Cet épisode est le premier qui révèle la vulnérabilité du cambrioleur et son total sang-froid pour y remédier.
Pour un normand, c'est une balade à domicile, Rouen, Darnétal ... et dans le passé : les chemins de fer, les ralentissements dans les tunnels...
Et surtout c'est un vibrant hommage à l'automobile :
"Ah ! j'avoue qu'en roulant sur les boulevards qui ceignent la vieille cité normande, à l'allure puissante de ma trente-cinq chevaux Moreau-Lepton, je n'étais pas sans concevoir quelque orgueil. le moteur ronflait harmonieusement".
Qu'est-ce qu'une Moreau Lepton?, l'association d'un fabricant d'automobile et d'un styliste de luxe (Lupin oblige)? Difficile de savoir, il reste peu de traces hormis cette carte de visite... Un peu comme sur le lieu du forfait après le passage du héros...
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Récit intéressant où le célèbre escroc se fait voler ses papiers dans un train et où ça prend un certain temps avant que le lecteur sache si le narrateur (qui s'est fait voler) est Arsène Lupin ou si c'est celui qui l'a volé qui est le gentleman cambrioleur. La manière dont Lupin utilise ensuite les témoins et les autorités pour retrouver ses choses et n'être jamais soupçonné de fausse identité est vraiment divertissant.
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Au début j'ai eu du mal à suivre le cheminement de l'histoire, qui était qui, puis rapidement j'ai compris. Rebondissements, intelligence, fourvoiement, manipulation, tout y est... Je me suis prise au jeu et ai suivi l'enquête comme si je l'a mené moi même. Bravo pour ce tour de force !
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La veille, j’avais envoyé mon automobile à Rouen par la route. Je devais l’y rejoindre en chemin de fer, et, de là, me rendre chez des amis qui habitent les bords de la Seine.
Or, à Paris, quelques minutes avant le départ, sept messieurs envahirent mon compartiment ; cinq d’entre eux fumaient. Si court que soit le trajet en rapide, la perspective de l’effectuer en une telle compagnie me fut désagréable, d’autant que le wagon, d’ancien modèle, n’avait pas de couloir. Je pris donc mon pardessus, mes journaux, mon indicateur, et me réfugiai dans un des compartiments voisins.
Une dame s’y trouvait. À ma vue, elle eut un geste de contrariété qui ne m’échappa point, et elle se pencha vers un monsieur planté sur le marchepied, son mari, sans doute, qui l’avait accompagnée à la gare. Le monsieur m’observa et l’examen se termina probablement à mon avantage, car il parla bas à sa femme, en souriant, de l’air dont on rassure un enfant qui a peur. Elle sourit à son tour, et me glissa un œil amical, comme si elle comprenait tout à coup que j’étais un de ces galants hommes avec qui une femme peut rester enfermée deux heures durant, dans une petite boîte de six pieds carrés, sans avoir rien à craindre.
Son mari lui dit :
— Tu ne m’en voudras pas, ma chérie, mais j’ai un rendez-vous urgent, et je ne puis attendre.
Il l’embrassa affectueusement, et s’en alla. Sa femme lui envoya par la fenêtre de petits baisers discrets, et agita son mouchoir.
Mais un coup de sifflet retentit. Le train s’ébranla.
L’aspect du nouveau venu cependant et son attitude eussent plutôt atténué la mauvaise impression produite par son acte. De la correction, de l’élégance presque, une cravate de bon goût, des gants propres, un visage énergique… Mais, au fait, où diable avais-je vu ce visage ? Car, le doute n’était point possible, je l’avais vu. Du moins, plus exactement, je retrouvais en moi la sorte de souvenir que laisse la vision d’un portrait plusieurs fois aperçu et dont on n’a jamais contemplé l’original. Et, en même temps, je sentais l’inutilité de tout effort de mémoire, tellement ce souvenir était inconsistant et vague.
Or, à Paris, quelques minutes avant le départ, sept messieurs envahirent mon compartiment ; cinq d’entre eux fumaient. Si court que soit le trajet en rapide, la perspective de l’effectuer en une telle compagnie me fut désagréable, d’autant que le wagon, d’ancien modèle, n’avait pas de couloir. Je pris donc mon pardessus, mes journaux, mon indicateur, et me réfugiai dans un des compartiments voisins.
La jeunesse d'Arsène Lupin Cagliostro