La quête d'enfants perdus et seuls, entre Kiev et Vienne.
Le tome 1 de "Maldoror", c'est l'incroyable mésaventure d'un groupe d'enfants.
Piotr, Anja.
Avec "Maldoror", nous serons dans la fiction romanesque en Ukraine, ce lieu servira de toile de fond pour inspirer le charme d'un pays lointain.
Nous nous évaderons, les héros s'évaderont aussi.
Anja.
Née prodige du violon en Autriche, instruite, petite fleur brune, élégante, du milieu bourgeois et viennois.
Elle adore les trains grâce à une passion transmise par son père, éminent scientifique de son pays.
Piotr.
Né victime à Kiev, analphabète, qui a grandi dans un milieu ouvrier rude et sévère qui transpirera un mal-être social dont la frustration s'exprimera dans l'ivresse, une violence évacuée sur les plus fragiles des affamés.
Le pauvre Piotr décidera d'éviter cette fois les coups (d'un père) pour s'échapper du foyer familial et trouver une solution aux besoins de soins médicaux de sa grand-mère.
Il reviendra, donc (et il sera touchant de se dire que ce jeune personnage qui n'aura rien connu d'autre qu'un peu d'amour par ci avec la grand-mère et quelques coups par là, qui n'aura pas conscience qu'il existe autre chose que cette Kiev misérable, arrivera à compartimenter cette fois la violence domestique pour ne se concentrer que sur le cas de sa grand-mère mal en point. Une drôle d'habitude du foyer).
À la poursuite des parents d'Anja, à la recherche d'un médicament pour la grand-mère de Piotr, il était une fois Maldoror... L'aventure ne nous révélera pas sa véritable intention, de prime abord: Aventure, policier historique, fantastique?
L'auteur
Philippe Lechermeier nous allèchera un peu avec des zests de saveurs bien dirigés dans notre bouche, nous évoquera en quatrième de couverture des trains, un long voyage dans les pays de l'Est, une légende, des tyrans, du danger et un royaume secret: Maldoror.
Ça aura l'air d'avoir bon goût.
À nous de saisir l'invitation, de nous sentir petit à petit accroché, sensibilisé par la grâce d'Anja, inconsciemment pimbèche mais intrépide et à la rue ou par la fragilité et le coeur courageuse de Piotr qui aime les petites bêtes et saura s'en faire obéir (vous verrez).
Anja et Piotr ne se connaitront pas et vont se croiser dans les rues de Kiev. Les deux seront pris pour cible, tentant d'échapper à des adultes ou des enfants menaçants. Et Maldoror, dans tout ça?
Guérir la grand-mère et les poches trouées, pauvre Piotr.
Piotr, n'aura pas les moyens de ses louables ambitions, finira dans un foyer pour enfants délinquants, à la merci de gosses voleurs.
Gare à la bande de "Pharaon".
Le système du lieu nous rappelera une prison, avec ses bandes meneuses et leurs privilèges, les connivences avec des gardiens corruptibles, en échange de la garantie d'une apparente tranquilité dans les rangs (comptant sur une auto-discipline des plus forts, peu importe les moyens, hors champs de contrôle).
Piotr rencontre Anja.
Lorsque Anja se verra séparée de sa gouvernante avant d'embarquer dans le train prévu pour rejoindre ses parents, nous ne saurons pas encore si la tentative d'enlèvement à la gare aura un rapport avec les activités de son père ou à cause du violon que ce dernier venait de lui offrir, instrument qu'il paya une fortune aux enchères.
Toujours est-il que Anja, d'un milieu préservé mais finalement très débrouillarde, devra faire face pour la 1ère fois à une dramatique situation sans ses parents et sa gouvernante, un contexte auquel ses cours et ses concerts de violon ne l'auront pas préparé.
Et celui qui en voulait à sa personne (ou à son violon), l'homme à la moustache, ne la lâchera pas d'une semelle dans les rues.
Pourquoi elle, se questionnera t-elle?
C'est forcément intrigant, n'est-ce pas, jeunes lecteurs?
Et ce personnage à la canne est un vicieux obstiné qui s'ajoutera à la bande sadique de "Pharaon", ils corseront l'affaire, inspireront en plus que se promener librement dans les rues est compliqué pour des enfants sans se placer sous la protection d'adultes. Alors en plus si les adultes sont corruptibles...
Et ces prédateurs seront un peu persuadés que ni Piotr ni Anja ne sauraient se défendre.
Les ressources cachées des survivants (ne lâchez rien, les enfants).
Piotr et Anja développeront un instinct de survie sous la pression, seuls dans ses rues pour retrouver leurs proches. Cela déclenchera une batterie de possibilités bien pratiques pour ne rien lâcher.
La connaissance technique et mécanique des trains, l'art de mentir sans rougir, consigné en quelques commandements amusants par une amie d'Anja, le recours à l'araignée domestique et aux abeilles de Piotr, tout ceci pour se sortir d'affaire nous offira une surprise intéressante, ce sont des données que seul l'auteur connaissait, que nous n'avions pas pris en compte pour la suite de la mésaventure et qui feront des jeunes héros des victimes sous-estimés par leurs oppresseurs.
Seuls contre le petit monde entier à hauteur d'enfants.
Au fil de la lecture, Piotr et Anja opposeront des éducations différentes, lui, garçon simple, rustique et sans manières, elle, snob, délicate et encore vêtue de quelques préjugés, ils exposeront du caractère l'un face à l'autre, peut-être pour la 1ère fois.
Ils s'apprécieront à leurs manières mais devront faire preuve de retenues parfois pour continuer de s'associer sur leurs quêtes respectives. Ils ne sont pas éduqués pareil.
"Maldoror" ne sera pas un périple ennuyeux mais plutôt ingénieux et facétieux.
Mais et Maldoror alors?
Et bien vous verrez. La solution est dans les pages.
" Maldoror".
Une série qu'on ne pourra qualifier d'être dans l'actualité juste par l'évocation de l'Ukraine car nous serons ici dans l'aventure du 19ème siècle (mais l'auteur s'amusera à glisser des petits clins d'oeil à l'intention des plus curieux et intéressés par son histoire, notamment la statue équestre du Comte Bogdan Khmelnitski. Cherchez sur Wiki, c'est amusant).
Bonne lecture.