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EAN : 9782213705347
260 pages
Fayard (04/10/2017)
4.29/5   238 notes
Résumé :
Un jour, je me suis demandée : pourquoi est-ce moi qui ramasse les affaires qui traînent ? Je n’ai trouvé qu’une seule réponse. Parce que je suis une femme qui vit avec un homme et deux enfants et que, conséquemment, les corvées, c’est pour ma gueule.
Être une femme, ce n’est pas seulement l’idéal de minceur et de cheveux qui brillent, c’est le souci permanent des autres et du foyer, c’est être sans cesse ramenée à la saleté, aux taches, à la morve. L’égalité... >Voir plus
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« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd’hui, la lutte continue avec un essai féministe , Libérées ! le combat féministe se gagne devant le panier à linge sale, signé Titiou Lecoq.

Petite surprise, Méchante Déidamie ne me donne pas la réplique. Je vous lis le mot qu’elle m’a laissé : « Pas question de dire des trucs dégueulasso-sexistes, j’ai mon honneur, moi ! T’inquiète, je t’ai trouvé quelqu’un pour me remplacer. Il s’appelle Michel Lerelou. Bisous. »

Bon. Donc, nous voici, avec Michel Lerelou.

-Lectrices, j’ai hâte de vous connaître davantage. J’adore me faire de nouvelles amies. D’ailleurs, Déidamie, tu as quel âge ?

-Euuuh… « bonjour », c’est en option ? Et non, je ne te dis pas mon âge.

-Oh pardon. Je ne voulais pas être impoli. Bonjour, lecteurs !

-Mais c’est quoi, ce début ? Les lectrices, tu ne leur dis pas bonjour, uniquement les mecs ?

-Ah bon, il faut dire bonjour quand on s’adresse aux femmes aussi ? Ah, j’ai compris ! C’est pour l’égalité, c’est ça ? Bonjour, lectrices. J’ai hâte de vous connaître da…

-Bon ça va, ça va, on va s’arrêter là, je sens que ça va être long.
Or donc…

-Attends, Déidamie ! Je ne connais toujours pas ton âge ! Pourquoi tu ne veux pas me le dire ? Qu’est-ce que ça peut faire ? Tu sais, ça restera entre nous, promis…

-Mais ça ne te regarde pas, m’enfin ! Si je veux garder des infos pour moi, j’ai le droit !

-Ouais, mais moi, je trouve que si je veux savoir, tu dois me dire. Alleeeeez, combien ? 42 ? 80 ? Qu’est-ce que ça peut faire ?

-Ca fait que tu insistes comme un gros lourd et que si tu continues, je vais devenir vraiment très désagréable. Alors tu arrêtes ça tout de suite et tu apprends à respecter mes frontières personnelles ! LES BONNES MANIERES* !!!

-Tu le prends mal parce que tu es vieille. Je comprends, nous les jeunes, on est fougueux, j’espère que tu le comprends.

-Je comprends surtout que tu portes bien ton patronyme. Bon ! Reprenons.

Or donc Titiou Lecoq ne se reconnaît pas dans le mot « femme », cependant, elle n’en est pas plus homme pour autant. « Loutre » lui semble plus exact. Les années passent, elle vit en couple, puis en famille, et lutte désormais sans merci contre un nouvel ennemi.

Cet ennemi redoutable, implacable, au nombre infini de vies, quel est-il ?

La chaussette.

Etendu là, par terre, au lieu de rejoindre le panier de linge sale, ce petit vêtement, en apparence insignifiant, lui veut en réalité du mal, sous ses airs innocents.

Cette chaussette marque le point de départ d’une réflexion sur le partage des tâches ménagères. Pourquoi sont-elles aussi inéquitablement réparties ? Nous votons, nous travaillons, nous disposons de notre propre argent. L’égalité n’est cependant pas gagnée, et Titiou Lecoq démontre comment et pourquoi.

-Alors, j’ai pas de problèmes avec les féministes, d’ailleurs, j’ai de très bonnes amies féministes, mais ce livre est tout à fait dépassé ! Comme tu l’as dit, les femmes possèdent aujourd’hui tout ce qu’elles veulent : le travail, l’argent, l’autonomie. Le féminisme s’enlise dans des luttes complètement à côté de la plaque. Et en tant qu’homme, je fais ma part de boulot domestique ! Parfaitement !

-Vraiment ? Tu ramasses tes chaussettes, Michel ?

-Non, hahaha ! j’ai une femme de ménage pour ça. Et avant, c’était ma mère qui s’en chargeait : preuve que cette tâche incombe naturellement aux femmes. Je joue avec les enfants en revanche, je suis un père moderne.

-Jouer avec les enfants, ça ne compte pas dans le partage des tâches, parce que, d’une part, c’est ton devoir de parent, d’autre part, personne ne te méprisera parce que tu le fais, alors que le ménage, la cuisine, le linge, en voilà des tâches ingrates et injustement déconsidérées.

Le constat de Titiou Lecoq est amer : si désormais nous jouissons de plus de liberté qu’en 1944, nous restons néanmoins enfermées dans des carcans sexistes, et ce, sans même nous en rendre compte.

-Oh làlààà ! Encore une aigrie revancharde qui va culpabiliser les hommes d’être des hommes et qui veut bouleverser l’ordre naturel des choses : les femmes à la maison.

-Tu as lu le livre, Michel ?

-Non, pourquoi ?

-Alors ta gueule**, Lerelou.

-Oooooh ! dire des gros mots, pour une femme, c’est pas beau !

-D’accord. Veuille, je te prie, cesser séance tenante tout
commentaire commis dans l’aveuglement de ton ignorance. Ce criant manque de maîtrise du sujet et du texte ne manquera pas de te faire passer pour le roi des idiots.

Je parlais plus haut d’un amer constat, cependant le texte ne sombre jamais dans l’aigreur, bien au contraire. La réflexion est menée avec rigueur et humour. Le combat contre la chaussette maléfique est mis en scène, exagéré : il est donc hilarant et dédramatisé.

L’autrice dénonce le sexisme par la dérision, en pointant son absurdité : il en résulte un texte drôle, un ton léger pour un sujet qui ne l’est pas. L’ensemble est donc plaisant à lire, fluide et amusant tout en apportant une foule d’informations intéressantes.

Et lesdites informations entrent tristement en résonnance avec l’expérience. Le harcèlement, les responsabilités qui s’accumulent, les injonctions impossibles…

-Je ne vois pas pourquoi tu parles d’injonctions impossibles, Déidamie. Par exemple, une femme est plus belle maquillée, si elle reste naturelle.

-Donc, je suis plus belle avec un petit peu de mascara et avec mes poils aux jambes ?

-Ah non ! Ca, ce n’est pas naturel, les poils, c’est dégueu !

-Ah bon ? Pourtant, ils poussent tout seuls, comme mes cheveux ou mes ongles, n’entraînent aucune pollution… contrairement au mascara.

-Ce n’est pas pareil !

-Faut arrêter un peu la mauvaise foi, Michel. Les poils, c’est naturel. A partir du moment où tu t’appliques sur les cils un composé d’isododécane, de polymères et de pigments***, tu cesses d’être naturelle. Alors, la naturalité du maquillage, hein, tu rayes ça de ton vocabulaire pour l’éternité plus un, histoire que ça fasse bien toujours****.

Le livre ne contient pas qu’une analyse, qu’une réflexion nourrie de citations et de statistiques. Il propose aussi des pistes pour se déconstruire, pour lutter non seulement contre soi, parce que les réflexes sont acquis depuis longtemps, qu’on reste marqué.e par une histoire bien plus vieille que nous, mais également pour lutter avec/contre son compagnon, qui lui aussi a des siècles de clichés et d’habitudes derrière lui.

Il n’est jamais question d’entretenir une guerre des genres, mais au contraire d’apprendre à vivre ensemble… dans l’égalité et le soutien mutuel. »

*Chanson d’Ultra Vomit.

**Oui, bon, j’aimerais bien vous y voir, vous, avec Michel Lerelou. C’est la deuxième page Word et je n’en peux déjà plus.

***Composition de mascara water-proof.

****N’y voyez pas là une condamnation du maquillage, uniquement de cette bonne vieille hypocrisie « une femme est belle quand elle est maquillée tout en restant naturelle ».
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La case femme est trop petite, trop étroite, trop mince, trop injonctive

En introduction, Titiou Lecoq revient sur le passé proche, le temps de sa mère et son propre temps, l'ordre ménager et son assignation aux femmes, la jeunesse dans les années 80, les images recomposées de la « femme », une vie de loutre…

Puis la découverte de la vie en couple, « En fait, le principal truc qui me faisait râler sur ma condition de femme, c'est que je n'avais vécu qu'avec des mecs incapables de laver le linge », puis celle avec des enfants, l'écriture de livres, la double journée de travail, la charge mentale, « La femme qui m'a rattrapée, ce n'était donc pas celle des magazines, mais celle bien plus terrible, des statistiques », le souci permanent des autres et du lieu partagé d'habitation, « la préoccupation de l'ordre, du propre, de l'organisation : c'était être sans cesse ramenée à la saleté, les tâches, la morve », le débordement et l'élasticité du temps réduisant le temps et l'espace à soi, l'impression d'être seule et seule responsable de cette lézarde devenue menaçante, « Une faille que je semblais être la seule à ressentir – ce qui évidemment la creusait encore davantage », une vie dite normale « mais j'avais l'impression d'être sur le Titanic, rattrapée par un iceberg dont j'avais pensé qu'il avait fondu une dizaine d'années avant ma naissance » (un bien juste façon de souligner que contrairement aux dire de certain-e-s, l'égalité n'est pas déjà là…)

Une chaussette, « comment expliquer sa présence, récurrente par terre ? », la disparité vertigineuse indiquée par les statistiques sur le travail domestique et ses innombrables corvées, le ménage emmerdant, la multitudes de minuscules gestes isolés effectués presque sans réfléchir, cet invisible qui ne devient visible que « quand personne ne le prend en charge ». L'autrice fournit quelques éléments chiffrés de cette situation « désespérément stable », des automatismes sexistes dans la vie de tous les jours, de l'insupportable supporté…

Je souligne particulièrement le chapitre sur la charge mentale, « sorte d'infra-pensée », véritable travail de gestion et de planification totalement invisible, empiétement sur tous les temps – y compris professionnels – « Faire tourner la maison ne se limite pas aux moments passé à la maison », l'absence de temps à soi (de temps de vraie glande), le jonglage entre des espaces différents, la navigation entre les temporalités, « l'espace-temps des chaussettes qui traînent semble être différent du nôtre », l'absence d'« arrêt de maison » comme il y a des arrêts de travail, les confections de listes…

Titiou Lecoq déploie ses analyses, souvent avec humour, tire les fils permettant de comprendre. Elle aborde, entre autres, les diktats de l'apparence, les apprentissages historicisés pesant sur les femmes, les reports de charges sur l'autre, « on me met devant la chaussette accomplie », les activités nécessaires et dévalorisées, le genre des gestes du ménage, l'argument de la disponibilité (et pourtant les hommes travaillent moins que les femmes mais gagnent plus d'argent), les répétitions, l'exigence de propreté et la négation des conditions matérielles pour la rendre possible, l'invisibilité et la sédimentation des gestes quotidiens, les effets des rapports sociaux, l'enseignement ménager, l'hygiénisme, l'« objectif moral du balai », l'invention de l'instinct maternel, l'ordre et le désordre matériel et moral, le dévouement, la société de consommation et « la libération de la femme », la mixité, les paquets de linge sale, les mâles préoccupations pour les activités de jeux et de socialisation, le chantage au temps volé aux enfants…

Qu'est ce qui ne change pas derrière ce qui a changé ? Les rapports aux enfants, l'individualisation, le niveau de scolarisation, le contrôle des naissances, la mère effaçant la femme, le bien être des enfants, la bienveillance envers elles/eux, la culpabilisation des mères (mais pas celle des pères qui restent avant tout des hommes), les nouveaux visages du mépris envers les femmes…

Comme l'indique l'autrice, il y a bien une « mystique naturelle », des partisan-ne-s d'un « ordre « naturel » qui n'a jamais existé ailleurs que dans leurs rêveries réactionnaires ». Il y a aussi l'oubli des femmes qui hier mourraient lors de l'accouchement, des femmes qui « mouraient intérieurement de se priver de leur vie », des femmes et de cette « vrille dans le cerveau qui ne nous fait voir que ce qu'on ne fait pas »…

A la « mystique naturelle », il convient d'ajouter la « mystique maternelle », celle de la « bonne éducatrice ». L'autrice revient sur l'autonomie des enfants, celle-là même qu'il convient de favoriser mais qui prend du temps, ce qui engendre de grosses fatigues ou des « sur-sollicitations » de femmes. Il faudrait s'interroger sur les lieux possibles et le type d'adultes bienveillant-e-s les plus adéquats pour favoriser cette autonomie. Je ne suis pas sûr que cela soit le cadre familial, le renvoi aux univers domestiques et donc « maternels » dans l'état des choses actuels. Comme l'indique Titiou Lecoq, si des femmes de sa génération avaient l'illusion de tout pouvoir avoir, cette illusion « finit écrabouillée par le principe de réalité ».

Qu'est-ce qu'être un parent-e ? Ce qui est sûr c'est qu'être « maman » n'est pas un métier, ni un destin… Ne faudrait-il donc pas « un vrai service public de la petite enfance et une reconnaissance des personnes qui y travaillent » ? (une réponse sociale et politique à la question que je posais au paragraphe précédent)

Titiou Lecoq, poursuit avec « La vie rêvée des femmes », « Un univers enfantin », « Etre partout chez vous »… Elle discute des responsabilités et des mensonges, du fantasme de la maîtrise, du rapport fantasmagorique avec la maison idéale, de la perte du réel, de la réassignation des femmes au domestique. le domestique et la création de la « sphère privée », l'homme « Sujet », la femme « Autre », le dehors perçu comme un lieu de danger.

Comment donc ne pas sourire avec l'autrice et ce retournement biologique humoristique : « Grâce à son appareil génital rangé à l'intérieur, la femme pourrait affronter le monde sans craindre de se blesser, alors que les hommes, avec leurs fragiles testicules exposés, nécessitant une certaine température pour produire des spermatozoïdes efficaces, devraient attendre sagement à la maison ».

Dehors un espace en commun, mais… l'occupation physique par les hommes des espaces, les attitudes corporelles envahissantes, le harcèlement, ceux qui se sentent autorisés, les regards et la sexualisation des femmes, la persistance de l'idée de « tenue décente », l'espace sonore, le parler fort, le parler à la place…

L'autrice revient sur les « affaire » DSK, Baupin, les propos à la machine à café, et l'inversion des causalités, « Mais alors, on ne peut même plus regarder une jolie femme, s'indignent certains. Et je comprends qu'ils s'offusquent, parce qu'ils ne savent pas, ils n'ont pas vécu cette expérience d'être un cul. Et bien non, vous ne pouvez plus regarder les femmes comme avant, si c'est avec une bite au fond des yeux » (les hommes ont conscience, ils savent…).

Le privé est et reste politique. Les inégalités ne sont ni résiduelles ni marginales. Les solutions sont donc politiques et collectives. L'égalité n'est pas une notion naturelle. Il ne faut plus attendre, « on est fatiguées », « on est débordées »… « Il est temps de se réveiller. Il ne s'agit pas de se contenter de jouer un rôle de vigie pour préserver les acquis, mais d'avancer. Et cela nécessite d'essayer d'imaginer le monde réel tel qu'il pourrait être plutôt que tel qu'on nous le donne à voir »…

Et maintenant ? Ecriture et dévoilement. Prendre une autre route, « celle qui me plaisait »…

L'ouvrage est complété par quatre annexes : Trois tests ; Origines de la division sexuelle du travail ; Invention de la femme au foyer ; Paulette Bernège.

Le titre de cette note est extrait de la conclusion.

Un livre écrit simplement, qui serait drôle s'il ne parlait pas de saleté, de caca, de linge qui traine, de morve, d'une organisation sociale profondément inégalitaire, de la domination organisée des hommes sur les femmes. Un livre pour toustes, et surtout pour les tous, justement pour ceux qui détournent l'attention de leur auto-dispense des tâches domestiques et de la charge mentale qu'elles génèrent…

Lien : https://entreleslignesentrel..
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Je découvre Titiou Lecoq avec cet essai féministe, l'envie d'écrire cet essai vient à l'auteur après une énième chaussette sales se trouvant dans son appartement.

L'auteur se questionne donc à ce sujet pourquoi les hommes ne voient pas ou ne se soucient pas autant que les femmes de ce genre de chose, tout comme faire le ménagé, faire la lessive etc...

Puis lorsque Titiou Lecoq a des enfants elle pense que cela va rééquilibrer le partage des tâches ménagères mais c'est tout le contraire qui se passe, elle doit donc enchainer deux journées en une celle de femme active puis en rentrant chez elle celle de super-maman.

Elle évoque également le fait que jusque dans les années 80 les tâches ménagères été enseignées en cours, (cours de couture etc....).

Comme quoi rien n'a véritablement changé depuis les années 50 alors que l'on pourrait croire le contraire.

Un essai que j'ai beaucoup apprécié.
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Ce livre est un essai autour de la condition de la femme. Tout commence avec un constat simple : c'est toujours la femme qui fait l'essentiel des tâches ménagères dans la maison et ce même dans les couples qui se disent et se pensent égalitaires. La question que pose l'auteur est simple : pourquoi ? Pourquoi l'égalité homme-femme est-elle encore si loin d'être atteinte ? Pourquoi peut-on sans peine imaginer de mettre un tee-shirt bleu à une fille mais beaucoup moins facilement de mettre un tee-shirt rose à un garçon ? Pourquoi dans les cours de récréation les garçons occupent la place centrale tandis que les filles se retrouvent sur les côtés ? Pourquoi une femme ne peut pas se promener seule la nuit contrairement à un homme ? Pourquoi internet, via les blogs notamment, est-il en train de remettre au goût du jour la notion de femme au foyer dans ce qu'elle a de plus culpabilisant ? Au départ j'étais un peu méfiante à cause de la nature même du texte : un manifeste féministe. Je me disais, comme beaucoup, qu'on avait déjà fait de grands progrès dans ce domaine et j'avais un peu peur d'un texte trop agressif et du coup inefficace. Mais ça n'est pas le cas. Chaque chapitre nous amène à réfléchir à notre place dans la société en nous donnant en plus un éclairage historique (la femme au foyer est en réalité une création assez récente). C'est à la fois instructif et drôle grâce au ton employé par l'auteur. Et, en le refermant un constat s'impose, l'égalité est loin d'être acquise, on est sur la bonne voie mais la route est encore longue… Pour finir une petite citation que Titiou Lecoq nous offre et qui résume tout : « Etre féministe, c'est comme être enceinte. Tu l'es ou tu ne l'es pas. Tu crois à l'égalité pleine et entière entre les hommes et les femmes ou tu n'y crois pas » (Chimamanda Ngozi Adichie, Chère Ijeawele).
Lien : http://monpetitcarnetdelectu..
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C'est le troisième livre que je lis de Titiou Lecoq (non je ne les ai pas lus dans l'ordre de parution) et je peux dire que j'adore son style ! Son franc-parler est à la fois expressif, incisif et plein d'humour. Son propos sur l'inégalité des tâches ménagères et celles liées aux enfants sonne si juste que je n'arrêtais pas de m'exclamer (dans ma tête) : « C'est tellement ça ! ». Même de bonne volonté, les hommes n'imaginent pas la charge mentale qui pèse sur les femmes, encore plus quand on devient mère. Et quand l'autrice affirme que la maternité n'est pas un sacerdoce, qu'il ne faut pas abandonner « sa singularité, ses désirs et ses besoins », elle me conforte dans mon point de vue !

Mais ce qui est intéressant surtout, c'est de comprendre l'origine (psychologique, sociale, historique) de tout ça. On apprend beaucoup de choses avec les essais de Titiou Lecoq ! Par exemple que l'enseignement ménager a été mis en place en 1907 à l'initiative d'Alexandre Millerand, futur président de la République, afin de prévenir les épidémies. Que l'option facultative a été maintenue au bac jusqu'en… 1984 ! Cependant n'aurait-il pas mieux fallu ouvrir cet enseignement aux garçons pour lutter contre les inégalités domestiques ?

J'ai été bluffée par certaines analyses, comme celle sur le sac à main (« Il est une aide et une protection contre le monde qu'on perçoit comme potentiellement agressif ») et sur la répartition/l'appropriation de l'espace public (notamment les transports en commun et la cour de récré) dans lequel les filles/femmes « apprennent à se tenir en retrait » dès le plus jeune âge car les garçons/hommes s'y imposent : « Ce n'est pas normal de se sentir en danger dans la rue, quelle que soit l'heure. » Tenir une femme pour responsable de son agression, « cela revient à dire aux hommes que c'est normal d'agresser une femme la nuit, et que l'anormalité, c'est la présence féminine dehors à des heures indues ». L'espace extérieur est aussi genré que la maison…

Dès lors, comment changer les mentalités ? Comme le disait déjà la journaliste Françoise Parturier dans sa « Lettre ouverte aux femmes », il nous faut de l'audace ! Il faut oser (refuser de ramasser la chaussette, envoyer balader les gros lourds), arrêter d'avoir peur (de ne pas pouvoir, d'être empêchée, d'échouer, d'être ridicule, du qu'en-dira-t-on), arrêter de culpabiliser, cesser d'être « prisonnière de vous-même ». Et elle nous donne cette force, Titiou Lecoq ! D'affronter le monde, d'affirmer ses choix. Son engouement est communicatif, et même galvanisant !

Il est également primordial que les hommes participent au mouvement : « Il faut que chaque homme décide d'en faire plus chez lui. Que chaque femme lui laisse la place ». Combattre l'éducation genrée, cela marche dans les deux sens. Si mettre un t-shirt bleu à une petite fille « passe pour un acte politique qui vise à la libérer d'un déterminisme négatif », « un garçon qui s'aventure dans la « pink zone » est perçu comme déviant… Les pères ont donc « un rôle de modèle essentiel » : sujet d'identification, ils doivent montrer l'exemple. le plus grand challenge pour eux est sûrement de parler d'émotions à leur fils… Mais l'égalité, c'est aussi valoriser ceux qui pratiquent un métier considéré comme féminin (travailler auprès des enfants).

Alors, stop à la dichotomie homme/femme ! Commençons déjà par être soi, « c'est si difficile »…
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Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
On ne doit pas sacrifier nos vies - ni à nos enfants, ni à une entreprise. Dans "tout avoir", il faut distinguer le "tout" que la société nous impose, soit être la meilleure dans notre boulot, notre maternité, notre sexualité, nos amitiés.
Et le "tout" qui est simplement se demander ce qui nous rend heureux/se.
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Être une femme, c’est se soumettre à une autodiscipline que les hommes n’imaginent pas, dont nous avons nous-mêmes à peine conscience. Et ce pli de l’esprit ne s’arrête pas à notre enveloppe corporelle, il s’étend à notre caractère, nos humeurs, nos tempéraments. Il ne faut pas déborder. En tour de taille, en volume sonore, dans nos réactions. Celle qui déborde est grosse, vulgaire, hystérique. La femme idéale est comme une ombre qui porte un corset psychologique.
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Oui, vous pouvez tout avoir. Vous ne devez pas, hein.
Faites vos choix, faites ce qui vous plaît vraiment.
Vous n'avez pas à être Wonder Woman, sauf si vous voulez être Wonder Woman.
Et si vous voulez tout, alors prenez-le.

Mais mon conseil, mes jeunes ami(e)s, ça serait de le faire maintenant. Si vous avez des projets professionnels ou pas professionnels, si vous voulez tenter des choses, devenir champion de macramé ou partir à l'autre bout du monde, faites-le maintenant. Faites-en le plus possible dès maintenant.
N'attendez pas je ne sais quel signe du ciel, parce qu'il ne viendra pas et qu'il sera trop tard.
Donnez-vous les moyens dès aujourd'hui.

Parce qu'ensuite, si vous décidez d'avoir des enfants, pendant au moins quelques années, vous ne pourrez plus tout avoir, tout faire, vous serez prise dans un quotidien de gestion qui paraît sans fin. Mais vous pourrez capitaliser sur ce que vous avez fait avant.
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[L'auteure décrit ses week-ends où elle ne cesse de travailler, s'occuper de ses enfants (malades ou non) et ne pas faire de pause, mais travailler en freelance]
A côté de ça, il y a ton travail. Ton travail parce qu'il faut gagner des sous et puis ton travail parce que t'aimes ça, parce qu'on te propose des trucs intéressants, que tu as envie de les faire et que tu as toujours dit que, dans la vie, tu ne serais pas comme ces gens qui renoncent à faire des choses cool.
Alors tu dis oui, mais il y a une mécanique derrière.
Plus tu fais de choses, plus on t'en propose.
Alors plus tu en acceptes. Et c'est génial.
Jusqu'au jour où tu passes à la caisse. Où tu te rends compte que ce n'est plus possible.
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Je ne veux pas être la personne qui ramasse la chaussette en silence. Je ne veux pas commencer à considérer que c'est normal, tant pis pour moi. Parce que, dans ce cas, c'est la porte ouverte à mon naufrage. Mais être la personne qui attend le soir pour agiter ladite chaussette sous le nez de son compagnon en lui demandant sur une échelle de 1 à 10 combien il estime se foutre de ma gueule, ça ne me fait pas trop rêver non plus.
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Vidéo de Titiou Lecoq
Titiou Lecoq vous présente son ouvrage "Une époque en or : les aventures extraordinaires d'une famille ordinaire" aux éditions L'Iconoclaste. Entretien avec Sylvie Hazebroucq.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/3045057/titiou-lecoq-une-epoque-en-or-les-aventures-extraordinaires-d-une-famille-ordinaire
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