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Critique de miriam


miriam
17 septembre 2014
A six ans tout juste, le père de Gavino retire l'enfant de l'école pour en faire un berger, l'emmène dans la montagne au dessus de Siligo, dans le Logudoro – province de Sassari . Il apprendra dans la solitude - glacée en hiver – à garder le troupeau avec la seule compagnie du chien Rusigabedra, de l'âne Pacifico du bruissement des frondaisons des grands chênes-liège ou du torrent. Intimité avec la nature sauvage.
Quelques histoires de bandits sardes.

« Pédagogie » féroce du père : les coups de ceinture ou de branchages au moindre écart. Plus tard, il apprendra à traire et ira même livrer lait et fromage au village.
Apprentissage du métier de berger, mais aussi d'agriculteur. Piocher la vigne d'abord . Dès que l'enfant est assez grand on lui confie une paire de boeufs pour labourer et il devra louer ses bras aux autres métayers.
« la compétition dans le travail servait de fondement moral, elle permettait d'accéder au prestige social » et à la richesse. »
La famille Ledda, quittant le village pour vivre à la bergerie, vit dans une certaine sauvagerie, loin des écoles, des distractions et de la société des hommes. Mais avec le travail acharné du père, la richesse n'est pas loin : ils défrichent les chênes, bonifient les champs et la vigne. La fierté du père est l'oliveraie crée de rien, avec des pousses sauvages, dans une clairière. Les oliviers sont plus « les enfants chéris » du père que ses enfants humains.

« Ce combat effréné pour accroître notre bien, dans une rivalité acharnée avec les autres, n'était qu'un mouvement incontrôlé de notre inconscient, dans la quête rapace de « ce qui est à moi » opposé à ce qui est à toi » terrain obligé du devenir social »

Analyse Gavino Ledda

« chacun de nous était un arbre engagé dans ce combaat impitoyable et cruel en pleine nature : tous les bergers, une chênaie, plongeant à l'envi leurs racines dans le sol et élevant leurs frondaisons en cherchant à avoir le dessus »
Monde d'une cruauté et d'une violence terrible. Renards qui mangent les agneaux, agneaux que les bergers, les valets mal nourris se volent entre eux. Combat avec les éléments : le gel décima en 1956 l'oliveraie réduisant à néant les efforts du père, les sauterelles que l'on combat avec des moyens dérisoires….
Arrivé à l'âge adulte, Gavino, comme tous les jeunes du village, songe à émigrer. Retenu par son père il va s'engager. C'est à l'armée sur le continent que le jeune solitaire, illettré, ne parlant que le Sarde va découvrir la solidarité de tous ceux qui l'aideront à apprendre l'Italien, puis le métier de radio-monteur, puis à faire des études.
Gavino trouve sa voie, il étudiera. Malgré l'opposition du père, malgré les privations.
Et il deviendra écrivain et professeur.

Un chef d'oeuvre!
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