Cet ouvrage a été gagné par un membre de ma famille, mais il a aussitôt atterri dans mes mains, car tel un trou noir, j'absorbe tout livre qui passe dans mon horizon. Celui-ci a une curieuse histoire, puisqu'après plus de vingt ans de recherche pour le terminer, son auteur est mort dans un accident le lendemain de sa publication.
Ce livre relate l'histoire de l'abbaye d'Aulne, fondée au VIIème siècle et qui a survécu jusqu'au 14 mai 1794, date à laquelle elle a été détruite par les révolutionnaires français. Ça a été pour moi l'occasion de découvrir le rôle des abbayes au long de l'histoire : véritable plaque tournante de la région, elle fournit du travail aux habitants des alentours, prend en charge les pauvres et les indigents, sert à la fois de banque, de maison de retraite ou encore d'hôpital.
On se plonge agréablement dans la vie quotidienne de l'époque, avec les soucis d'argent, les contrats pointilleux qui indiquent combien de porcs fournir par année, quand les prendre et qui a le droit de les choisir, les procès et les doléances.
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Les premiers siècles du mouvement bénédictin voient se développer sous l'action de ses moines, de grandes exploitations. Par leur travail, ils transforment marécages et terres improductives en champs fertiles, ils améliorent les techniques de culture et les enseignent aux populations rurales avoisinantes. Très rapidement se crée un paradoxe : les moines qui pratiquent un idéal de vie austère et volontairement pauvres, s'enrichissent. En effet, les impératifs de cette vie d'ascétisme associés à la nécessité imposée par la Règle, du travail manuel, amènent une accumulation de ce que les moines produisent. Ils produisent beaucoup, consomment peu, et deviennent riches : en écoulant leurs surplus, ils entrent dans le secteur tertiaire des "chaînes de distribution", approvisionnent les marchés locaux, les villages proches.