Très beau roman entre Belgique et Afrique... Amitié sincère et ambigüe... Amour et vérité
Les lieux et situations sont très bien expliquées, détaillées. Emmanuelle s'est visiblement bien renseignée sur ces endroits ou y a-t-elle vécu ?
Je vous le recommande vivement.
Petit extrait particulièrement prenant
De son cancer, Marine s'en souvient comme d'hier. Elle repense au sentiment d'amour qu'elle avait ressenti. Plus fort que la mort même, elle avait vécu une séparation douloureuse imposée par son père tout au long de la maladie. Marine avait fait le voyage plusieurs fois cette année-là mais pendant le traitement, il avait craint ceux qui l'entouraient. Quand on l'approchait, seule sa main se tendait vers les amis ou les enfants pour les saluer. Plus d'embrassade, plus d'accolade, juste une main fragile, devenue fluette, froide parfois. Surtout ne pas propager les microbes éventuels, répandre un virus et créer une autre plaie. La main, seul toucher permis. La distance avait été imposée. Craintifs à l'idée de le fatiguer, attentifs à sa tranquillité, rencontres espacées, échanges peu animés. Ce suivi médical aux allures d'un calendrier de prisonnier avait moralement épuisé Marine. Loin des siens, loin des liens. Quand enfin, la maladie s'en était allée, elle avait pu embrasser son père à nouveau. Elle s'en souvient comme d'une première fois. Comme d'un moment délicat et si intense qu'il en avait effacé tous les câlins antérieurs à ce moment de grâce. Les larmes lui étaient parvenues sans peine mais avec l'allégresse de se ressentir petite fille attendrie dans un corps d'adulte engourdie. Pétrifiée de souvenirs et d'émotions. En cette ultime étreinte résidait le moment indélébile de sa relation avec son père, moment gravé à jamais dans sa mémoire
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On se laisse glisser très facilement dans la vie tranquille et houleuse, dans les amours calmes et tumultueuses de Marine, ainsi que dans celles d'Eloïse, et il faut bien se l'avouer, on se retrouve tous et toutes un peu à un moment ou à un autre dans la peau de ces personnages … Toutes deux se dévoilent, se construisent l'une l'autre, se confondent même… J'ai passé un très agréable moment d'évasion entre Dakar, Bruxelles et Londres en compagnie de ces héroïnes proches, palpables et énigmatiques aussi…
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Un livre qui se lit tout seul tellement il vous emporte vite, très vite ! Les échanges épistolaires se mêlent au premier, puis deuxième récit en abîme en donnant un rythme entraînant. Expatriée moi-même, j'ai été incapable de décrocher pendant les 50 premières pages. Aux évocations de l'Amarula, la Pendjari, ou Grand Popo, j'étais conquise, et j'accompagnais Marine dans ses souvenirs qui se mêlaient aux miens.
Deux belles histoires qui s'entrecroisent avec ces deux héroïnes dans lesquelles on retrouve forcément un petit bout de soi, et qui nous font voyager...dans l'espace, entre Afrique et Europe, et dans le temps, entre l'adolescence et les amours passés.
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On plonge a pieds joints dans l'histoire de Marine. Dès les premières pages, il y a comme un sentiment de sympathie envers cette Marine qui a certainement plus d'un point commun avec la femme qu'on est... Et puis arrive cette ado qui réveille toute cette nostalgie de l'adolescence, nostalgie des premiers amours , si intenses, si parfaits et pourtant si compliqués quand on a 15 ans. L'entremêlement de ces 2 personnages nous fait balancer tout au long du livre entre celle que nous étions ado et cette femme d'aujourd'hui mais dont le coeur est toujours empreint de ces jeunes expériences.
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Un roman dans lequel le lecteur se prend à suivre l'amour de jeunesse retrouvé par la protagoniste et devient par la même occasion critique du livre qui s'écrit au fil des pages.
Du premier amour au désamour, cette mise en abyme nous transporte au coeur de nos propres sentiments et nous plonge dans la peau des personnages.
Un livre facile à lire et une histoire que l'on apprécie de retrouver chaque soir !
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Adolescence rime avec inconscience. Seul moment dans une vie où l’on peut se permettre de tout abandonner sans souci de séquelles importantes. Pas besoin de trop s’inquiéter si du jour au lendemain, on arrête de se lever, de se laver, de manger, d’aller à l’école, de dormir ou que sais-je encore. On est mineur et irresponsable. Quelqu’un s’occupera bien de nous et si pas, on s’en fout, on en mourra, c’est sûr, point final ! Le coup de foudre c’est comme la varicelle, vaut mieux le contracter tant qu’on est jeune sinon adulte, ça crée des complications.
L'amertume envahit Marine, persuadée que chacun lutte en secret contre l'envie de s'aimer furtivement. Aucun des deux n'est en retard au rendez-vous. Pendant plus d'une heure, ils se regardent en n'échangeant que des sourires et si peu de mots. Ils s'auto-flagellent de plaisir feint, paraissant tous les deux satisfaits d'être venus puiser en l'autre le réconfort nécessaire pour flatter leur propre égo. Une drogue douce et inoffensive. Ils se plaisent et luttent ensemble contre l'évidence.
La chaleur des tropiques donne des ailes à ces messieurs venus d'un autre hémisphère et qui, malgré leur âge, leur bedon, leur laideur et la qualité de leur épouse légitime, restent pour les amazones locales des cibles et des partis bien plus qu'intéressants. Cupidon a bien du boulot dans cette partie du monde et tout particulièrement pendant le moi d’août communément appelé sur place "le mois du blanc".