Il en est des livres comme du vin : certains, en vieillissant se bonifient, tandis que d'autres se transforment en affreux vinaigre. Si des ouvrages comme Les trois mousquetaires, Orgueil et Préjugés ou Anna Karénine (pour arrêter là l'énumération) appartiennent indéniablement à la première catégorie,
L'île aux trente cercueils relève malheureusement de la seconde.
L'ouvrage, publié en 1919, a très mal vieilli. A l'époque il a sans doute été reçu comme un excellent livre, plein de mystères, de rebondissements, de surprises et de mille et une choses merveilleuses et fantastiques, un siècle après sa parution, ce qui était incroyable est devenu absolument pas crédible, et l'ensemble est aussi agréable qu'une bière tiède.
Le style de
Maurice Leblanc se complaît dans l'excès, au point que les personnages en deviennent caricaturaux (un méchant horriblement méchant, un fils qui ferait passer les héroïnes de la comtesse de Ségur pour des ingrates sans coeur, et une mère qui pourrait en remontrer à la Vierge Marie en matière d'amour maternel). le scénario de l'intrigue est épouvantablement emberlificoté et on n'y trouve pas plus de réelle énigme policière que de verglas en Guadeloupe ...
Et l'ouvrage n'a même pas le charme de ceux de son époque, qui nous plongent dans l'atmosphère d'alors et nous font agréablement voyager dans le temps.
Alors gardez votre argent - et votre temps ! - pour des livres qui en valent vraiment la peine.