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Yvan Leclerc (Éditeur scientifique)
EAN : 9782859201371
101 pages
Le Castor Astral (12/07/1985)
3.71/5   12 notes
Résumé :
À 53 ans, en pleine gloire littéraire, Gustave Flaubert écrit Le Candidat. Dans cette « grande comédie politique », une fureur acerbe résonne contre les mondanités, la corruption et l’arrivisme. Rousselin, héros candidat en province, pris du «vertige de la députation,» ne recule devant aucun sacrifice pour gagner l’élection, plus préoccupé par le titre que par la fonction. Il est tantôt conservateur, tantôt socialiste, puis se prétend libéral. il offre femme et fill... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Je découvre cette pièce de théâtre par hasard, ne sachant pas que Flaubert avait été auteur dramatique. Je remercie le Cours de l'histoire, l'émission de France Culture, qui, à l'occasion d'une discussion sur les cafés comme lieux de sociabilité aux XIX ème et XX ème siècles, expliquait que c'est d'abord au café que se tenaient les élections aux débuts de la III ème République.
Car, s'il y a candidat, c'est qu'il y a élection. Dans une petite ville provinciale, quelques hobereaux se disputent la députation. Certes, les partis ont changé par rapport à aujourd'hui, le camp conservateur n'est plus incarné par des aristocrates, tout comme le patron d'usine ne réussit pas à entraîner derrière lui tous ses ouvriers.
Néanmoins, certains éléments sont invariants : le poids de a presse, les rencontres interpersonnelles avec serrements de main, boissons offertes au café - on y revient, et importance des intérêts personnels devant l'intérêt collectif. le Candidat pourrait être aujourd'hui appelé technocrate, pratiquant la langue de bois, multipliant les fausse promesses - qui n'engagent que ceux qui les croient. C'est pour cela que je n'ai pas été particulièrement convaincue par ma lecture, on sait déjà que les politiciens peuvent être corrompus, qu'ils mentent et sont démagogiques, qu'ils sont prêts à sacrifier leur vie privée... Flaubert n'est donc pas original. La pièce souffre aussi d'un manque de rythme, les différents interlocuteurs se ressemblent tous, et les intrigues amoureuses ajoutent une dimension de vaudeville qui semble hors-sujet à l'intrigue principal.
Pas une grande oeuvre de Flaubert pour moi.
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Ah, mon Gustave ! J'ai retrouvé Gustave Flaubert, que j'aime beaucoup. Plus que le retrouver, je l'ai surtout découvert sous un autre angle : le théâtre. J'aime beaucoup Madame Bovary, son histoire, les longues descriptions et là je découvre des dialogues, des gens qui vont, qui viennent, des mimiques, des allers-retours.

Pour le fond, Gustave Flaubert s'attaque à la politique, à l'ambition. Ils nous dépeint la tentative de Mr Rousselin à gagner la députation. Mais le chemin va être semé d'embûches car Mr Rousselin n'est pas le seul à viser ce pouvoir ; en effet Murel, 34 ans, envisage aussi de devenir député tout comme le Comte de Bouvigny pour qui Rousselin est un démocrate, ce qui à ses yeux est la pire des injures. Cependant Rousselin hésite à répondre car outre gagner et devenir député, il manigance aussi pour que sa fille épouse un homme dont l'union l'arrangerait, lui ; en l'occurrence, il voudrait que sa fille se marie avec Onésime, fils du Comte. Peu importe ce que la demoiselle en pense, ce qui compte est l'intérêt que cela lui apporterait. Des tractations et des petits arrangements comme celui-ci, il va y en avoir tout au long de la pièce : des arrangements amoureux, des arrangements pécuniaires. Et que de mains serrées, de flatteries ! Que ne ferait-on pas pour le pouvoir !

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Un petit bémol à cette lecture : la fin semble très abrupte. En fait, vue sous le versant théâtral je pense que cela convient très bien ; en revanche lorsqu'on lit le texte comme on lirait un roman, on a l'impression que le rideau se referme trop vite.
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C'était en 1874,
Voila ce que dit M. Rousselin, candidat à la députation:
' Un peu d'ironie, maintenant ! On lui lance quelque chose de caustique, avec un rire de supériorité. « Ah ! ah ! » Essayons le rire de supériorité. « Ah ! ah ! ah ! je m'avoue vaincu, effectivement ! Parfait ! » Mais deux autres qui sont là ! — je les reconnaîtrai, — s'écrient que je m'insurge contre nos institutions, ou n'importe quoi. Alors d'un ton furieux : « Mais vous niez le progrès ! » Développement du mot progrès : « Depuis l'astronome avec son télescope qui, pour le hardi nautonnier… jusqu'au modeste villageois baignant de ses sueurs… le prolétaire de nos villes… l'artiste dont l'inspiration… » Et je continue jusqu'à une phrase, où je trouve le moyen d'introduire le mot « bourgeoisie ». Tout de suite : éloge de la bourgeoisie, le tiers État, les cahiers, 89, notre commerce, richesse nationale, développement du bien-être par l'ascension progressive des classes moyennes. Mais un ouvrier : « Eh bien ! et le peuple, qu'en faites-vous ? » Je pars : « Ah ! le peuple, il est grand » ; et je le flagorne, je lui en fourre par-dessus les oreilles ! J'exalte Jean-Jacques Rousseau qui avait été domestique, Jacquard tisserand, Marceau tailleur ; tous les tisserands, tous les domestiques et tous les tailleurs sont flattés. Et, après que j'ai tonné contre la corruption des riches, « Que lui reproche-t-on, au peuple ? c'est d'être pauvre ! » Tableau enragé de sa misère ; bravos ! « Ah ! pour qui connaît ses vertus, combien est douce la mission de celui qui peut devenir son mandataire ! Et ce sera toujours avec un noble orgueil que je sentirai dans ma main la main calleuse de l'ouvrier ! parce que son étreinte, pour être un peu rude, n'en est que plus sympathique ! parce que toutes les différences de rang, de titre et de fortune sont, Dieu merci ! surannées, et que rien n'est comparable à l'affection d'un homme de coeur !… » Et je me tape sur le coeur ! bravo ! bravo ! bravo !
...
Encore un mot ! je vais le convaincre ! On doit, — n'est-il pas vrai, — on doit, autant que possible, démocratiser l'argent, républicaniser le numéraire. Plus il circule, plus il en tombe dans la poche du peuple, et par conséquent dans la vôtre. Pour cela, on a imaginé le crédit.'

La vie politique de toujours...
de tous nos jours...
Et Gustave s'en donne à coeur joie.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Flaubert était un passionné de théâtre, mais ses incursions dans le genre ont été échaudées par l'échec cuisant de cette première - et de fait unique - pièce. Déprogrammée après seulement quatre représentations et cible d'attaques virulentes de critiques, la pièce tombera dans un certain oubli. Pourtant la thématique demeure diablement actuelle, et même si l'on ressent les défauts de composition à la lecture, ce vaudeville politique n'en reste pas moins intéressant à découvrir.

Flaubert choisit comme personnage principal un tartuffe, Rousselin, bourgeois bien décidé à se faire élire député. Ses motivations n'ont bien entendu rien à voir avec de quelconques convictions ou une volonté d'améliorer la société dans laquelle il baigne. L'homme n'est motivé que par l'attrait du pouvoir et le prestige lié à cette fonction. Autour de lui gravitent trois personnages, qui le manipule et le retourne comme une crêpe, l'assurant du soutien de leurs potentiels électeurs.

Pour ajouter encore du piquant à cette situation les trois prétendent à la main de la fille du candidat, attirés par son héritage plus que par sa personnalité. Chacun incarne une position particulière, ce qui permet à Flaubert de brosser un large portrait de la société. le premier est noble, mais sans argent ni métier ; le second est un bourgeois, qui possède de l'avoir mais pas de savoir-faire ; le dernier est un industriel, de condition et de revenu modestes.

Cette farce électorale, comme on l'imagine, est truffée de faux-semblants, de complots, de révélations intimes savamment orchestrées, d'obscures manigances, de corruptions et de trahisons dans tous les sens, démontrant que pour beaucoup la politique n'est qu'un grand théâtre dans lequel chacun tente au mieux de jouer son rôle pour tirer son épingle du jeu.
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Excellente pièce trop méconnue à mon goût, Flaubert l'a écrite pour décrire la médiocrité du milieu politicien, de cette bourgeoisie dégénérée qui arpentait les milieux du pouvoir à son époque, notamment en province. Chacun en prend pour son grade, Rousselin, le personnage principal et candidat à la députation voguant parmi les tendances à la mode pour se concilier les bonnes grâces de tous les potentiels électeurs, et obtenir les désistements de ses adversaires, tantôt manipulé, tantôt manipulateur, notamment en instrumentalisant la main de sa fille. J'aimerais pouvoir la voir représentée un jour.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Madame Rousselin : Nullement ! Malgré mon insuffisance peut-être, je vous crois un avenir...
Julien : il est fermé par le milieu où je me débats. L'art pousse mal sur le terroir de la province. Le poète qui s'y trouve et que la misère oblige à certains travaux, est comme un homme qui voudrait courir dans un bourbier. Un ignoble poids est toujours collé à ses talons, le retient ; plus il s'agite, plus il enfonce. Et cependant quelque chose d'indomptable proteste et rugit au-dedans de vous ! Pour se consoler de ce que l'on fait on rêve orgueilleusement à ce que l'on fera. Puis les mois s'écoulent, la médiocrité ambiante vous pénètre, et on arrive doucement à la résignation, cette forme tranquille du désespoir. (pp. 77-78)
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Rousselin :
Les impôts, mon Dieu… certainement, sont pénibles… mais indispensables… C’est une pompe, — si je puis m’exprimer ainsi, — qui aspire du sein de la terre un élément fertilisateur pour le répandre sur le sol. Reste à savoir si les moyens répondent au but… et si, en exagérant… on n’arriverait pas quelquefois à tarir…
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Rousselin :
Tout cela pour vous convaincre que je ne suis pas, — bien que fils de banquier et l’ayant été moi-même, — ce qu’on appelle un homme d’argent. Et la position de M. Onésime ne saurait être un obstacle, mais il y en a un autre. Votre fils n’a pas de métier ?
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Et si l'une des meilleures façons de plonger dans l'oeuvre d'un classique était de contourner momentanément ses romans pour découvrir sa correspondance, c'est-à-dire l'homme derrière la statue, l'homme mis à nu ?
La « Correspondance » de Flaubert, c'est à lire en poche chez Folio.
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Fumichon, concernant la propriété, évoque les arguments d'un homme politique dont Flaubert parle en ces terme dans une lettre à George Sand: "Peut-on voir un plus triomphant imbécile, un croûtard plus abject, un plus étroniforme bourgeois! Non! Rien ne peut donner l'idée du vomissement que m'inspire ce vieux melon diplomatique, arrondissant sa bêtise sur le fumier de la Bourgeoisie!". De qui s'agit-il?

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