La vampire de Barcelone

Découverte fortuite que cette Vampire de Barcelone, dont la couverture ne laisse aucune place au doute. Une femme de dos, deux enfants terrorisés qui lui font face et en toile de fond, une ville coupée en deux, avec des usines sur la gauche et de belles façades à droite.
Il ne peut s'agir que de la « Vampira del Raval », Enriqueta Martí Ripollés (1868-1913), la « légende noire de Barcelone », considérée comme l'une des pires tueuses en série que l'Espagne ait connu.


Depuis quelques années, les aficionados à la criminologie s'inspirent ou enquêtent sur cette femme qui enlevait les enfants, les prostituait à de riches clients, les tuait pour en faire des onguents…Protégée par ses amis puissants, elle aurait possédé une liste de noms de tous les notables barcelonais, ce qui fit trembler les bourgeois et provoqua le classement de l'affaire une fois la macasse passée de vie à trépas dans sa prison.
Marc Pastor, qui signe l'épilogue de ce roman graphique, lui a consacré un roman, La mauvaise femme, tout comme Fernando GÓmez, auteur de l'introduction, qui a aussi écrit sur la « Vampire »  une monographie intitulée El misterio de la calle Poniente.
Vampire, sorcière, âme damnée, croquemitaine, la personnalité de cette femme mystérieuse qui mendiait en guenilles le jour, et paradait en femme du monde la nuit ne cesse donc de provoquer la curiosité des psychiatres, chercheurs, écrivains, à tel point qu'on décortique son cas, réexamine les pièces du dossier criminel, la dépeint en sorcière (La maison en chocolat de Claudio Cerdan), ou en pourvoyeuse de vices en pleine Semaine Tragique (voir le très bon polar Le sang dans nos veines de Bulnes). Quelle est la part de réalité, quelle est la part de la légende, puisque ce fait divers glaçant a très vite fait les choux gras de la presse et les délices de la rumeur publique?

Ce roman graphique était à l'origine un scénario de film, qui n'a pas vu le jour. Les auteurs, Miguel Ángel Parra et Iván Ledesma, et le dessinateur Jandro González en ont fait une oeuvre au parfum victorien, avec un scénario ouvert, qui offre au lecteur toutes les pistes, et jamais ne tranche. Barcelone y est terrifiante et superbe, avec de belles planches couleur sépia, une Barcelone scindée en deux, celle des très riches et celle des misérables qui meurent de faim dans les rues. La Barcelone de 1912 croquée par González ressemble au Londres misérable de Jack l'Eventreur.
C'est finalement le dossier informatif en fin de volume, riche de documents d'époque, de photographies et d'anecdotes qui m'aura le plus intéressée. Car le lecteur ne cesse de s'interroger. Qui était réellement Enriqueta Marti?

Cette bande dessinée raconte les faits réels, autour de l'affaire Enriqueta Marti, tueuse d'enfants, surnommée par la presse “Le Vampire de Barcelone”, qui opérait dans cette ville au début du XXe siècle. le trait est classique, les tons bruns, un peu ternes, le récit est romancé, s'appuyant sur la thèse d'une organisation, donnant à Enriqueta Marti un rôle de rabatteuse. Ne voulant pas s'éloigner de la réalité, le récit reste coincé dans une pudeur narrative, les théories audacieuses (sur le réseau) restant supposées, on ira pas plus loin que les traces que l'Histoire nous a laissé au dépens d'une intensité romanesque, l'intrigue devennant même parfois confuse. Je reste dubitatif comme souvent dans les histoires réelles de tueurs en série, toujours à la limite de la fascination morbide que je ne partage pas, on sent même un désir de concurrence avec un Jack l'éventreur de la part des auteurs catalans… Ce genre de récits me laisse indifférent, le style graphique ne m'a pas vraiment enthousiasmé non plus, le document est tout de même assez intéressant, mais ça s'arrête là.

L'exigence graphique du catalogue de cet éditeur est importante et quand on regarde ce Vampire de Barcelone, avec une préface, une introduction, un épilogue, une conclusion (le tout illustré de journaux d'époque dans une très bonne définition), un cahier graphique et la première BD réalisée, en 1912 sur l'histoire de la Vampire de Barcelone, on ne peut qu'être élogieux. Cela participe grandement à l'appréciation générale sur l'album et l'immersion du lecteur.

En 1912 toute la ville de Barcelone est en effervescence après la disparition d'une fillette dans le quartier populaire d'El Raval. Très vite l'enquête révèle une affaire qui n'a rien de banale et semble impliquer des personnalités de la haute société catalane. Entre la personnalité de la suspecte, surnommée "Vampire" et les difficultés de l'avancée de l'enquête, le juge Fernando de Prat voit son professionnalisme mis à rude épreuve...

La Vampire de Barcelone intrigue par son titre et une couverture qui fait penser à l'orphelinat du film Les trois brigands. La qualité des encrages (comme souvent chez les dessinateurs espagnols) et des couleurs saute aux yeux dès cette première image au design élégant. Les auteurs nous proposent une véritable enquête policière dont le suspens ne portera pas sur l'identité du criminel (la fameuse vampire sera arrêtée dès les premières pages) mais bien sur la mise au jour d'une machination dont on ne sait si le plus horrible est les actes de la criminelle ou le cynisme des dignitaires qui couvrent ses agissements. La mécanique du scénario est la classique découverte d'éléments successifs, reprenant les confrontations entre juge d'instruction et suspecte, découverte d'indices, intervention de tiers maléfiques etc. Mais l'on sent que nous avons surtout affaire à une chronique de l'époque, des moeurs de l'Espagne d'avant Guerre, une société corsetée dans ses classes sociales et des puissants qui se croient tout permis, y compris le plus flagrant viol de la morale chrétienne et sociale. Ce qui fascine c'est, comme dans tous les documentaires, la confrontation de la BD avec les documents d'époque, le fait de savoir que ces évènements se sont vraiment passés.

La lecture ne garde pas moins l'aspect thriller avec une machination très efficace à mesure que le juge de Prat découvre les protection dont jouit Enriqueta Marti, qu'il se fait agresser et que les pièces à conviction disparaissent. Nous avons ainsi tout le long ce qui fait le sel des films à dossier avec des officiers idéalistes bataillant avec la procédure malgré des preuves qui devraient condamner l'auteur du rapt très rapidement. le rythme n'est pas entrecoupé de coups de théâtres mais plutôt constitué d'une certaine linéarité dans la progression de l'enquête. Une sorte de tableau criminel où l'on se demande à chaque évènement si les véritables commanditaires historiques sont allés si loin ou si les auteurs ont pris des libertés. Les textes des annexes nous indiquent que le sujet a été relativement bien traité outre-Pyrénées dans la littérature et que la BD est bien restée au plus près des éléments connus, appuyée sur une documentation assez abondante dès les premières semaines des évènements. Totalement inconnu de par chez nous, on imagine néanmoins les cas similaires qui se sont produits dans l'histoire criminelle de notre pays au début du XX° siècle.

L'album nous permet de découvrir également un dessinateur (Jandro Gonzalez) de grande qualité, qui nous rappelle Jordi Lafebre et dont ce premier album BD en France laisse présager de très belle choses s'il devait continuer dans l'illustration album tant son talent, notamment dans les encrages et l'expressivité des visages, s'étend du réaliste-glauque au comique. le rendu des espaces (essentiellement huis-clos), la dynamique des cadrages et une colorisation très élégante en font un bon représentant de l'école hispanique, style que j'adore et qui montre une qualité technique et esthétique redoutable depuis quelques années dans la BD franco-belge.

Cet album est une étonnante surprise de professionnalisme qui montre l'ambition croissante de ce petit éditeur alsacien qui semble se spécialiser pour l'instant dans les auteurs espagnols et italiens. L'alliance de beaux dessins expressifs, d'une documentation de qualité et d'un scénario efficaces font que ce sujet inconnu qui n'avait pas vocation à intéresser outre Espagne deviens une BD grand public qui rend curieux et montre que bien traité tout sujet est passionnant.
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Je ne connaissais pas cette histoire de tueuse d'enfants dans les bas fonds et également milieu huppé de Barcelone. On va assister à l'arrestation de cette monstrueuse vampire en Mars 1912 (époque du naufrage du Titanic) et surtout sur les méandres judiciaires mouvementées qui ont suivi son arrestation.

On se rendra compte que cela ne sera pas facile pour le juge en charge de ce dossier tant il y aura des embrouilles et obstructions diverses pour l'empêcher de connaître la vérité. Les riches se sont souvent servis des pauvres pour leurs basses besognes. Et on dira encore une affaire de plus totalement étouffée.

Sur le plan formel, c'est assez bien dessinée avec de grandes cases. Je regrette juste une aridité de certaines scènes qui n'ont pas mis en valeur toute la profondeur de ce récit. Les auteurs ont fait ce qu'ils ont pu pour souligner le caractère singulier de cette tueuse en série hors norme.

BD

"La vampire de Barcelone " d' Ivan Ledesma (Auteur), Jandro Gonzalez (Illustrations), Miguel Angel Parra (Illustrations) (120p)
Ed. le Long Bec.

Bonjour les fous de lectures...

Voici l'histoire de l'arrestation et de l'enquête empêchée d'une des pires tueuses en série d'Espagne, Enriqueta Marti, en 1912.

Enriqueta Marti est une intrigante qui servit vraisemblablement de pourvoyeuse d'enfants pour des gens très importants de Barcelone… En tout cas suffisamment importants pour que l'affaire soit étouffée.
Ayant sévi pendant plus de 20 ans elle reste à ce jour une des plus grande tueuse en série d'Espagne.

L'histoire était attractive et le graphisme joli, dommage que la narration soit si confuse.
le lecteur s'y perd.
Heureusement, en début et fin de volume, il y a un dossier informatif apportant des informations importante éclairant un peu notre chandelle.

Dommage pour ce méli-mélo narratif qui a gâché le plaisir de lire l'histoire de la satanique Enriqueta.