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EAN : 9782070367160
128 pages
Gallimard (09/05/2000)
3.48/5   22 notes
Résumé :
Sous la lucarne de sa chambre, une vieille fille calcule. Elle répartit sur huit jours six pommes de terre, un peu de café, quelques morceaux de sucre. Elle a faim. Pour tromper sa faim, elle se promène dans son quartier. Des souvenirs la traversent, venus de son enfance provinciale dans une famille bourgeoise. Elle était toujours dans la lune et, depuis la mort de ses parents, elle a, en quarante années de solitude et de sauvagerie, dissipé sans joie son héritage d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Ce livre ne m'est pas tombé des mains....il arrache à l'ombre tant de richesses'...comme écrivait Simone de Beauvoir dans la préface à La Bâtarde. Un récit envoûtant, plein de tendresse et de pudeur. Très personnel et féminin. La femme au petit renard fait penser à Giulietta Masina... elle enveloppe du regard les balançoires, court vers l' escalier du métro, sort une clé de sa poche, désoeuvrée déclame des programmes de bonheurs jamais atteints, se souvient, rêve, pense à ses morts, a envie de mourir, se rétablit, se raccroche à son sac à main. Un petit pain au chocolat la nargue. le fracas du métro aérien. le monde est lourd à porter, elle le porte. Elle va et elle vient, parle aux objets, qui l'interpellent: meubles, châle, buffet, chapeau cabossé, paillasson. Les passerelles, les marchepieds, une péniche, un trottoir, une bâche, la guérite de la vendeuse de billets de loterie, un demi morceau de sucre au bout d'une ficelle. le flic-flac de ses chaussures trop grandes. La litanie des publicités. Un marronier la meurtrit. L'émoi des lumières reflétées dans la Seine. Ses va-et-vient dans Paris à pied. le quai de la station Strasbourg-Saint-Denis. La concierge. le marchand des quatre-saisons. La cour du Louvre. M.Dumont-Boigny. le grondement d'un train lancé. Son petit renard aux yeux ronds de boutons de bottines nous fend le coeur, 'j'ai faim mais je peux attendre, lui dit-elle'. de quoi avons-nous faim? la vie, oh la vie, ce n'est pas grand-chose, mais c'est énorme, et fabuleux, dans la langue inspirée, transpirée et inspirante, étincelante de Violette Leduc: une coulée de poésie. On en sort ravigoté. On lui doit encore ça.
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Violette Leduc est réputée pour son style. Et je reconnais qu'il y a chez elle quelque chose de l'ordre de la poésie, quelque chose qui dit les choses sans toujours les nommer explicitement, quelque chose qui nous touche. Je dois ajouter cependant que, pour moi, ce qui fait la « bonne littérature » n'est pas seulement une question de forme mais aussi de contenu, de l'histoire que l'auteur veut partager avec nous, ses lecteurs. Et, en l'occurence, je ne trouve pas chez cette autrice l'incitatif à tourner les pages, à en savoir plus, comment ça va finir… Dans ce roman, précisément je me trouve à entrer dans la vie terne d'une femme démunie, que la pauvreté extrême et la faim rongent et dont le quotidien n'offre que le maigre espoir de survie jusqu'au lendemain. Elle a faim au sens premier du terme mais aussi faim de contact humain, d'affection. C'est bien narré certes mais ce misérabilisme, s'il m'a émue, ne peut selon moi faire l'objet à lui seul d'un bon roman. Heureusement, celui-ci est court, presqu'une nouvelle et, si j'ai mis plusieurs semaines à le lire, c'est que je l'abandonnais provisoirement, trahissais en somme son autrice pour un/e autre.
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Encore un exploit stylistique de Violette Leduc.

Une femme d'une soixantaine d'années et d'une pauvreté extrême vit dans une mansarde à Paris.

Elle circule sans cesse dans les rues. Famélique, dans un état second, elle privilégie encore sur la nourriture les indices qui lui apportent la sécurité dont elle a besoin pour se maintenir en vie et tente de faire sien un environnement indifférent : telle ligne de métro, tel banc sur lequel un homme mange tous les jours les mêmes bonbons à la menthe, telle terrasse de café où des jeunes filles boivent à la paille du coca-cola, telle crêperie, mon Dieu quel parfum !

De toute ses dernières forces elle introduit de la douceur et de la bienveillance dans tout ce paysage urbain, en espérant sans doute qu'il le lui rendra quand elle viendra à tomber d'inanition sur le trottoir : que Paris est beau et doux, les passants bienveillants, comme le pavé brille joliment...

La narratrice s'efforce de ne rien dramatiser pour ne pas céder à la panique qui la mord aux mollets et martyrise son estomac ; le désespoir n'en suinte pas moins de son dialogue intérieur : le parti pris par l'auteure de le minorer ne fait que le rendre plus palpable.

Un texte sensitif, intelligent et difficile à supporter sur la solitude et la misère.



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Violette Leduc (1907-1972) est une romancière française. Fille illégitime de Berthe Leduc et d'André Debaralle, un fils de famille de la haute bourgeoisie de Valenciennes qui refuse de reconnaître l'enfant, elle est marquée par la honte de sa naissance. Une vie difficile et scandaleuse pour l'époque, des liaisons homosexuelles, un court mariage ou des amours masculines sans retour car ce sont eux-mêmes des homosexuels, un avortement où elle manque mourir. En 1939, elle est secrétaire pour la Nouvelle Revue Critique, en 1942 elle commence à écrire des souvenirs d'enfance. En 1945, présentée à Simone de Beauvoir elle en tombe amoureuse et la compagne de Sartre qui reconnait immédiatement son talent, la soutiendra toute sa vie. En 1964 elle frôle le Goncourt pour son roman La Bâtarde, une fiction autobiographique. Violette Leduc a fait de sa vie la matière principale de ses livres, ce qui en fait une des pionnières de l'autofiction. La Femme au petit renard, paru initialement en 1965, vient d'être réédité.
D'« Elle », l'héroïne du roman, nous ne saurons rien, pas même son nom, si ce n'est qu'elle habite à Paris une chambre sous les toits, près des bonnes et du robinet d'eau qui goutte sur le palier, dans la musique du métro aérien. Elle vit dans la misère, transparente aux yeux du monde, la faim au ventre, « Elle est une ombre qui aboie tellement elle a faim. » Ses journées ne sont qu'errance dans la ville et le métro où la présence des voyageurs la réchauffe. Elle croise des passants, épie des artisans de métiers anciens, regardent les vendeuses dans les boutiques…
Attention, roman complexe à lire. Les trois premiers quarts du livre ressemblent au délire d'une femme à bout de force, épuisée par la faim. Les phrases sont très courtes, crachées sur le papier mais on pourrait assimiler cette littérature à de la poésie en prose car ce texte presqu'incompréhensible découvre/révèle des images, des sensations. Disons-le tout net, soit le bouquin va vous tomber des mains immédiatement, soit il va déclencher en vous une douce mélancolie, une errance de l'esprit, une curiosité vous poussant à comprendre de quoi il retourne et comment tout cela peut se terminer. Avant de vous lancer dans cette lecture, je vous conseille donc d'ouvrir le roman chez votre libraire et d'en feuilleter une page ou deux, prises au hasard, pour comprendre dans quoi vous risquez de vous engager…
Le dernier quart de l'ouvrage change de ton (un peu) et le lecteur se retrouve en terrain presque balisé. « Elle » hésite à vendre son renard, cet accessoire vestimentaire d'autrefois, qui tient une place importante pour elle, psychologiquement parlant et finalement, se résoudra à accepter la charité de pièces de monnaie qu'on acquiert en acceptant de tendre la main.
Roman difficile à lire dans la forme choisie pour l'écrire par Violette Leduc. Mais j'avoue que s'il n'était si court, je l'aurais abandonné très vite. Si vous voulez découvrir cet écrivain, je conseillerais plutôt un autre ouvrage, comme par exemple La Vieille fille et le mort.
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On tombe dès le début dans une espèce de divagations de l'auteure où on suit cette femme "Elle", celle qui n'a pas de prénom et qui est perdue au milieu de brouhaha parisien. Durant les 80 premières pages, soit plus de la moitié, on nous livre un récit décousu, où on nous parle de ses vagabondages dans Paris, mais surtout de sa faim, de cette faim qui lui tord l'estomac, celle qui la rend faible. On peut donc penser que ce "délire" textuel provient de cette faim que ressent l'auteure - oui je rappelle que cette histoire comme toutes ses histoires sont fortement inspiré de sa vie et que durant plusieurs années, notamment durant la Seconde Guerre mondiale, Violette Leduc a vécu dans la misère, elle a d'ailleurs acheté et vendu bon nombre de choses au marché noir, mais aussi au Mont-de-piété dont la narratrice fait référence dans le livre.

Cette histoire est vraiment décousue au point que l'on a parfois du mal à suivre, l'on s'interroge sur le but de l'auteure, ce qu'elle veut nous faire comprendre. S'ajoute à ça tout un délire sur un renard (un accessoire de mode hein, pas un vrai renard !) qu'elle trouve dans une poubelle alors qu'elle était à la recherche d'une orange. L'objet va devenir très important pour elle, elle va s'afficher avec, mais aussi le cacher, par peur qu'on lui vole sans doute.

Personnellement, j'ai compris la chose, son affection pour ce renard comme une métaphore de cet enfant qu'elle n'a jamais eu. Oui, je ne l'ai pas dit mais Violette Leduc a failli mourir à cause d'un avortement réalisé lors de son cinquième mois de grossesse. Je rappelle que l'avortement était alors interdit en France à cette époque et qu'il était très dangereux de pratiquer ce genre d'opération, évidemment. C'est un évènement de sa vie qui l'a profondément marquée et dont elle a souvent parlé dans ses écrits.
Peut-être que je suis complètement à côté de la plaque, mais j'ai assimilé ce renard dont elle nous parle comme une allégorie de cet être qu'elle n'a pas eu, qu'elle a refusé d'avoir, mais qu'elle a peut-être chérie, je ne sais pas.
Si quelqu'un a un meilleur avis à me fournir ça m'intéresserait énormément parce que pour le coup, je ne sais pas trop quoi en penser.

Avec La femme au petit renard, j'ai retrouvé le style très agréable de Violette Leduc, ses phrases courtes, ses pérégrinations poétiques au travers d'un Paris extrêmement bien détaillé entre le métro aérien, le boulevard de la Villette, ses boulangeries, son atmosphère aussi. J'ai beaucoup aimé et j'ai eu beaucoup de plaisir à la lire dans une autre oeuvre, mais j'ai aussi eu un peu de mal au début, j'ai trouvé le récit un peu trop décousu, que l'on partait un peu dans tous les sens sans qu'il y ait de réels rapports entre toutes les informations données et, c'est dommage.

Mon avis est en intégralité sur le blog :
Lien : http://allaroundthecorner.bl..
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Combien dans une demi-livre de café ? Les grains qu’elle prenait par poignées, dans le paquet, tombaient un à un dans le saladier. Elle comptait, sa main tremblait à cause de son souci d’économie. Elle frissonna, ses jambes se dérobèrent. Trop d’efforts pour une sous-alimentée. Périr après avoir dépéri. Elle se nourrissait de sa salive, elle domptait sa faim, sa tête s’étalait sur son épaule, ses pieds étaient des crachats. Ses yeux se fermaient entre les battements des tempes, les pulsations dans ses oreilles l’exténuaient, elle se rendait. Non. La nuit en elle la reposait, c’était un pardon qu’elle n’avait pas demandé.
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Le mangeur de glaçons, comme elle, s’asseyait et s’installait sur le même banc, à sa gauche; loin d’elle et loin du portillon. D’abord, il vivotait les bras croisés. Vivoter ressemblait à un devoir. Il ne voyait rien devant lui puisqu’il ne réagissait pas si deux voyageurs excédés en venaient aux mains, si une femme criait. C’est peut-être un homme-sandwich qui a gagné sa journée. Son pardessus gris fer prend le chemin des pardessus des comptables en haillons réunis une nuit sur le boulevard, entre Le Dôme et La Coupole. Après avoir vivoté, il se perdait dans la chevelure en coup de vent, la joue dévorée par la publicité.
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C’est tarte les souvenirs, ce sont des bandelettes, ils vous momifient. Quel est l’instant qui n’est pas déjà du souvenir ?
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Toutes les lumières de Paris donnèrent leur spectacle à une fleur pâle. La ville, malgré le pétillement des lumières, s'abandonnait au silence des arbres dans les avenues, au désert des cafés transparents. Coulée de douceur, les statues grises de la rive gauche et de la rive droite posaient pour le même photographe: la nuit. Les statues rêvaient qu'elles souriaient, le fleuve emmenait ses vaisseaux de ténèbres.
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Folie + folie = folie. En voulant vivre, elle précipite sa fin. Cette lumière, soudain, qui prophétise la lumière… Quelqu’un braque le réflecteur du bonheur dans sa chambre. Le bonheur. Il a fallu qu’elle vieillisse pour y songer à l’improviste sans avoir appris, sans avoir compris ce que c’est.
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Videos de Violette Leduc (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Violette Leduc
"Il m?arrive d?être trois jours seule sans dire un mot à quelqu?un, c?est tout de même dur et quelque fois on perd pied" avouait Violette Leduc en 1965. Deux ans plus tard, Jean Renoir affirmait qu'"un des inconvénients de notre époque, c?est la solitude." Alors que Jean Cocteau estimait, lui, "que la vraie solitude est au milieu de beaucoup de monde".
Culture Prime, l?offre culturelle 100% vidéo, 100% sociale de l?audiovisuel public, à retrouver sur : Facebook : https://facebook.com/cultureprime Twitter : https://twitter.com/culture_prime La newsletter hebdo : https://www.cultureprime.fr
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