Non, les hommes ne cherchent pas à être désirés des femmes au sens où ils les désirent. Ils cherchent déraisonnablement, éperdument leur amour.
Le désir des femmes leur est une étrangeté profonde. Ils sont impuissants à le penser (alors que les femmes savent si bien penser le désir que les hommes ont d’elles…) C’est ainsi que faute de pouvoir penser le désir des femmes, ils le nient, ou, ce qui revient au même, lui attribue une puissance occulte, démesurée, monstrueuse, maléfique.
Le noir est plus profond que la lumière, car il se souvient du temps d’avant le temps, du temps d’avant la lumière, du temps d’avant toute perte, du temps où il n’était question d’aucune perte ; où il n’était question de rien. Temps d’avant la naissance, quand être et jouir n’avaient pas encore été arrachés l’un à l’autre, quand être et jouir baignaient enlacés au coeur des ténèbres bénies.
Éros est notre langue commune, celle qui nous apprend ce qu’il en est du désir, où il va, celle qui nous réclame sexués, c’est-à-dire autres, hommes et femmes, en disposition particulière d’amour, nous embarquant ensemble sans nous confondre, en quête de ce paradis toujours promis, toujours possible (sinon ce ne serait plus vivre) où nous serions, ni l’un ni l’autre, et l’un et l’autre.
Le blanc en quantité, en vastitude, en expansion, n’est pas une couleur. C’est une disposition de l’âme. Et plus encore, , une transfiguration, une transsubstantiation.
Le blanc n’est pas une couleur, c’est une odeur infinie de sainteté. Ainsi en est-il quand tu entres comme par une haute porte dans une plaine enneigée. Approche d’absolution absolue.
Celui que la jouissance égare jusqu’en l’abîme du cri, n’a-t-il pas épousé l’autre (que peut-être, bien sûr il reniera demain) livrant sa gorge nue à la face du ciel, à la possible éternité ?