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Critique de Deti


Vive les challenges !
C'est grâce à eux que je suis souvent tombée sur de vraies pépites. Padre Padrone en fait partie sans aucun doute.
Ce roman autobiographique est l'histoire d'un apprentissage obstiné et contradictoire. C'est une réflexion profonde sur la relation père-fils et un regard réaliste sur le malheur des pauvres dans la Sardaigne d'après-guerre.
Il lui faudra des années à Gavino Ledda pour se rebeller contre un père qui connaît comme seuls moyens d'éducation, la rudesse et le travail acharné. Berger illettré jusqu' à l'âge de 20 ans, il sortira de sa condition, grâce à sa propre volonté.
Quelle vie ! Et quel talent pour la raconter !
J'ai beaucoup aimé la construction du récit, qui intègre des mots sardes et des chansons populaires.
J'ai lu ce livre lentement en m'arrêtant souvent, pour savourer toute la beauté de l'écriture et la profondeur des paroles.

Inoghe mi vaghe die
Cantende a Palma dorada
Tue in su lettu coscada
E deo frittu che nie…
« Et voilà bientôt le jour
Chantons Palma la dorée
Toi, couchée dans ton lit,
Et moi dans le froid de la neige »…

Si on se concentre bien sur les mots de cette chanson, on ne peut s'empêcher de penser à la vie de Gavino, qui était celle de tous les bergers sardes de l'époque.
Gavino Ledda n'utilise jamais un mot par hasard. le langage de la nature et des animaux est tellement enraciné en lui, qu'il devient sa marque de fabrique le temps d'un roman.
Il ‘bêle' son chagrin lorsque son père l'arrache à l'école à l'âge de 6 ans, ou il laisse la nature s'exprimer lorsque la solitude des pâturages lui pèse de trop : ‘tout le feuillage hurlait comme un loup affamé. Dans la solitude, la parole de la nature en colère dominait tout'…
Et quand le plaisir de la découverte de la musique prend le relais, voilà ce que cela donne :
‘Non, la nature, à présent, je la laissais parler comme elle voulait et je ne répondais point à ses discours…Dans ma passion, je devenais insensible au gel, pareil à une bûche brûlante qui craquait et étincelait même sous l'eau. (…) Après trois mois de solfège clandestin, le bois de ma passion se transforma en un joli tas de braise, où on aurait pu mettre à cuire le plus savoureux des rôtis musicaux'…
Un récit dur et optimiste, une prose superbe. Tout simplement inoubliable!

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