, mais surtout, il s'agit d'un essai politique sur la démocratie, mettant en lumière « l'exception » française. Morvan Lebesque reproche à l'Etat français, qu'il soit monarchique, impérial ou républicain, d'avoir « assassiné » ses peuples en les formatant tous au même moule : le modèle de référence parisien. « Pour préserver son dogme centraliste, il censure la pensée et la culture de ses peuples. »
Pour Morvan Lebesque, la république que nous appelons démocratie a conservé une structure monarchique. Les vraies questions seraient finalement : Comment peut-on être français tout en restant soi-même ? La démocratie est-elle possible dans un Etat centraliste ?
Morvan Lebesque utilise la Bretagne et son aliénation culturelle comme cas d'école pour étayer sa thèse : l'Etat français, qu'il dissocie nettement du peuple français, a été par le passé et reste anti-démocratique.
Ce phénomène n'est pas réservé aux seuls Bretons mais à l'ensemble des peuples de France. « C'est pourtant pour lui [le lecteur non Breton] que j'écris, pour lui d'abord.» « Je suis vous, même si vous n'êtes pas Bretons, même si vous ne vous souciez pas de vos origines ou en avez perdu jusqu'au souvenir. »
Du particulier breton, il nous amène au général et enfin à l'universel.

Dans un chapitre autobiographique, il retrace son cheminement vers sa « bretonnité ». de son enfance nantaise où il ne se considérait pas breton au jour où, par hasard, il découvre une inscription sur un monument nantais An dianav a rog a c'hanoun : l'inconnu me dévore. Ces quelques mots gravés dans la pierre vont être une révélation, une prise de conscience. Il se rend alors compte que Jeanne d'Arc n'est pas sa bergère, que les rois de France ne sont pas ses rois, que ses ancêtres avaient leurs propres souverains. Il comprend que l'Histoire de France est l'Histoire de l'Etat français et non des français et que la Bretagne a non seulement sa langue, mais aussi son Histoire, une Histoire riche mais censurée.

Morvan Lebesque se réclame « breton, français et citoyen du monde ». Il réclame pour la Bretagne une ouverture sur le monde.
Amoureux de cette Bretagne qui l'habite, il peut parfois se laisser aller à des élans passionnés, il n'hésite pas à dénoncer, à condamner. « Parole assassinée », privation d'Histoire, folklorisme dans lequel on relègue la Bretagne : Bécassine, Botrel, Anne de Bretagne, du Guesclin, « biniouseurs »…
Il rêve d'une Bretagne moderne, libérée de ses archaïsmes et ses clichés réducteurs, entrant dans une nouvelle ère prospère et ouverte sur l'Autre et le Monde.

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"Comment peut-on être Breton? essai sur la démocratie bretonne", est un ouvrage clé pour tout citoyen se réclamant "Breton". Il est à mon sens un ouvrage qui vient en complémentarité des deux tomes "Histoire de la Bretagne et des Bretons" de Joël Cornette, du "Le Cheval d'Orgueil" de Per-Jakez Helias.
Il apporte les bases pour comprendre quelle est la bretonnité.
Cet ouvrage historique et ses quelques phrases de Morvan Lebesque, repris dans l'introduction d'une des chansons du groupe "Tri Yann", pose clairement les réflexions existentielles sur Le Breton dans sa condition d'être dans un Etat tel que la France.

Si certaines parties de l'ouvrage pose une théorie et des réflexions plus subjectives qu'objectives, les analyses et questionnements de Morvan Lebesque sont pertinentes!
A savoir être Breton, n'est pas simplement un citoyen né en Bretagne, il peut être une personne n'ayant jamais vécu dans ce pays mais... le reste est développé dans ce petit livre.

A lire!
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Morvan Lebesque n'est pas qu'une plume politiquement audacieuse qui nous surprend par ses aspirations à un fédéralisme anti jacobin, en défiance d'un état centralisateur. Rien que pour ça, il serait du meilleur goût de le relire en 2023, en pleine aspiration du peuple français à une meilleure démocratie.
Mais Morvan Lebesque c'est avant tout une plume qui s'est, selon lui, décrispée au contact d'une langue bretonne plus flexible et poétique que sa langue maternelle.
" Dès mon premier voyage, effarés de me voir soulever un problème d'autonomisme provincial, mes camarades nantais me déléguèrent l'aîné prestigieux afin, dirent-t-il, de" parfaire mon éducation". Par la grâce de l'âge, c'est lui que ma mémoire campe le plus fidèlement, attablé en face de moi devant une chopine de muscadet et m'exposant des arguments que je retranscris sans mérite : depuis 40 ans ils m'ont pas varié. Qu'est-il devenu, je ne sais, le bruit m'a effleuré de sa mort : de temps en temps j'envie cet homme qui passa probablement toute sa vie dans une grande idée simple."

Ce n'est pas juste une putain de belle écriture ça ???
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Une réflexion engagée et tonique sur l'histoire de Bretagne (souvent falsifiée par les Français) et sur l'identité bretonne. Un livre pour mieux comprendre la Bretagne et les bretons écrit par une des plumes historiques du Canard Enchainé.
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S'y trouve inclus le fameux texte mis en musique par Tri Yann, "la découverte ou l'ignorance" ;)
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critiques presse (1)
OuestFrance
18 décembre 2023
Le Nantais y raconte la prise de conscience de son identité bretonne, tout en dénonçant l’incapacité de l’État français à accepter le pluralisme culturel.
Lire la critique sur le site : OuestFrance
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
-"Qu'appelez-vous être breton? Et d'abord pourquoi l'être?"

Question nullement absurde. Français d'état-civil, je suis nommé français, j'assume à chaque instant ma situation de Français; mon appartenance à la Bretagne n'est en revanche qu'une qualité facultative que je puis parfaitement renier ou méconnaître. Je l'ai d'ailleurs fait. J'ai longtemps ignoré que j'étais breton. Je l'ai par moments oublié. Français sans problème, il me faut donc vivre la Bretagne en surplus ou, pour mieux dire, en conscience: si je perds cette conscience, la Bretagne cesse d'être en moi; si tous les bretons la perdent, elle cesse absolument d'être. La Bretagne n'a pas de papiers. Elle n'existe que dans la mesure où, à chaque génération, des hommes se reconnaissent bretons. A cette heure, des enfants naissent en Bretagne. Seront-ils bretons? Nul ne le sait. A chacun, l'âge venu, la découverte ou l'ignorance.
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"La bonne façon de connaître sa patrie, c'est de lui faire l'amour à vélo. À cheval sur un cadre point trop léger, les mains souqués aux deux mâcherons de cette charrue, les cuisses traçant le sillon mètre par mètre, sans hâte mais sans pareil, ménageant bien son souffle, on ressent le moindre accident de route que le pied même ne révélerait pas; la côte vous soulève dans un corps à corps loyal, la descente vous monte du bonheur au ventre; l'oeil ne perd rien sans avoir le temps de se lasser ; et puis, on est à hauteur royale, on voit les gens par leur fenêtre, au milieu de leurs toiles cirées et de leurs armoires, on devine dans l'ombre la photo des noces, les objets qui font une vie; on est le vagabond rapide qui vole un tutoiement ; on cueille aux portes des visages, des bras rouge de lessive qui se relèvent sur un front, un regard qui vous crie : arrête-toi ! Parce qu'il sait que vous passerez -je crois bien que j'ai rencontré 100 fois la femme de ma vie entre Nantes et Quimper. "

... Moi c'est bien simple, un mec qui écrit comme ça, c'est la bague au doigt direct.
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" Je ne puis servir les autres qu’en étant moi-même. Cela s’appelle la démocratie, qui n’est que l’ordre naturel des hommes."
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« Je découvris que j’avais une patrie. Et je sus ce qu’était une patrie. Quelque chose qui vous rend heureux. »
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