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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ru est gigantesque. Endormie depuis des temps immémoriaux, on la prenait pour une chaîne de montagnes. Puis elle s'est levée. Puis elle est tombée. Échouée près d'une plage, elle a écrasée au passage toutes les habitations côtières.

Comment les humains ont-ils eu l'idée saugrenue de peupler sa carcasse ? Cela reste un mystère. Leur soif de conquête, leur désir de vengeance, leur tendance à se comporter en parasite et à exploiter tout ce qui peut l'être ?

Toujours est-il que désormais, Ru est hybride. Mi-créature, mi-pays. S'il aurait été de bon ton de se demander quel avenir considérer lorsqu'on décide de vivre dans des chairs vouées à la décomposition, une autre voix se propagent de plus en plus chez les scientifiques. Ru serait vivante, et tôt ou tard elle cherchera à se relever.

Plusieurs portes nous permettent d'entrer dans cette cosmogonie hallucinante : le jeune Y, venu de l'extérieur au péril de sa vie; Agathe dont la conscience politique s'éveille quand ses études la poussent à sortir du cocon privilégié dans lequel elle a été élevée; Alvid, cinéaste à la recherche de son mari, le célèbre chanteur Sandro Kostas, disparu mystérieusement alors qu'il s'était rendu dans Ru pour un concert.

Il s'agit d'une oeuvre engagée et moderne qui ne lésine pas sur les références appuyées à notre époque. Camille Leboulanger incite l'humain à l'humilité et à la réflexion sur sa place dans le monde, le tout sans négliger les combats sociaux qui nous agitent. On appréciera également la représentativité plurielle et inclusive offerte par l'éventail de personnages choisis par l'auteur pour porter son roman.

Beaucoup de qualités, donc. Pour être tatillonne j'aurai préféré un peu plus de subtilité dans les références et une plume au caractère plus marqué, mais cela restera à l'appréciation de chacun.
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Quelle lecture étrange et envoutante. Il y a de nombreuses metaphores dans cette histoire. Metaphore sociale avec la société de contrôle et la revolte qui gronde. Mais aussi l'homme vu comme un parasite. Et enfin la metamorphose voulue ou subie lorsqu'on cherche la verité.

Comment se passe la vie dans le cirps d'un monstre géant? Une societé inegalitaire s'y est installée, et a betonné une partie du corps. Nous suivons les destins de plusieurs personnages qui prennent des chemins de traverse. Et, sans vouloir spoiler, il va falloir tout reconstruire sur de nouvelles bases.

Dystopie, puis utopie, ce roman est un voyage étrange et déroutant dans un autre monde. Il questionne le nôtre…
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Comment habiter Ru ? Ou comment la métaphore science-fictive combattante invite à interroger nos anciennes manières, encore beaucoup trop présentes hélas, d'habiter la Terre. Une redoutable expérience de pensée conduite en thriller socio-scientifique.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/06/05/note-de-lecture-ru-camille-leboulanger/

Publié chez L'Atalante en mars 2021, le quatrième roman de Camille Leboulanger commence comme un récit terriblement contemporain, comme la mise discrète en fiction de ces convois souvent mortuaires qui hantent les mers, en Méditerranée ou en Atlantique, lorsque des réfugiés aux abois tentent de rejoindre, quel qu'en soit le prix – le plus souvent extrêmement élevé, à tous points de vue -, quelque terre promise, le plus souvent la forteresse Europe dans le monde réel : c'est ce chemin de larmes-là que mettent en fiction de manière si juste et si poignante le « La nuit nous serons semblables à nous-mêmes » d'Alain Giorgetti ou le « le dernier voyage de Sindbad » d'Erri de Luca, ou que viennent documenter de près le « La Loi de la mer » de Davide Enia ou le « En mer, pas de taxis » de Roberto Saviano.

Ici, la terre promise, celle sur laquelle s'échoue vivant, de justesse, le protagoniste amnésique Y, qui sera bientôt, d'autorité, renommé Youssoupha, s'appelle Ru. Et là, passées les douze premières pages de « Traversée », le roman s'installe avec force et fracas dans la grande – très grande – métaphore fantastique et science-fictive : l'île de Ru, à quelques kilomètres du rivage, est le cadavre d'une gigantesque créature (dont la taille s'évaluerait vite en dizaines de kilomètres) qui s'est effondrée là, quelques générations plus tôt, après avoir dévasté de son pas lourd les régions avoisinantes, et que des humains, constatant l'habitabilité de l'endroit et toujours aussi preneurs de terres, ont rapidement entrepris de coloniser intégralement.

On songera naturellement, dès ces premières pages, au magnifique travail réalisé entre 1984 et 2014 par le si regretté Lucius Shepard avec son « Dragon Griaule » et l'entrelacement de nouvelles voire de romans courts qui prenaient place dans le cadavre minéralisé (mais l'était-il vraiment ?) d'un ancien dragon particulièrement maléfique, dont les influences psychologiques, longtemps après sa mort, continuaient régulièrement de hanter sournoisement les humains qui vivaient là. Mais bien au-delà de cette ressemblance aussi évidente que finalement superficielle, la métaphore travaillée en profondeur par Camille Leboulanger au long de ces presque 300 pages est tout autre. À travers les pérégrinations de Y, déjà nommé, de la rebelle gosse de riche Agathe qui deviendra Coré, égérie du mouvement contestataire appelé le Regard Rouge (pour des raisons ayant joliment trait davantage à la physique qu'à la politique), ou d'Alvid Persner, artiste cinéaste venu s'incruster in extremis dans un prestigieux festival officiel pour tenter de retrouver la trace de son mari Sandro Kostas, chanteur et musicien mondialement célèbre, mystérieusement disparu au coeur de Ru, en des lieux qui auront pour noms Université du Rein Gauche, Gare Occipitale, Foyer de la Paroi Intestinale ou encore Quartier Pariétal Droit, c'est bien toute une mythologie pratique des « Maîtres et possesseurs » que l'auteur nous invite à explorer et à tester contre certaines adversités en cours de développement.

Utilisant méticuleusement les ressources de l'expérience de pensée science-fictive (et de son travail inlassable des mondes en grand – Iain M. Banks, pour ne citer qu'un seul précieux exemple – ou des mondes en petit – pensons, tout récemment, au superbe « Mécaniques sauvages » de Daylon), n'hésitant pas (à l'image du grand Kim Stanley Robinson, dans « La trilogie martienne » bien entendu, mais sans doute davantage encore dans le trop méconnu « S.O.S. Antarctica ») à mettre en scène des discussions politiques et sociales, au risque, comme chez le maître californien, d'enchanter ou d'agacer lectrices et lecteurs selon leurs pentes préalables, Camille Leboulanger nous offre, sous le sceau de l'imagination – largement débridée pour amener à saisir l'impensable – et des métaphores subtilement imbriquées en plusieurs couches, une rare occasion romanesque de confronter la notion toujours à réinventer d'habiter le monde aux frénésies de domination capitaliste (qui masquent encore aujourd'hui plus ou moins habilement leurs avides tentations sous divers oripeaux sensibles ou anodins). Comment donc habiter Ru ? Et comment, de facto, habiter réellement le monde ?
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Ru, de Camille Leboulanger. Roman très étrange qui nous présente un inventaire de nombre de problématiques de société par le spectre des habitants de Ru, une sorte de gros dragon à six pattes échoué au bord de la mer. Oui, vous avez bien lu : toute une société habite dans le dragon – qui fait une taille faramineuse, probablement l'équivalent d'un département. Des villes sont donc construites dans la Tête, dans les Reins, les Cuisses, les Coeurs, etc. Mais cette situation – étrange – n'est presque qu'un prétexte pour aborder tous ces sujets de société (en vrac et de façon non exhaustive : immigration, équivalent Gilets Jaunes, justice, éducation, constitution, etc), sous les yeux de trois personnages qui sont parfois plus spectateurs qu'acteurs.
Au final, un livre très intéressant, bien écrit (j'ai largement préféré le style que dans le chien du forgeron que j'avais lu il y a quelques mois), mais quand même un peu perturbant : on a parfois un peu de mal à visualiser où on va, quel est l'objectif global. Mais probablement n'y en a-t-il volontairement pas, et est-on plutôt dans du témoignage et des pistes de réflexion que dans une volonté d'apporter des réponses à des sujets qui dépassent nos individualités – un peu comme Ru dépasse largement ses habitants et leurs problématiques.
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Ru est un roman effectivement organique et engagé. Fascinant, l'univers très original de l'auteur nous embarque complètement et illustre la société actuelle dans un reflet aussi réaliste que glaçant. Aux travers de trois destins, Camille Leboulanger nous parle d'immigration, de révolte, d'amour et de peur avec talent. Si la seconde moitié perd un peu en rythme, la lecture reste cependant passionnante et nous fait bouillonner de colère tout en distillant des touches d'espoir.

Critique complète sur yuyine.be!
Lien : https://yuyine.be/review/boo..
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J'attendais beaucoup de cette lecture, qui devait me permettre de faire mes premiers pas dans l'univers littéraire de son auteur ; dans l'optique d'un autre roman à paraître cet été.
Le résultat final est bon, quoique un peu mitigé par un ton parfois un peu trop didactique et direct ; mais sachant tout de même tirer le meilleur partie de la rage et de la pugnacité de l'auteur.
La couleur politique du roman et son envie d'aller chercher au delà de certaines évidences ont su finalement me séduire.
Hâte de continuer ma rencontre avec l'auteur et son travail.
Lien : https://syndromequickson.com..
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Ru démarre très fort ! D'abord un bateau de migrants et cette vision surréaliste d'une des pattes gigantesques de Ru. Rien que l'idée de dérouler une histoire, de construire des villes à l'intérieur d'un "monstre endormi", d'utiliser les artères et autres interstices organiques pour axes de circulation est simplement époustouflante et en ce qui me concerne du jamais vu. C'est une balade de société à l'intérieur d'un corps, bien que les repères soient différents, à commencer par le ciel rouge Ru, l'intérieur sonne comme l'extérieur avec ses administrations, ses préjugés, ses insoumis, ses travailleurs de l'ombre, ses inégalités et injustices, ses revendications (le reflux gastrique pourrait se nommer les gilets jaunes...),l'épée de Damoclès d'un possible réveil de Ru qui résonne avec notre urgence climatique... Tout y est ! Jusqu'aux Jours rouges...La reconstruction est toujours beaucoup plus difficile à inventer, une fois le slogan "Jamais plus" scandé se pose la question du jamais plus Quoi ? Nos héros pataugent (littéralement), se perdent, la question est comment (se) reconstruire et vivre ensemble dans cet environnement nouveau et non maîtrisé, comme avant ou autre chose? Pour cette deuxième partie du livre, plus laborieuse, Ru amorce des pistes mais nous laisse un peu sur notre faim...Ce qui est sûr, c'est que je vais suivre cet auteur avec grande attention, un imaginaire si vivant qui nous claque notre réalité de plein fouet, félicitations !
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