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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lire Thérèse et Isabelle en 2022 est une expérience particulière : penser que ce livre fit scandale il y a moins de soixante ans fait réfléchir au chemin parcouru depuis dans notre société.
Thérèse et Isabelle parut en 1966 dans une version censurée qui causa déjà beaucoup de remous, et il fallut attendre l'an 2000 pour que le texte intégral soit publié.

Mais qu'a-t-il donc de si choquant ce livre ?
Rien.
Du moins à mon avis de lectrice d'aujourd'hui. Mais il y a seulement quelques décennies...

Thérèse et Isabelle raconte la découverte de l'amour et du plaisir physique par deux jeunes collégiennes.
Aucune vulgarité, aucun mauvais goût dans ces lignes parfois très crues mais toujours sensibles et poétiques. Violette Leduc a souhaité "rendre le plus minutieusement possible les sensations éprouvées dans l'amour physique" et elle y est très bien parvenu.
Écrire sur la sexualité a été courageux de la part de l'auteur, et plus encore parler d'homosexualité. D'autant plus que les protagonistes sont deux jeunes adolescentes.
Violette Leduc n'a pas du tout écrit ce texte dans l'intention de choquer, elle l'a fait en toute franchise : "Il y a là sans doute quelque chose que toute femme peut comprendre. Je ne cherche pas le scandale mais seulement à décrire avec précision ce qu'une femme éprouve alors. J'espère que cela ne semblera pas plus scandaleux que les réflexions de Madame Bloom à la fin de l' Ulysse de Joyce. Toute analyse psychologique sincère mérite, je pense, d'être entendue."
Elle n'a pas vraiment été entendue au moment de la parution mais peut, heureusement, l'être maintenant.

Un texte intense, vibrant.
Beau, tout simplement.
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Thérèse et Isabelle est un roman court, mais intense, sur la passion naissante entre deux adolescentes. Pensionnaires du même internat, elles ne peuvent vivre leur histoire que durant la nuit, sans un bruit, pour éviter de réveiller leurs camarades et leur surveillante. Si l'aube arrive toujours trop vite à leur goût, les journées traînent en longueur. Les deux jeunes filles ne peuvent que se frôler, s'échanger quelques regards mais ne peuvent rien laisser paraître aux yeux des autres.

L'écriture colle parfaitement avec l'histoire qu'elle raconte. Elle est fiévreuse, un peu décousue, parfois proche du délire. On ressent très bien la volonté de profiter pleinement des petits moments d'intimité si difficilement obtenus, et la crainte de les voir se terminer trop vite.

Le roman a été en partie censuré à sa sortie en 1966, et la version intégrale n'est parue qu'en 2000. J'ai pu comparer les deux versions, et la censure s'est visiblement faite à la Conan : on pose le livre sur une souche, on lui donne une quinzaine de coups de hache, et on assemble quelques morceaux au hasard. Les deux premiers chapitres, qui racontent la première nuit de Thérèse et Isabelle, sont tout à fait absents. Les passages du texte où l'amour est plus intellectualisé semble avoir eu la préférence du censeur. Pourtant, les scènes de sexe plus explicites sont tout de même conservées. Quel était le but ? Faire passer les sentiments avant la sexualité, alors que l'oeuvre originale montre plutôt le contraire ? Laisser le passage de l'hôtel de passe pour souligner le côté glauque de telles amours ? J'aimerais bien en comprendre la logique ! Dans tous les cas, je vous conseille évidemment l'oeuvre intégrale.
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En voilà une drôle d'histoire. le texte date de 1955 et a été censuré, on ne le découvre dans sa version originale qu'en 2000.
Le thème déjà n'est pas fréquent et encore moins pour l'époque, la découverte de la sexualité de deux adolescentes. On y découvre tout une époque à travers le pensionnat.Comment réussir à se cacher de la surveillante pour se retrouver la nuit et vivre cet amour charnel. Les scènes sont très poétiques et transmettent toute la passion des deux adolescentes. Deux adolescentes dont le corps exulte. Leurs virginités n'aura pas fait long feu! ça m'a un peu fait penser par moment à Roméo et Juliette, je ne sais pas pourquoi.Surement à cause cet amour impossible, le fait qu'elles se cachent et que l'action se déroule sur un très court temps (3j).
Enfin bref, découverte de la sexualité, quand tu nous tiens!
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Une histoire qui a été censurée à sa parution. Il faut dire que les temps ont bien changés.

Après lecture de ce roman court, nous découvrons la découverte d'un amour passionnelle entre deux adolescentes dans un pensionnat. Au début les deux jeunes filles se retrouvent le soir en cachette et se découvre, se cherche sensuellement.

La passion monte crescendo et Violette Leduc sait bien manier la plume avec beaucoup de poésie pour décrire les scènes d'amours en utilisant la prose. La narration étant faite par Thérèse qui se laisse prendre dans cette ivresse amoureuse et charnelle avec Isabelle qui lui rend bien. Pour elles, la nuit est passion, le jour c'est le regard complice et on se cherche. l'intensité atteint son paroxysme dès que les deux amantes décident de s'éloigner du pensionnat.

Bien que possédant de part ces scènes très érotiques mais jamais vulgaires bien au contraire, le roman est plus une ode à l'éveil des premiers désirs amoureux se transformant en passion.
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"Je creusais dans son cou avec mes dents, j'aspirais la nuit sous le col de sa robe : les racines d'un arbre frissonnèrent. Je la serre, j'étouffe l'arbre, je la serre, j'étouffe les voix, je la serre, je supprime la lumière."

Passion de la chair, jeune, rose, fraîche. Découverte charnelle, exploration du corps de l'autre pour appréhender le sien propre. Recherche du plaisir absolu, du bonheur éphémère et violent.

Deux femmes, jeunes femmes, filles, en cachette, dans leur cellule d'interne, chaque nuit luttent contre l'aube qui, à chaque fois, clôt leurs ébats, tue leur amour, leur amour de jour : "Le jour s'épuisait, ma cellule dépérissait, des duvets s'envolaient des lèvres de mon aimée absente. La nuit s'engageait, la nuit : notre couverture de cygne. la nuit : notre baldaquin de mouettes.". Quelques bouffées d'air, durant cette apnée diurne, pendant une pause déjeuner, ou une simulation de malaise, le moindre prétexte est exploité pour assouvir encore cette violence qui les fait se heurter, se confondre, se dissoudre l'une dans l'autre. L'amour n'a pas d'âge, pas d'époque ni de lieu. L'amour n'a besoin de personne pour lui dicter la conduite à tenir. L'amour touche, blesse, et reprend. Ou il oublie. Mais il ne s'oublie jamais.

L'interdit règne, empêche, intensifie, terrifie. Sentiments atemporels, mots universels, oscillant entre le cru et la métaphore, parmi les creux, par-dessus bord : " Les petites lumières dans ma peau convoitèrent les petites lumières dans la peau d'Isabelle, l'air se raréfia. Nous ne pouvions rien sans les météores qui nous entraîneraient dans leurs course, qui nous jetteraient l'une dans l'autre. Nous dépendions des forces irrésistibles. Nous avons perdu conscience mais nous avons opposé notre bloc à la nuit du dortoir. La mort nous ramenait à la vie : nous sommes rentrées dans plusieurs ports. Je ne voyais pas, je n'entendais pas, pourtant j'avais des sens de visionnaire. Nous nous sommes enlacées un miracle s'éteignait au lieu de rayonner."

Passion adolescente au Zénith de sa puissance, de par la peur d'être séparées. Séparées, surprises, dénoncées. Violence des corps, des coeurs en pleurs, en sueur, en lueur. Amour irraisonné, insatiable, perdu d'avance ?
Deux bouches qui n'osent se dire, quatre oreilles qui n'osent entendre ces mots si chers aux amoureux, de peur de les voir disparaître à jamais, de les perdre dans le silence, dans l'absence : "Nous parlons : c'est dommage. Ce qui a été dit a été assassiné. Nos paroles, qui ne grandiront pas, qui n'embelliront pas, se faneront à l'intérieur de nos os."

Un vrai poème : "Je veloutai le prénom d'Isabelle avant de le prononcer, j'écoutai dans mon esprit l'intonation de la phrase que je lui dirais".
Lien : http://www.listesratures.fr/..
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Ce livre que j'ai lu il y a bien longtemps est pour moi une énigme.
Je suis incapable de dire si je l'aime ou pas, tant il est inégal.
Parfois une écriture minimaliste, parfois une écriture fiévreuse (proche du délire quand on a plus de 40 de température).
Roman paru en folio en 1972 (mai 68 était passé par là) il devait en 1966 se vendre à peu d'exemplaire et faire scandale.
Suivant l'orientation de l'histoire, ce livre peux devenir un livre culte ou finir sur un bucher...
C'est sans doute la marque d'un bon livre.
A vous de juger.
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Thérèse, pensionnaire dans un internat, n'aime pas Isabelle, qui focalise toutes ses pensées.
Et puis un soir au dortoir, cette haine amoureuse se transforme en une passion violente.
Violette Leduc, avec un rare talent de plume nous conte leur brève et intense histoire où les nuits torrides succèdent aux journées qui se traînent dans l'attente des prochaines étreintes.
La sensualité déborde de mots et de phrases à l'esthétique exacerbée.
Derrière, ou avec et à côté de cette sensualité, il y a la puissance extrême d'un premier amour.
Et comme le dit l'auteure avec force lucidité : " Quand on aime, on est toujours sur le quai d'une gare."
Un classique que j'aime relire.
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Je ne connaissais que la Batarde (parce qu'on m'avait dit que mon beau-père y était mais je ne l'ai pas trouvé!)
J'ai découvert celui-ci dans le cadre de la lecture par arpentage. C'était très cru pour l'époque et Violette n'a pas toujours été apprécié.
J'étais heureuse de découvrir ce livre et cette méthode de lecture originale.
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Je lis assez peu souvent de classiques et cette autrice a quand même une bibliothèque à son nom à côté de chez moi, il était temps de savoir pourquoi. J'ai choisi un petit livre, pour ne pas m'effrayer. "Thérèse et Isabelle" a été largement censuré, son éditeur a tout simplement refusé de le publier, le jugeant scandaleux, notamment pour ses passages très détaillés sur les amours lesbiens de deux adolescentes pensionnaires. J'ai trouvé cette lecture plutôt agréable, avec un langage assez soutenu et poétique sans être trop alambiqué. La découverte de l'amour, du désir, la peur d'être découvertes, les règles de dortoir et de vie de l'époque... C'était une vraie immersion. J'ai parfois dû relire certaines phrases plusieurs fois pour bien les assimiler mais je suis contente de l'avoir lu !
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Un petit joyaux, tout à fait inattendu, insaissable.

Je suis restée en dehors, sans doute surtout pour des questions de forme - j'éprouve des difficultés avec plusieurs auteur·ice·s de l'époque - tout en étant très touchée par de nombreux passages.

Il y a de très belles phrases, à retenir. le trame est aussi surprenante, sort des sentiers battus. Une belle lecture quoi que je n'ai pas vraiment "accroché". Paradoxal, n'est-ce pas ?
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