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EAN : 9782846263474
472 pages
Au Diable Vauvert (01/09/2011)
3.33/5   582 notes
Résumé :
C'est un roman qui commence comme cela :
"Au début, il y a la sonnette – et la porte qui s’ouvre et se referme sans cesse. Des pas qui résonnent dans l’entrée. Et des embrassades, des "ah", des "oh". T’es déjà arrivé? J’croyais que tu finirais plus tard le taff. Ouais, mais finalement j’ai bien avancé. Hé, Antoine on va pas parler boulot ce soir, hein ? Ça serait de la provoc ! Un brouhaha généralisé. Des verres qui tintent. T’as apporté les bougies ? Non c’é... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (153) Voir plus Ajouter une critique
3,33

sur 582 notes
Tout commence avec la commémoration de la mort de Kurt Cobain. « S'il nous voyait maintenant, une bande de trentenaires parvenus qui se souviennent du grunge une fois par an, il se tirerait une deuxième balle. » (p. 9) Tout s'enchaîne avec l'enterrement de Charlotte. Tous ses amis d'enfance sont sous le choc : pourquoi s'est-elle suicidée puisque tout lui réussissait ? Et la question devient : s'est-elle suicidée ? Pour Ema, la meilleure amie de Charlotte, quelque chose cloche. En fouillant dans ses affaires et dans son boulot, Ema découvre une affaire d'économie et de politique qui la dépasse. Avec l'aide de Fred, elle mène une enquête dont les conclusions ne seront pas de celles qui apaisent.
Les Morues, ce sont trois femmes et un homme. Il y a Ema la sadomaso, Alice la barmaid accro aux réseaux sociaux, Gabrielle la superbe descendante de la favorite du Vert Galant et Fred qui boit trop de Nesquik. Les Morues sont résolument féministes et rédigent une Charte qui prône l'indépendance de la gente féminine, mais aussi sa libération des clichés en tout genre. Oui, les hommes sont des enfoirés, mais ils sont comme ça, non ? Aux femmes d'assumer ce qu'elles veulent sans accuser les hommes d'être des obstacles. « Les femmes ne pouvaient pas demander aux hommes de s'occuper de leur émancipation. […] Pour les Morues, il paraissait évident que les réflexes sexistes dont on accusait les hommes, c'était d'abord chez les femmes qu'il fallait les traquer. Tous ces automatismes enfouis, larvés et fruits d'un long conditionnement. Mais il était foutument plus difficile, car honteux, de se reconnaître un comportement de femme soumise que de balancer aux hommes qu'ils étaient des machos en puissance. » (p. 33 et 34) Ni pute, ni soumise ? Ça va plus loin que ça : c'est toute une réflexion sur la sexualité au féminin que l'auteure met en branle. Accrochez-vous à vos soutifs les filles, ça démarre au quart de tour !
Si le personnage principal semble être Ema, il ne faut pas négliger l'importance de Fred à qui plusieurs chapitres sont consacrés. Petit génie adoré par ses parents, en conflit permanent avec son grand frère Antoine (l'ex d'Ema), Fred se satisfait de son boulot de secrétaire qui lui laisse tout loisir de rêver à des nymphettes qu'il aime richement pourvues en courbes mammaires. Alors qu'il n'aspire qu'à la banalité, Fred semble incapable d'y parvenir. « Mais par un curieux paradoxe, cette volonté d'être comme tout le monde suffisait à faire de Fred quelqu'un de marginal. Et chaque jour, il butait sur cette aporie. » (p. 52) Pas facile d'avoir conscience de sa différence et de l'impossibilité de la réduire ou de s'en accommoder…
Avec une large part laissée à la culture sous toutes ses formes, ce roman tape large et juste. À l'heure d'Internet et des blogs, le rapport à l'art et à la responsabilité artistique – et donc à l'anonymat – sont donc remis en question. Plus largement, Titiou Lecoq interroge sur l'expérience artistique. « Plus qu'à la qualité intrinsèque et a-temporelle d'une oeuvre, il croyait à une conjonction plus ou moins miraculeuse mais profondément temporelle, à la rencontre à un moment x entre un public et une oeuvre dans laquelle ce dernier puisse s'identifier et reconnaître ses aspirations et ses dégoûts. Et la forme même du blog se prêtait plus que toute autre à ce processus d'appropriation. » (p. 266) Nul doute que si on m'avait proposé une telle réflexion pendant mes années prépa, je n'aurais pas décroché des cours de théorie littéraire ! On sait le passé (et le présent) de blogueuse de Titiou Lecoq et cette réflexion n'en est que plus pertinente.
Ce qui semblait dès la couverture être un roman girly aux portes de la chick-litt ou un autre roman tiède sur des trentenaires en mal de vivre emprunte au thriller politico-économique, au Kâma-Sûtra (ou pas loin) et aux traités sur les vertus de l'alcool et de la miurge. D'une page à l'autre, on passe des classiques très policés étudiés à l'école aux must-have musicaux du rock. J'ai trouvé quelque chose de puissamment cathartique dans cette lecture, même si c'est assez difficile à expliquer. Disons que Titiou Lecoq a réussi à mélanger tout ce que j'aime et à le rendre parfaitement digeste. Je lui tire mon chapeau parce que quand j'envisage de mixer du chocolat, une Calzone, une Guinness et un thé à la cerise, je doute vraiment du résultat ! Bref, je n'ai pas boudé mon plaisir et je recommande ce roman à ceux qui aiment voir plus loin que le bout de leur nez tout en considérant que leur nombril reste une chose vachement importante !
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Un roman assez déconcertant je dois dire. Cela commence comme une histoire à l'eau de rose où une bande de vieux copains, trentenaires, se réunissent pour honorer la mémoire de Kurt Cobain, le chanteur de Nirvana, réunion annuelle arrosée par une bonne bouteille de vodka. Cette préface, si l'on l' peut appeler comme ça, déroute assez le lecteur qui ne sait pas du tout à quoi s'attendre
S'agit-il d'une commémoration au chanteur disparu, d'une interrogation sur la vie et la mort ou simplement d'une comédie post-ado ayant comme personnages principaux de vieux copains ?

En fait, il s'agit d'un peu de tout cela à la fois agrémenté d'un mélange de polar car une bonne partie du roman tourne en réalité autour de la seule personne que le lecteur ne rencontre jamais, à savoir Charlotte qui vient, selon les conclusions de la police, de mettre fin à ses jours. Pour un peu mieux vous situer dans le roman, il faut que je passe inexorablement par une présentation sommaire des personnages.

Outre cette fameuse Charlotte, nous retrouvons Ema, sa meilleure amie d'enfance et adolescence qui forme dorénavant ace Alice (la barman) et Gabrielle le club des "Morues", d'où le titre de l'ouvrage. Attention, ce nom n'est absolument pas péjoratif puisque ce "sélect club" composé de ces trois filles s'est octroyé le devoir de rédiger une charte sur le féminisme et donne, à l'occasion, des soirées "DJ Morues" dans le bar où Alice travaille en faisant des mixages avec leurs MP3.
Se rajoute à cette bande de joyeux lurons, Gonzo, Gilles, Blester (le petit ami d'Ema mais du genre, "oui on n'est ensemble sans vraiment être ensemble") et enfin Antoine (le grand frère de Fred que l'on découvrira plus tard).

A part Antoine qui semble avoir trouvé un équilibre dans sa vie conjugale, les autres vivent des relations amoureuses assez chaotiques et plutôt complexes. Mais, me direz-vous, s'agit-il uniquement d'un livre consacré aux amours et désamours des uns et des autres ? Eh bien, pas du tout.
La mort de Charlotte va réellement être le fil déclencheur de l'histoire puisque l'ouvrage va alors prendre une orientation de polar puisqu'Ema se refuse à voir la mort de son amie comme un simple suicide. de fil en aiguille, des liens plus forts vont se tisser entre certains des personnages et Fred, bien qu'il ne soit pas une fille, va même être officiellement accepté en tant que membre officiel des "Morues", étant relativement plus intelligent que la moyenne mais faisant tout pour le cacher...il travaille comme simple secrétaire bien ayant été admis à Sciences Po et Polytechnique ! de plus, il a le coeur sur la main et, bien que réagissant souvent comme un gamin de 15 ans face à une jolie fille, il recèle une sensibilité artistique cachée.

J'ai un avis assez partagé sur cet ouvrage car, bien que je l'ai trouvé très attendrissant par moments, comme par exemple cette amitié et cette force qui unit le club des "Morues" auquel Fred fait désormais partie et intriguant à d'autres, surtout en ce qui concerne la mort de Charlotte et le mystère qui plane autour, je l'ai aussi trouvé très cru lors des descriptions des actes sexuels que pratique notamment Ema. Cette dernière ayant été violée durant son adolescence, on peut probablement expliquer cette recherche du plaisir à travers la violence mais toujours est-il que cela m'a un peu choqué à travers le vocabulaire employé par l'auteure.
Cette critique mise à part, le plus l'emporte finalement sur le moins et je dirais tout simplement qu'il s'agit d'un ouvrage plaisant où les relations humaines sont complexes (comme elles le sont dans la vie de tous les jours d'ailleurs) et décrites avec sincérité et émotion. Une lecture agréable et j'en profite pour remercier Babelio de m'avoir permis de découvrir cet ouvrage !




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"De mon temps", on appelait ça de la (bonne) chick-lit... j'aimais ça, et j'aime toujours ça !

Car 'Les morues' parle de nos vies, de nos dilemmes, de nos amours, de nos doutes, de nos jobs, de notre sexualité, de nos amitiés... J'ai même un peu pensé à Vernon Subutex, lors de ma lecture. En moins trash et entouré de copines...

Concrètement, 'Les morues' raconte la vie de 4 trentenaires parisiens, 3 femmes et 1 homme, confrontés à un suicide inattendu et mystérieux, mais aussi aux difficultés de la vie moderne.

C'est le premier roman de Titiou Lecoq, c'est frais, c'est tragique, c'est juste, on s'y reconnait, ça donne envie de profiter de la vie et d'écouter les playlists à fond. Bref, emmenez ces morues en vacances !
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Une couverture avec deux jambes de poupée Barbie gainées de bas résille blancs. Un titre - Les Morues - pour le moins évocateur. J'avoue avoir débuté ma lecture à reculons, m'attendant à une succession illimitée de confidences sentimentalo-sexuelles desdites Morues, alias Ema, Alice et Gabrielle (et Fred "le" morue du groupe).

Alors certes, il y a de cela. Mais, heureusement, pas que. Après un prologue autour d'une commémoration entre amis d'enfance de la mort de Kurt Cobain, on embraye sur les funérailles d'une de ces amies d'enfance, Charlotte, qui s'est suicidée façon Kurt, sans laisser de mot explicatif de son geste. Pour Ema, journaliste, dont Charlotte était la meilleure amie avant une fâcherie, le suicide ne la convainc pas. Elle commence à piocher des éléments de ci de là, aidée dans ses recherches par les Morues, entre quelques (doux euphémisme) shots de vodka.

Titiou Lecoq mêle différents genres littéraires comme Alice la barmaid les alcools dans un cocktail. L'auteure dresse, pour son premier roman, toute une galerie de portraits vraisemblables. Ses personnages, trentenaires au moment des faits (2011), s'interrogent énormément sur le sexe, l'amour (si tant est qu'ils y croient encore), les relations hommes-femmes et sur les rapports humains en général, à un moment où Internet et réseaux sociaux explosent et changent définitivement la donne. Derrière l'allant et le brillant de fêtarde d'Ema en particulier se cachent des anxiétés et des questionnements plus ou moins existentielles, qu'elle essaie de remiser à coups de vodka et de bières. Pour Fred, c'est le Nesquik contre chagrins et angoisses. Et avec son intelligence hors catégorie et sa trop grande lucidité, il en a bien besoin... J'ai beaucoup apprécié ce personnage qui s'est mis en marge de la vie.

Enfin, à travers l'enquête souvent bancale sur la mort de Charlotte, Titiou Lecoq aborde les changements dans le champ étatique français, sous la présidence Sarkozy, avec la fameuse (fumeuse?) RGPP - entendre Réforme Globale des Politiques Publiques - ou comment opter pour une gestion libéraliste et entreprenariale de l'État et de la fonction publique. Pour l'avoir vécue de l'intérieur, certains des éléments apportés par l'auteure sont plutôt convaincants et réalistes.

Au final, en dépit de mes appréhensions, j'ai passé un plaisant moment avec Les Morues, même si ça ne restera pas LA lecture de l'année. C'est parfois bien de sortir de sa zone de confort, aussi large soit-elle. Aussi je me dois d'en remercier mon libraire qui m'a donné ce livre.
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Hum, les Morues , comment dire... Un livre très déstabilisant ...
Tout est dit sur la couverture . Un titre qui veut dire péripatéticienne en langage très , très populaire, et une jolie paire de gambettes appartenant à une Barbie, le symbole de l'enfance pour toutes les petites filles du monde.
Les Morues: Portrait d'une génération qui refuse de grandir?

C'est l'histoire d'une bande de trentenaires qui se retrouvent , gentiment pour commémorer la mort de l'illustre Kurt Cobain (le regretté chanteur du groupe Nirvana). Ils ne se voient plus trop ,happés par leurs vies professionnelles respectives. Surtout Ema et Charlotte qui ne se suivent plus que de loin , depuis un grave événement . Cela ne veut pas dire qu'elles ne s'aiment plus, juste qu'elles se sont éloignées. Mais quand Charlotte met fin à ses jours , pour Ema , c'est terrible . Elle n'y croit pas et décide d'enquêter sur ce qu'elle pense être un meurtre .

Le roman s'oriente alors vers le policier mais si peu ...
Ema ( journaliste ) suit une piste du coté du Ministère de la culture et des marchés publics , aidée par son groupe d'amis composé d'Alice, Gabrielle et Fred . (Et oui, il y a un homme dans le club des Morues ...).
Le roman prend un tournant sentimental et un peu trash , avec Ema qui a des soucis amoureux , son homme voudrait plus de stabilité quand elle voudrait plus de sexualité border-line.
Ema est un paradoxe , elle a été violentée et aime qu'on la rudoie .
Puis le roman s'oriente vers une dénonciation du monde contemporain et ses réseaux sociaux avec le personnage de Fred qui a crée un blog dont le succès le dépasse.
Ce petit bouquin , sorte d'OVNI littéraire veut brasser beaucoup de sujets et à mon humble avis s'éparpille un peu...
Oscillant sans cesse entre des idées très sérieuses, des références culturelles pointues et un ton très cru , ce livre peut heurter certaines lectrices .
La quatrième de couverture parle de "roman d'une époque , la nôtre". Cela aurait pu s'appeler : "confessions d'une enfant du siècle",si ce titre n'était pas déjà pris. Reste à savoir si ce livre est réellement représentatif des trentenaires actuels ...
Ce roman pourrait aussi être une play-list car à chaque fin de chapitres, l'auteur nous met 3 titres de chansons .
Je ne pourrais pas dire si j'ai aimé ou pas .
J'ai aimé l'amitié qui lie cette bande , le ton très actuel , le coté rock & roll ; j'ai été bousculée par la crudité et barbée par l'enquête ...

A vous de voir..
(Les Morues : un joli poisson d'Avril ? )

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critiques presse (3)
LeMonde
07 octobre 2011
Est-ce un polar, un livre drôle, la critique d'une société ? Un cheminement interne ? C'est tout à la fois. C'est le roman d'une morue qui ne regrette pas de vivre, même si parfois, c'est fatigant. Je referme Les Morues, j'aimerais bien le voir au cinéma, j'aimerais bien être Ema.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Actualitte
06 octobre 2011
C’est un réel plaisir que de lire cet ouvrage. Ambitieux, Les Morues offre une touche de féminité et de modernisme agréable dans l’ère du temps.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LeFigaro
23 septembre 2011
Son roman est un parfait miroir de la France des années 2000, celle de Pôle emploi et de MySpace, de la révision générale des politiques publiques, des plate-formes téléphoniques délocalisées et des bureaux en open space. Tout ce qu'on aime.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (162) Voir plus Ajouter une citation
« Et tu crois pas que c’est à cause du… enfin, tu vois… que tu réagis comme ça. »

Elle le regarda d’abord amusée puis brusquement ses yeux se fixèrent.

« Du viol Fred. Ça s’appelle un viol. Et non, ça n’a rien à voir. Faut pas expliquer tout mon comportement par rapport à ça, c’est un peu facile. J’ai juste envie d’égoïsme. Je ne veux pas m’enfermer et penser pour deux. Je veux d’abord exister pour moi plutôt que d’exister uniquement à travers les yeux de quelqu’un d’autre. Et que ce soit un mec ou une meuf, ça change rien. Pour être honnête, là tout de suite, la conséquence la plus évidente dans ma vie de ce viol c’est que je sois installée ici ce soir. Fred fit une moue d’incompréhension. Sans ce viol, je ne me serais jamais fâchée à ce point avec Charlotte. On se serait sûrement éloignées, c’est vrai mais pas brouillées. Et donc, je ne serais pas en train de me demander ce qui est arrivé à ma meilleure amie.

– C’est pas mes affaires mais j’ai jamais compris comment vous aviez pu ne pas être d’accord sur le viol…

– C’est pas sur le viol qu’on n’était pas d’accord. C’était sur ma réaction après. Elle ne supportait pas que j’en parle à tout le monde, que je continue à sortir en minijupe et que j’aie encore une vie sexuelle. Elle pensait que c’était malsain de ma part. et comme on s’était toujours tout raconté, elle m’a dit ce qu’elle en pensait. Elle aurait préféré que je fasse une dépression et que je porte la burqa. Elle m’a balancé des trucs très durs que j’étais incapable de lui pardonner. Elle a pas compris que quand je disais que ma vie n’était pas brisée, ça voulait pas dire que c’était pas dur à vivre. »
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Ema se réfugia dans un coin de la pièce et s’adossa au mur pour écouter cette discussion d’une oreille distraite. Une discussion entre gens sympas. Un couple et des amies. Ils se charriaient sur leurs compétences culinaires respectives. Il avaient l’air heureux de passer une bonne soirée tous ensemble. Comme elle aurait dû l’être avec Blester. Mais qu’est-ce qui déconnait chez elle ?
Ils parlaient de sujets quelconques d’une manière quelconque. Riaient de bon cœur à des plaisanteries anodines et des jeux de mots faciles. Ils parlaient, ils riaient, ils s’exprimaient tous d’une manière policée et le pire, c’est qu’ils semblaient en jouir. Les éclats de rire n’étaient pas forcés. Même Blester. De son poste d’observation, Ema le voyait se mouvoir avec aisance dans cette normalité qu’elle avait à tel point rejetée qu’elle se sentait désormais incapable d’en mimer les usages, d’en revêtir le costume. En les regardant effectuer ces gestes simples, répondre à ces codes qui, après tout, étaient là pour faciliter l’interaction sociale, elle fut prise d’une peur irrationnelle. En même temps que les battements de son cœur s’amplifiaient, s’énonçait dans son esprit la conviction simple qu’elle était en voie de marginalisation.
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Depuis son instauration quelques mois auparavant, le principe convivial de l'open space avait révélé un degré de perversité bien supérieur aux pires estimations des employés - qui, déjà, étaient assez proches de l'apocalypse.
[...] Le principe de contrôle, puisqu'il s'agissait bien de ça, était en réalité nettement plus élaboré. Il fonctionnait à plein régime grâce à une intériorisation de la surveillance. Même avec des collègues respectueux les uns des autres, personne ne pouvait s'empêcher de se sentir systématiquement pris en faute. Chacun était d'avance coupable et travaillait avec dans le bide un petit lot de trouille paranoïaque, d'inquiétude, d'insécurité.
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Le premier soir du mois , c'était la réunion mensuelle des Morues . Tout un concept . Au début, comme toutes leurs congénères féminines , elles se contentaient de discussions "de filles" qui consistaient la majeure partie du temps à trouver des explications pseudo-psychologisantes aux comportements de leurs alter ego masculins . Sur leurs réactions à elles, rien -si ce n'est une légère propension à demander " J'ai eu raison , non ? Vous êtes d'accord ? "- mais leurs comportements à eux , les hommes , étaient passés au crible , à la moulinette, au radar, aux rayons X . C'était un peu des discussions à la Tchernobyl .
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Charlotte représentait l'avant. Elles n'avaient jamais été "friends" sur MSN, Myspace , Facebook . Elles avaient été copines à une époque où sortir dans la rue avec un téléphone -oui, vous savez , un téléphone , pas ces petites merdes de la taille d'un paquet de cigarettes non, l'énorme cube en plastique qui trône sur un meuble et pèse trois tonnes -relevait du délire poético-surréaliste . Une époque où l'on se faisait engueuler parce qu'on monopolisait ledit téléphone familial toute la soirée . Une époque où l'on disait une phrase aujourd'hui absurde , "Excusez-moi de vous déranger, c'est Ema , je voudrais parler à Charlotte, s'il vous plaît ."
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Titiou Lecoq vous présente son ouvrage "Une époque en or : les aventures extraordinaires d'une famille ordinaire" aux éditions L'Iconoclaste. Entretien avec Sylvie Hazebroucq.
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