Salut à toi ô mon frère, le précédent roman de l'écrivain, avait beaucoup étonné ses lecteurs habituels, à en tomber de leurs chaises. le noir s'était transformé en rose (qui parle de noir), avec des traits d'humour à chaque paragraphe. le résultat était aussi surprenant que jouissif.
Marin Ledun est du genre fidèle. Fidèle à ses convictions et à sa tribu, mais aussi à certains de ses personnages sur ce coup-là. Il semble qu'il lui était impossible de ne pas donner à nouveau vie à Rose et à sa famille recomposée. Quelle bonne idée ! Même si la surprise de lecture est moindre, le résultat est tout aussi réjouissant.
Le terme de tribu convient parfaitement à la famille Mabille-Pons et à cette Rose qui est le caractère fort de la smala, avec sa mère. C'est elle qui mène le bal dans cette histoire, alors qu'elle est plutôt du genre rebelle. Mais trop attachée à sa fratrie pour ne pas se préoccuper de tout, surtout que la voilà chargée de famille pour trois semaines.
La vie en Rose est une histoire d'humour et d'amour. Et de rébellion. Vive les relations humaines et fuck the system !
Ledun prouve que le noir s'assortit aux couleurs. Je ne peux qu'à nouveau citer les mots que j'avais écrits dans ma précédente chronique, avec un enthousiasme sans borne : quelle verve, quelle sens de l'à-propos comique et du trait d'esprit qui fait mouche !
L'humour est un cocktail explosif qui peut très vite exploser à la figure de l'auteur qui ose s'y aventurer, surtout dans le roman noir. Certains se sont pris les pieds dans le tapis avec cet exercice périlleux.
Marin Ledun, lui, est comme un poisson dans l'eau, pour le plus grand plaisir des zygomatiques du lecteur. Et pourtant, on se doute du travail d'écriture, immense, chaque passage étant fignolé.
Mais le livre n'est pas qu'une vaste blague ! L'écrivain y fait preuve d'une belle sagacité pour raconter son histoire. On ne se refait pas, le récit est jonché de cadavres et lui sert de critique sociale, traitée d'une autre manière. Et, aussi, de s'amuser de la bêtise humaine du quotidien.
Les histoires qui tournent autour de la famille Mabille-Pons lui servent à montrer que la joie de vivre ensemble est une façon de fuir l'ennui et les ennuis. Une arme pour se défendre dans ce monde de plus en plus déshumanisé.
Le roman est également un cri d'amour pour la littérature noire et le rock, avec nombre de références. Un amour pour ces cultures populaires qui se vit chaque jour, à l'image de l'inoubliable personnage de Rose.
La vie en Rose est un formidable moment d'humour, mais aussi un regard mordant sur notre société. L'amour immodéré que porte
Marin Ledun à ses personnages sent bon la solidarité et la résistance. Deux mots qui résument un engagement qui peut se faire avec le sourire.
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