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Critique de BazaR


Tiens je vais vous raconter mon rêve.
Je me balade sur un chemin de halage en bord de Seine et je croise trois vieux décrépis qui me fixent avec un air méchant. Pas difficile de les reconnaître.
Jules César grignote sa couronne de lauriers, Charlemagne prend sa barbe blanche pour un doudou et Louis XIV peigne sa perruque.
— Ah enfin ! s'écrit Jules.
— Tu nous auras fait attendre ! s'égosille Charles.
— J'en ai raccourci pour moins que ça ! invective Louis.
— Plaît-il ? m'exclame-je. C'est à moi que vous parlez ?
— Huit ans ! Tu nous as fait poireauter huit ans ! hurle Jules.
— Heu ?
— Et bouché en plus ! marmonne Charles. Tu n'aurais pas lu L'aiguille creuse récemment par hasard ?
— Ah, ben oui, dis-je. Et comme par hasard je tiens le livre dans ma main.
— Ton esprit sclérosé devrait quand même faire le rapport avec nous, conjecture Louis.
— Hé bien maintenant que vous le dites…
— Tous les trois nous apparaissons à tous les lecteurs de ce roman, affirme Jules. Il s'agit de vous empêcher de dévoiler son secret.
— Ah vous voulez parler de…
— Chhhuuuuttt ! Mais tu es malade ! s'emporte Charles.
— Vous voulez dire que c'est vrai, tout ça ?
— Quoi, tu crois qu'il s'agit d'une thèse complotiste ? moque Louis. Un grand pays doit avoir de grands secrets qui se transmettent de bouche de roi à oreille de roi.
— Ou de roi à Président, ajoute Jules.
— Peuh ! Républicain ! méprise Louis.
— C'est une drôle de façon de dévoiler des secrets au public, tente-je. Sous cette forme romancée, les gens ne peuvent pas y croire.
— Nous avons forcé Maurice Leblanc à revoir sa copie. Il voulait écrire un article de journal au départ, déclare Charles.
— Et comment l'a-t-il appris ? questionne-je.
— Tu l'as lu. C'est notre dernier héritier, Arsène Lupin, qui le lui a dit, affirme Jules. Celui-là, avec sa mégalomanie, il nous a toujours causé du soucis.
— Et vous trois vous y entendez en mégalomanie, ris-je.
Je vois leurs faces devenir rouge genre ballon prêt à éclater. Rêve ou pas, ils font quand même un peu peur.
— Enfin cela dit ce livre met surtout en avant les capacités déductives du jeune Isidore Beautrelet. Ce lycéen s'avère un adversaire de taille pour Lupin. C'était un plaisir de suivre son chemin de pensée.
— Peuh, répète Louis. Beautrelet a seulement de bonnes capacités à recueillir les indices que Lupin a bien voulu lui laisser afin de lui permettre de trouver les solutions qu'il souhaitait lui voir découvrir.
— Je n'ai pas bien compris là.
— Il veut dire que Lupin a manipulé Beautrelet de bout en bout, pointe Jules. Comme il manipule tout le monde. C'est toujours le marionnettiste.
— Pourtant, à la fin, quand…
— Chhhuuuuttt ! Mais tu es malade ! s'emporte Charles.
— Cette fin n'est pas Lupinesque ! atteste Louis.
— Oui, confirme-je. Je n'ai pas trop aimé.
— Ah ! (tous en choeur)
— Mais c'est bien la seule chose que je n'ai pas aimé. L'enquête est passionnante avec sa profondeur historique. le décor début 20ème siècle dépaysant, avec cette cohabitation de voiture à cheval et automobile et ces bacs pour traverser la Seine. Et on se déplace beaucoup en France ; j'ai lu le roman avec un oeil ouvert sur le Guide de la route du Reader's Digest.
— Nous n'avons que faire de tes sentiments, méprise Louis. Nous sommes seulement là pour nous assurer que tu ne dévoileras rien, et surtout pas dans ton billet Babelio.
— Oh rassurez-vous, tranquillise-je. Je ne dirai pas que l'aiguille est…
— Chhhuuuuttt ! Mais tu es malade ! s'emporte Charles.
— Oups, la boulette à un poil prêt, désolé.
— Nous avons bien fait de venir, soupire Jules.
— Tu vas te réveiller maintenant, mais sache que nous gardons un oeil sur toi, menace Louis. Un raccourcissement te ferait du bien.
Et là-dessus ils disparaissent et je me réveille effectivement, un peu inquiet, avec cette impression d'épée de Damoclès au dessus de la tête.
Ça n'était qu'un rêve.
Pas vrai ?
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