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EAN : 9782848111360
352 pages
Editions des Falaises (01/01/2011)
3.83/5   6 notes
Résumé :
Si les aventures d´Arsène Lupin sont souvent peuplées de nombreuses figures de jolies femmes, l´amour y est toujours très éthéré puisque l´éditeur Pierre Lafitte souhaitait pouvoir mettre ses ouvrages entre toutes les mains. En revanche, le Gil Blas dans lequel Leblanc entama sa brillante carrière en 1892, s´était fait une spécialité des contes "légers."

Et c´est pourquoi, Une femme, premier roman de Maurice Leblanc, qui y parut en feuilleton à partir... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
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Je change de mes thèmes de lectures habituels. Puisque Arsène Lupin semble revenir à la mode, je me suis souvenu que j'avais lu un livre rencontré par hasard sur le site LitteratureAudio.com, dit par une donneuse de voix que j'appréciais.
Il s'agissait du premier roman de Maurice Leblanc, le célèbre auteur d'Arsène Lupin. Ce récit parut en feuilleton en 1893, dans « Gil Blas » spécialisé dans les récits dits « légers ». La bourgeoisie bien pensante de Rouen le trouva bien osé à l'époque…
La voix claire de la lectrice, "Pomme" est son pseudo, s'est surpassée dans la lecture de cette histoire d'une femme du monde au 19e qui va tomber progressivement dans la luxure.

Lucie Ramel, une jeune fille de bonne famille, épousa Robert Chalmin, le premier homme à s'intéresser à elle. Tout se passait bien dans ce couple sans histoire s'il n'y avait pas eu une ombre dans la vie de Lucie : elle s'ennuyait.
Elle eut un fils et se consacra entièrement à lui. À force de soin le garçon se remit d'une santé chancelante. Elle n'éprouvait plus de tendresse pour son mari, leurs plaisirs ne l'attiraient plus. le mariage durait depuis cinq ans, sans joie, sans amusement et émotions. Lassée par cette vie, délaissée, elle voulait exister pour elle-même, se sentir aimée.
Elle se savait jolie, le corps élégant et ferme, des lignes exquises. Elle s'était aperçue qu'elle plaisait aux hommes et exerçait sur eux une séduction.
« Les années s'accumulaient, bientôt sonnerait la trentième. Elle atteignait au point culminant de sa carrière féminine. Sa jeunesse s'épanouissait (…) Une sève ardente gonflait sa chair. Ne devait-elle pas marquer cette période de suprême beauté par une abondante moisson de suffrages ? »

Elle devint provocante. Son parrain, un homme âgé qui la désirait depuis longtemps fut son premier adultère. Pourquoi serait-elle une exception par rapport aux autres femmes ? L'envie de prendre un amant grandissait en elle. Elle voulait se distraire…
« Il lui fallait des yeux d'homme, des yeux encore où luirait un éclair d'admiration, des lèvres qui chanteraient ses louanges, des mains qui frémiraient au contact de sa peau. »

Une irrésistible force l'entrainait vers la chute. « À quoi me sert d'être bien faite ? »
Sa chair méritait des satisfactions. le premier amant fut trouvé : un représentant en cuir avec lequel elle s'abandonna. « J'ai un amant, enfin j'ai un amant. » Une nouvelle vie de femme s'ouvrait devant elle. Elle ne revit jamais ce premier amant.
Elle s'embarqua dans des histoires extravagantes pour justifier ses sorties auprès de son mari. Elle ressentait une volupté agréable en étant pourvue d'un mari et d'un amant.

La suite du livre n'est qu'une longue descente aux enfers.
Chaque nouveauté masculine lui procurait une gaieté naïve. Elle acceptait même parfois de se vendre par amour. Cette vie la passionnait, au point de donner de l'argent à ses amants dans le besoin. On lui demanda : « Pourquoi donc avez-vous des amants ? ». Elle répondit : « C'est plus fort que moi, c'est si amusant ! ».
« Elle ne discernait plus la valeur de ses actions. Elle ignorait absolument sa déchéance. Dans la rue, dans un lieu public, elle comptait ceux qui l'avaient possédée, et de leur quantité souriait fièrement. »
Ainsi, aux Deux-Oeillets, le patron la saluait comme une habituée. Elle entendait les bonnes chuchoter : « Voilà la dame du 3 ». Son salut exigeait un appartement privé, qu'elle trouva dans un coin tranquille. Ce fut un défilé de types les plus disparates. Elle se livrait toujours avec la même gaieté en assouvissant ses désirs.
« Et toujours il en venait d'autres. Elle vivait dans une sorte d'inconscience, d'état hypnotique. Elle était heureuse. C'était la folie de l'adultère, une démence où jamais ne la quittait son sang-froid, où jamais elle n'oubliait ses sages calculs. »
Son bonheur dans la débauche n'avait plus de limite.
Elle tomba enceinte. Après un avortement clandestin en frôlant la mort, son lent calvaire se termina.

Comment aurait-elle pu reprendre sa vie dissipée d'autrefois ? Ses anciens amants médisaient sur sa conduite. Elle combattit la médisance par des visites et des politesses. Son mari la retrouva, comme inchangée. Son passé lui laissait un sentiment de plénitude. Aucun regret ne la perturbait. Au bal, parfois, elle dansait, indifférente, avec des hommes qui l'avaient possédée. Elle avançait insensiblement vers la vieillesse. Lentement, son corps s'alourdissait, sa beauté se fanait.
Elle se mit à fréquenter les églises. Sa religiosité s'accentua au point de ressentir le besoin de confesser ses péchés. Elle s'affranchit d'abord de ses péchés quotidiens puis, lorsque l'homme d'église lui dit « C'est tout ma fille ? », toute sa vie d'adultère fut dévoilée après de longues interrogations du prêtre, atterré. Il lui donna l'absolution.
La confession l'avait soulagée. Une sorte de grâce finit pas s'installer en elle, confortée par le décor intime de sa famille. Une rédemption.
Elle rêvait d'un bonheur se prolongeant indéfiniment…


Comment ne pas penser parfois à Flaubert et sa « Madame Bovary ».
J'ai apprécié la lecture de ce livre très bien écrit. le futur auteur d'Arsène Lupin se surpassa pour un premier livre. Il rencontra un certain succès malgré la réprobation bien-pensante de l'époque.

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Un régal...

Ce roman de jeunesse de Maurice Leblanc, longtemps épuisé, est un vrai régal pour qui, comme moi, apprécie particulièrement l'oeuvre de Maurice Leblanc.

Ici, pas de Lupin ; pas encore...

C'est juste une histoire simple, de province. Celle de Lucie, mariée à Robert Chalmin, qui découvre peu à peu - mais finalement assez rapidement - les (quelques) joies et les (nombreuses) affres du mariage bourgeois au début du siècle dernier.

Deux choses m'ont marqué dans ce livre : l'exceptionnelle complément d'Une femme avec Madame Bovary (ceux qui ont opposé ces deux livres n'ont rien compris, Leblanc rend ici à sa façon un hommage à Flaubert) mais surtout, cette écriture si travaillée, si fluide que c'en est un régal à chaque page.

Pour la petite histoire, Une Femme restera longtemps dans l'oubli, l'éditeur de Leblanc ayant tout fait pour pousser son "poulain" vers un style plus populaire. Avec le succès que l'on sait...

Les amateurs de Lupin seront déçus : pas d'intrigue, de mystère, de rebondissements... Ceux qui apprécient les beaux textes se régaleront. Les spécialistes (Derouard), pensent qu'Une Femme reflète bien le véritable style littéraire de Leblanc. Dommage qu'il n'ait pas poursuivi dans cette voie...
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Le monde à Rouen remarquait fort les assiduités de Robert Chalmin auprès de Mlle Lucie Ramel. De fait, à trois bals successifs, il s’inscrivit lui-même sur son carnet pour plusieurs danses, la conduisit au buffet, politesse audacieuse, et trouva moyen de souper à ses côtés. Et ils parlaient tout bas, d’un air entendu, comme s’ils eussent eu quelque chose à se dire. En outre, un soir, au théâtre, il passa les entr’actes des Huguenots dans la loge de Mme Ramel et de sa fille. Le monde estima les fiançailles imminentes. Cette union ne lui déplaisait point. D’abord elle réunissait les conditions requises : la différence d’âge réglementaire, l’égalité des fortunes et des situations sociales. Puis elle attestait que, chez lui, on s’épouse par caprice, au besoin. Il en savait gré aux deux jeunes gens, et les couvait d’un œil attendri. Leur intrigue dénotait l’existence d’un sentiment joli, aimable, gracieux, non suspect d’exagération passionnée, ce qui eût paru choquant. C’était juste la dose de poésie permise, assez pour troubler deux cœurs, pas assez pour les bouleverser.
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L’habitude de la considérer comme une enfant l’empêchait d’y songer. Maintenant elle se rappelait sa propre surprise, lors de son dernier séjour au bord de la mer. Elle avait laissé l’année précédente une gamine, elle retrouvait une petite femme réservée, travailleuse, d’allures discrètes.
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Robert étant le premier homme qui pût approcher d’elle, elle fut naturellement portée à le juger supérieur aux autres. Surtout, elle se sentait pour celui qui l’arrachait à son milieu morose des élans de reconnaissance qu’elle appelait volontiers de l’amour. En compensation à sa vie monotone, elle s’imaginait un avenir gai, riant, libre. Ces rêves accroissaient la somme d’affection dont elle disposait, et Robert en recueillait le bénéfice.
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Après cette grossesse où leurs lèvres s’étaient déshabituées des baisers éperdus, ils n’éprouvaient pas cette crise de désirs qui jette souvent les jeunes époux aux bras l’un de l’autre. Ils espacèrent leurs caresses. Somme toute, il n’y eut ni querelle, ni aigreur, aucun symptôme qui les avertît de ce nouvel état de choses, rien que la transformation lente et inévitable que subissent les sentiments les plus fermes.
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Elle était brune et de petite taille. Sa physionomie, un peu insignifiante au repos, avec son nez en l’air, sa bouche sans dessin précis, son regard sans éclat, prenait en souriant une certaine vivacité, due à la blancheur de ses dents et aux fossettes qui trouaient ses joues et son menton. La peau était mate, les lèvres rouges.
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