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Critique de Eve-Yeshe


Grâce à Masse critique je viens de découvrir ce livre. J'aime beaucoup ce qu'il fait au cinéma mais je ne savais pas que Patrice Leconte était écrivain. C'est une bonne surprise.
Il nous raconte l'histoire de Gérald, homme invisible, que personne ne remarque, jamais, quoi qu'il fasse. Ses parents l'ont eu après quatre autres enfants, c'est le petit dernier, non désiré, qui durant toute son enfance s'habillera avec les vêtements des plus grands, n'aura jamais rien à lui. Il est transparent, personne ne fait attention à lui.
A un point tel que son père va décider de partir commencer une nouvelle vie en Argentine et personne ne lui propose de l'emmener, il viendra plus tard c'est-à-dire jamais. La préparation des bagages est à la limite de l'absurde : ses parents, ses frères aînés prépare leurs malles dans la joie, l'exubérance alors que lui ne remplit qu'un petit sac avec des vêtements dont les autres ne veulent plus, c'est normal il va dans un pensionnat, c'est transitoire, alors, ce n'est pas la peine de s'encombrer.
Les adieux sont du même type, tout le monde s'agite et on le met dans un taxi qui le conduira au pensionnat avec à la limite une bise rapide et encore, aucune émotion, rien. On imagine sans peine le regard ahuri du proviseur quand il le voit descendre, seul du taxi.
S'en suit une scolarité banale, où personne ne prête attention à lui et il finira par être embauché dans une banque, où on continue à ne pas faire attention à lui, ce qu'il supporte jusqu'à ce qu'arrive Victoire, sa supérieure hiérarchique dont il tombe éperdument amoureux. Cela va tout changer, il veut qu'elle le remarque, et pourtant personne ne l'invite nulle part quand il y a des sorties organisées à la banque par exemple.
Donc, pour attirer l'attention de Victoire il décide de …. Traverser la Manche à la nage en partant de Douvres et laisse un mot avant de partir à Victoire pour lui donner rendez-vous le 21 juin sur la plage de Calais. En sachant qu'il sait nager, mais qu'il a appris avec difficultés et qu'il n'est pas du tout entraîné…
Il achète des palmes, une combinaison de plongée, un tuba etc. des barres de céréales qu'il fourre dans son sac à dos (avec ses vêtements et ses papiers) pour se sustenter en route, se rend à Douvres en aéroglisseur.
Son épopée est bouleversante et passionnante, bien décrite par l'auteur, la puissance des vagues, la nage difficile, on a l'impression d'avoir nagé longtemps mais on a peu avancé, il faut s'habituer aux palmes, aux mouettes qui viennent le chahuter, il est obligé de leur abandonner son sac à dos car elles l'agressent, donc il ne lui reste plus rien à manger. Il n'avance pas vite, ses mouvements sont gênés car il perd du matériel en route, il a pour seule compagne la chanson de Balavoine : l'Aziza dont il chante en route le refrain (« je te veux si tu veux de moi ») en pensant à Victoire….
Durant cette folle traversée, il va devoir lutter beaucoup contre les éléments, et revient toujours en leitmotiv sa solitude, sa transparence, voire son invisibilité ou sa non existence puisque sa famille l'a abandonné après l'avoir affublé d'un prénom qu'il déteste. Qu'est qui fait qu'on existe, qu'on est vivant ? le regard de l'autre ou son propre regard intérieur ? Doit-on accepter d'être invisible ? le transitoire peut-il devenir définitif ? Il est obligé de faire ce pari fou pour qu'on le voie enfin mais est-ce que cela va changer quelque chose ?
On a envie de rire, car le thème du roman semble saugrenu mais très vite on se rend compte qu'on rit jaune car Gérald souffre beaucoup, pratique l'auto-dérision de façon magistrale. Il aime Victoire d'un amour romantique, comme un chevalier servant mais l'amour peut-il le changer et surtout, changer la façon dont les autres le regardent.
C'est bien écrit, fluide et même si l'histoire est loufoque, on y plonge avec délice et on n'est pas déçu. En plus la couverture est magnifique, rien qu'en la regardant, on a envie de lire le livre tant elle est explicite. En tout cas, j'espère vous avoir donné l'envie de lire ce roman.
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