Voilà un roman résolument à lire. Incisif et ironique, il donne à réfléchir en nous plongeant dans la vie d'un cadre comme il y en tant. Écrit avec un ton distant, (faussement) nonchalant et (souvent) cynique.
Par le biais d'une sorte d'anti-utopie, l'auteur nous décrit l'entreprise pour mieux évoquer notre société toute entière et nous faire percevoir combien elle est malade. Il montre ainsi une parfaite connaissance des codes du monde professionnel, de ses processus ou de ses rituels et s'amuse à détailler leur absurdité dans leur usage au quotidien. Il dénonce également cette nouvelle forme de consommation de masse, prétendument individualisée, dans laquelle les salariés deviennent des « partenaires » et les clients des « personnes uniques ».
J'ai beaucoup aimé son style et ses nombreuses digressions prouvant un goût du détail rare ou bien simplement est-ce celui de son personnage ? Comme sa création ou son usage des slogans publicitaires plus vrais et absurdes que nature.
Je recommande vivement ce livre.
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S'inspirant de ce qu'il a vécu et de ce qu'il voit, l'auteur nous dépeint la société d'aujourd'hui dans ce qu'elle a de plus étrange: consumérisme, mondialisation , rapports sociaux... Tout est décrit avec critiques, regard acerbe, ironie... C'est intéressant, il y a plusieurs bons passages, mais l'ensemble reste trop décousu. Il y a un grand pessimisme dans ce récit. J'ai eu l'impression que c'était prétexte, et que ces descriptions sombres du monde actuel relevaient plus de l'essai que de la fiction. C'est dommage, je n'ai pas accroché, je suis resté au-dessus.
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Dans la pièce transformée en dancefloor, les lumières s’étaient éteintes, les fog machines s’étaient mises en fonction. Elles vomissaient un brouillard froid et dense, à l’odeur de citron synthétique. Accrochés à une potence de métal chromé, de puissants lasers verts fluo sortaient de têtes motorisées qui tournoyaient, parfaitement alignées, comme les membres émergés d’une épreuve de natation synchronisée. Agités par des sursauts épileptiques, les danseurs avançaient lentement le long d’un inquiétant tunnel formé par la course circulaire d’un rayon de lumière concentrée, diffracté par le brouillard diffus, comme on entre dans un épisode de la 4e dimension.
Le système fonctionne très bien tout seul depuis longtemps mais ils ont des diplômes prestigieux, des pompes anglaises bien cirées et des cravates en soie, alors ça rassure les analystes boutonneux qui pondent les recommandations d'achat.