Notre-Dame de la Mouise - Reconstitution dramatique en trois actes et un tableau.

"Notre-Dame de la Mouise" est la reconstitution dramatique en trois actes et un tableau du livre "Le Christ dans la banlieue", écrit en 1930 par le révérend-père Pierre Lhande.
Elle a été représentée pour la première fois, le 16 novembre 1930, au théâtre des Pénitents à Meulan, puis reprise le 28 mai de la même année au théâtre des Champs-Elysées, à Paris.
Lors de cette représentation, l'un des pompiers de service aurait dit à son compagnon :
- "ça va être de la bondieuserie. On va pioncer ; tu me réveilleras à la fin".
Le morceau de scène est en effet à classer dans la littérature dite pieuse.
Mais la pièce se veut "une invoque contre la dèche ... la dèche morale".
Son auteur, Grégoire Leclos, n'était pas un homme d'église.
S'il croyait en Dieu, c'était, à ses dires, bien mal.
Et à y regarder de plus près, à la lire attentivement, la pièce n'est pas si tranchée.
Elle recèle un petit trésor de réflexion et de philosophie.
Elle est écrite en argot.
Elle évoque les chiffonniers, les ouvriers, les mendiants et les mal-lotis.
L'action se passe entre 1918 et 1930, dans la zone de Paris.
Bien sûr l'idéologie religieuse s'y place, parfois au détour d'un mot comme celui qui qualifie de "phrases creuses" les tracts communistes, dans l'affirmation d'être l'ennemi du "caboulot", mais aussi dans la volonté de situer la lecture dans celle de l'histoire sainte et des évangiles.
Pourtant, comme rien n'est simple, et que les personnages sont criants de vérité : chacun a la sienne.
La confrontation du prêtre et de Julot, le cabaretier ouvre un deuxième acte piquant et ambigu.
Chacun des deux est campé sur sa position, avec tous les deux le même idéal affiché.
Tâche sacrée pour l'un ...
Et sacrée tâche pour l'autre ...
Cela prend comme l'air d'un roman de Giovanni Guareschi.
Le propos est juste et élève à la réflexion.
Le père Didier, vieux "mendigot" déchu de la haute société, entre alors en scène et vient provoquer le trouble du doute.
Rejetant toute idéologie, il accuse : intérêt et peur n'en seraient qu'indégrients principaux.
Grégoire Leclos, avec "Notre-Dame de la Mouise" réalise une peinture vraie de personnages attachants et une étude philosophique réussie.
En 1941, il signera le scénario et les dialogues de l'adaptation cinématographique de sa pièce, où la belle et talentueuse Odette Joyeux incarne "la môme".
Le cinéma n'est-il jamais aussi bon que lorsqu'il s'inspire du théâtre ou de la littérature ? ...