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EAN : 9782702825167
le club (01/01/1999)
3.87/5   15 notes
Résumé :

Les morts qui reviennent ont une histoire.

A partir des récits anciens, de rites et de coutumes funéraires subsistant parfois de nos jours, Claude Lecouteux tire de l'oubli les fantômes et les revenants d'antan, jusqu'alors négligés par les historiens.

Le Moyen Age de l'Europe du Nord offre, dans notre civilisation occidentale, un champ privilégié pour décrire le retour des défunts et retracer le combat que l'Eglise leur li... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Trouver un livre sur ce thème relève de la chasse aux trésors. Et je ne remercierai jamais assez l'amie qui me l'a offert. Il s'agit d'un essai complet sur le sujet, ou, du moins, il se veut au plus près de cela. Il prend appui sur la littérature nordique notamment pour expliquer la façon dont étaient gérés les défunts et leur âme. Ainsi, le livre se divise en quatre parties. Une première partie que je qualifierai de "terre à terre". Ne voyez-là rien de péjoratif. Claude Lecouteux met à notre disposition tous les rites funéraires. La deuxième va s'intéresser aux vrais et faux revenants. Les vrais reviennent de leur plein gré, investis d'une mission. Les autres sont des récalcitrants le plus souvent. La troisième met en relief l'âme et l'au-delà. Elle va mettre en avant les différentes croyances mais également l'influence de la religion sur les pensées. Quant à la quatrième, elle souligne tout le folklore créé autour de ce thème. On se rend compte que la mort rebute et fascine. Peu importe les siècles ou les populations, elle a toujours intrigué. C'est pour cela qu'on la retrouve dans les textes, dans la tradition orale, dans les dessins ou les tableaux.

Si l'auteur s'est surtout attaché à prendre des exemples dans la littérature nordique - ce qui peut se comprendre puisqu'il est spécialiste de cette dernière -, il s'est tout de même intéressé à la société romaine, la confrontant ainsi à la société germanique et scandinave. C'est le seul petit bémol que j'ai à faire. J'aurais aimé en savoir plus sur notre société médiévale. Il reste à noter qu'il fait également référence à l'archéologie.

J'ai vraiment apprécié ce livre, pour plusieurs raisons. La première est qu'il traite d'un thème qui est, à la limite, un tabou (la mort) associé à une superstition pour certains, une réalité pour d'autres. Il ne prétend en aucun cas clore le débat. Peu de livres en parlent aussi bien. La deuxième est qu'il est extrêmement bien documenté et détaillé. La dernière, enfin, est qu'il est facile d'accès. On sent que Claude Lecouteux est à la fois un passionné, un spécialiste et, surtout, un pédagogue.

Alors, si le thème vous tente, n'hésitez pas !
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Postface : Régis Boyer

ISBN : 9782902702336

Evidemment, il faut aimer le sujet et s'y connaître un minimum en mythologie non seulement médiévale française mais aussi scandinave (norroise), saxonne et même celte. Mais l'ouvrage est passionnant et ne tombe pas dans l'erreur du jargon spécialisé (malgré quelques termes qu'on ne peut éviter ici et là .)

Déjà, Lecouteux pose une différence entre le "fantôme", évanescent par nature, ectoplasmisque, capable de disparaître comme la brume ou la fumée, et le "revenant." Celui-ci, au Moyen-Age en tous cas et sous différentes latitudes, semble conserver son corps (et sans "gore" zombiesque dans le procédé), une chair où les doigts s'enfoncent mais dont ils ne sortent pas couverts de pourriture même s'il arrive aux revenants d'être de couleur noire. J'avoue que, en lisant les nombreux passages consacrés par Lecouteux à la question, j'ai pensé - l'auteur en parle même à un certain moment - que le personnage du vampire était susceptible de trouver ses origines dans ces revenants dont l'un au moins, en Islande, semble non pas boire le sang mais s'attaquer à la chair de ceux qu'il a sous la main.

Lecouteux souligne aussi les traces indéniables de transmission entre les traditions funéraires scandinaves et les traditions celtes, les deux peuples ayant eu, semble-t-il, en bons marins, de nombreux rapports.

Tout ce qui concerne la mythologie norroise est d'ailleurs particulièrement intéressante. Bien sûr, le livre de Lecouteux traite avant tout des traditions funéraires mais il ne peut le faire sans évoquer l'esprit du peuple qui les pratiquait. Les mythologies scandinave et germanique se partagent Odin et Hel - le premier étant une divinité guerrière certes mais plutôt bienveillante, Hel, fille de Loki, l'esprit du Mal, régnant sur ce qui équivaut aux Enfers. On voit bien aussi combien les peuplades d'Europe du Nord - parce que les conditions climatiques le leur permettaient sans trop d'effort - ont entretenu la coutume des veillées et des banquets funèbres, qui débouchent tôt ou tard sur la tradition, toujours respectée en principe en Bretagne dans certains milieux pour la Toussaint, ainsi que dans les pays scandinaves pour la Fête des Morts, du couvert réservé à table au défunt de l'année.

Celtes, Scandinaves, Saxons, Germains, tous semblent avoir considéré comme normale la vie des revenants en tant que parallèle à celle des vivants. S'il existe des "revenants" mauvais et aigris - il faut dire qu'ils l'étaient déjà pas mal de leur vivant - se dressent à leurs côtés des revenants sympathiques et protecteurs qui, pour leur part, rappellent les dieux lares de l'Antiquité. Les premiers rôdent et rendent la vie impossible aux survivants, les seconds se promènent et gardent l'oeil ouvert sur leurs descendants au cas où ...

Au Moyen-Age, vivants et morts font "bon ménage" - n'enterrait-on pas dans les églises d'ailleurs ? La foi est vive, certes mais cette foi ne concerne pas seulement Dieu, quel qu'Il soit. Car, si l'on croit en Dieu, on croit à la survie des morts. Et peut-être est-on tenté de croire plus facilement à la survie des morts qu'à Dieu parce que, les morts, on les a connus.

Autre détail qui fait réfléchir : pour les peuples non encore christianisés ou sur le point de l'être, la mort n'est qu'une étape qui débouche effectivement sur une autre forme de vie. Cette certitude absolue, le christianisme ne semble pas avoir réussi à la supprimer. Il l'a donc adaptée plus ou moins, tout en se gardant bien d'adopter l'idée d'une quelconque réincarnation. Les différents avatars que cette religion va à son tour traverser lui permettront par la suite d'aboutir, en tous les cas, chez certains croyants, à une vision moins rigide et plus audacieuse de la Mort, comprise comme une espèce de "porte" amenant l'esprit à un autre niveau.

Les universitaires qui ont étudié le sujet bien plus profondément que moi me pardonneront d'utiliser mes mots profanes pour exprimer tout le plaisir que j'ai pris à lire ce document, à la fois simple mais détaillé et, il me semble, des plus sérieux. (Il m'incite d'ailleurs à me procurer le livre que Lecouteux a consacré à la croyance aux vampires.) En outre, je signale que le lecteur intéressé pourra y trouver des parallèles entre certaines coutumes très anciennes, comme les poignées de terre jetées sur la dépouille et qui, aux origines, étaient toujours au nombre de trois (très symbolique) et celle que, de nos jours, aux inhumations, nous continuons à jeter sur le cercueil du défunt. Geste très parlant, destiné au départ à signifier au défunt qu'il devait désormais rester dans sa tombe et accepter son nouveau statut, cette coutume s'est transformée au fil des siècles en un "au revoir" moins tragique quoique toujours très émouvant, par lequel nous manifestons qu'un jour, nous qui versons aujourd'hui cette poignée de terre en hommage à celui qui nous a quittés, nous le rejoindrons nous aussi, poussière revenue à la poussière. C'est un au-revoir, non un adieu et la promesse solennelle de nous retrouver dans l'Au-delà.

A lire. Si le sujet vous intéresse et si le passé vous passionne - mieux encore, si cela vous rassure de constater que le passé survit, souvent apaisé et débonnaire, dans notre présent. .

Nota Bene : et, en plus, la jaquette est très belle. ;o)
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Un live que j'ai trouvé très intéressant.

Il n'est pas toujours facile de comprendre les croyances des uns et des autres, encore plus dans des temps éloignés où la science n'expliquait pas (presque) tout.
Comment comprendre les croyances dans les revenants ?

Claude Lecouteux nous propose ici de découvrir ce que sont ces revenants, dont certains sont « vrais » et d'autres « faux » et de savoir d'où ces croyances médiévales sont issus.
Grand spécialiste des cultures germaniques, l'auteur utilise beaucoup ses sources pour élaborer son propos, mais, grand érudit, il fait aussi appel à des connaissances antiques.
Je tiens d'ailleurs à signaler que les bases de cette étude étant principalement scandinaves et germaniques, il ne faut donc pas appliquer les idées développer au pied de la lettre pour le territoire français, même si certains liens sont faits.

Comme toujours, j'ai adoré lire cet ouvrage. Lecouteux est vraiment très doué pour rendre ses propos intéressants avec une érudition poussée, mais qui reste accessible pour tous les publics.

Nous apprenons donc qui sont ces revenants ? Pourquoi reviennent-ils ? Reviennent-ils tous de la même manière ? Sans oublier comment s'en débarrasser.
Avec toutes ses questions et ses réponses, on voit s'esquisser un univers mental particulier de la personne du Moyen-Âge entre culture païenne et culture chrétienne.

Petite remarque, il semblerait qu'il y ait eu plusieurs éditions de l'ouvrage en question. Comment il n'y a aucune remarque dans l'ouvrage, je suppose que j'ai la toute première ?

Un livre que j'ai vraiment apprécié, car il permet d'appréhender le Moyen-Âge à partir des croyances (et de la petite mythologie) et permet aussi d'avoir un autre regard sur cette période et sur ces gens.
À découvrir.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Les sagas ne parlent pas d'un usage que nous a révélé l'archéologie : dès le IIIe siècle de notre ère, au Danemark, dans l'île de Gotland (Suède) et en Allemagne du Sud des pièces de monnaie sont déposées dans la bouche des morts. À Hassleben (Thuringe) par exemple, un squelette avait dans la bouche un aureus de Gallien (253-268). On a cru tout d'abord qu'il s'agissait d'un emprunt à la Rome antique ; la pièce aurait servi à payer Charon, le nocher des enfers. L'hypothèse s'est révélée erronée et le droit germanique ancien apporte la réponse : il s'agit de la représentation symbolique de la part du mort. Le trépassé a le droit de conserver un tiers de ses richesses, ce qui, à l'origine, doit lui permettre de mener une vie décente outre-tombe. Le sens s'en perd au Moyen Âge où les lois font de nombreuses allusions à cette part, mais le souvenir s'en est bien conservé dans les traditions populaires.
Ici, on dit : "Il faut mettre de l'argent dans la bouche des morts afin qu'ils ne reviennent pas s'ils ont caché un trésor" ; et là on affirme : "Celui qui enterre son argent devra revenir tant qu'on ne l'aura pas trouvé." Tout un ensemble de contes et de légendes s'est développé à partir de ces notions, et plus d'une fois les spectres revêtent la fonction de gardien des trésors enfouis. (...) P45.
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Perdre la vie n'est certes pas agréable, mais être inhumé, c'est-à-dire relégué à l'écart et éloigné de la communauté des vivants, semble avoie été insupportable.
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