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EAN : 9782021045529
324 pages
Seuil (24/03/2011)
3.73/5   208 notes
Résumé :
"Le problème, ce sont ces fichues règles de travail qui changent toutes les semaines. Ces projets montés en quelques jours, annoncés priorité-numéro-un, et abandonnés trois semaines plus tard sans que personne ne sache vraiment pourquoi, sur un simple coup de fil de la direction.
La valse silencieuse des responsables d'équipes, toujours plus jeunes et plus inflexibles, mutés dans une autre agence ou partis par la petite porte. (...)
L'infantilisation, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (61) Voir plus Ajouter une critique
3,73

sur 208 notes
Avant de se lancer dans la lecture oppressante de ce roman noir , il convient de se dire , comme le fait si bien Pierre Lemaitre , que Martin Ledun est " l'un de ceux qui se montrent les plus brillants dans le genre ", c'est dire . Ensuite , il serait bien de délaisser la quatrième de couverture pour feuilleter les premiéres pages , celles du prologue. Dés lors , c'est terminé , vous êtes ferré , le passage en caisse est obligatoire : en dix pages , vous ferez comme les copains et vous serez embarqué dans un voyage vers l'enfer . Je vous l'assure , vous atteindre la dernière page sans avoir esquissé le moindre sourire , sans avoir la moindre possibilité de retrouver votre sang - froid , sans avoir été " caressé " par le moindre raï de soleil , sinon d'un soleil noir .C'est la panique , l oppression , la crise d'angoisse qu'aucun remède parmi les plus réputés ne pourra calmer . Un rêve ? La réalité ? Un cauchemar pour le mieux . Une descente inéluctable dans les abîmes les plus sombres de l'âme humaine .Le monde de l'entreprise dans ce qu'il a de plus destructeur , une érosion perfide de l'humain jusqu'à l'ultime . le docteur Carole Mathieu se bat pour soulager les maux mais les cas sont lourds ...La méthode risque de l'être aussi .
C'est insidieux , pesant , étouffant , long , très long et l'espoir n'est jamais entrevu , jamais permis . Et puisqu'on sait beaucoup de choses dès le début , le pire est de se sentir seul , comme pris dans les sables mouvants du Mont Saint Michel alors que le jour tombe et que le mer remonte inexorablement au galop .
C'est un roman noir , on l'a dit et les amateurs de ce genre ne pourront que s'en réjouir, les plus sensibles passeront leur tour . Personnellement , j'ai bien aimé mais j'avoue être sorti de ce monde horrible du travail avec soulagement , pas loin de l'asphyxie, exténué, à bout de forces . Dehors , il fait chaud , très chaud , le soleil brille , éclatant. Et bien croyez le si vous voulez , la canicule qui s'installe mettra tout de même plusieurs jours à vous réchauffer , à vous réconforter lorsque vous quitterez enfin le monde glacial dans lequel vous vous êtes fourvoyé...pour votre plus grand plaisir ou votre malheur ....
Moi , ça va , ouf , mais je pars me remettre de mes émotions....en vacances .Il est tout de même fort ce Ledun .
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Des proverbes sur le boulot, y en à la pelle.
Tu te plains du travail, c'est ton meilleur ami.
Mon préféré et de circonstance en refermant ce Ledun : le travail, c'est la santé. Rien faire, c'est la conserver.

Coluche affirmait que le travail était bien une maladie puisqu'il y avait une médecine du travail. Imparable.
Le Docteur Carole Matthieu bosse dans une grosse structure.
Médecin du travail, un job à plein temps.
Ce que ses patients ignorent, c'est qu'elle possède un p'tit plus la Carole, la faculté de régler tous vos problèmes de façon...définitive. Hein, comment, y aurait comme une incompatibilité entre la fonction et le traitement ? Ouais, ben allez le lui expliquer vous, à vos risques et périls.

Un médecin et ses malades pris dans l'engrenage mortel d'une machine à broyer, un thème plus que jamais d'actualité magnifiquement traité par un Ledun en grande forme.
Librement inspiré de la vague de suicides qui toucha France Télécom en 2009 – mais si, souvenez-vous de son délicat patron qui évoquait alors une mode - ces Visages Ecrasés est une mécanique parfaitement huilée aux rouages tirant de plus en plus sur le rouge raisiné de ceux qui s'échinent à la faire tourner.
Mise au placard, harcèlement, objectifs de folie, menaces...autant de petits gestes du quotidien nécessaires à l'épanouissement plein et entier du salarié. Ce dernier, étant un brin rancunier et provoc', pourrait cependant aller jusqu'au geste fatal rien que pour emmerder son gentil boss humaniste. Salaud de prolétaire va !

L'auteur, sans en faire des caisses, puisque dans ce domaine la réalité dépasse toujours la fiction, évoque le mal-être au boulot. Celui qui vous mine, vous ronge comme l'acide, annihilant tout mode de pensée cohérent et accessoirement une santé autrefois éclatante.
A la frontière du polar, il s'affirme bien plus comme une étude sociologique visant à asseoir les tenants et les aboutissants de tels drames individuels.
Le petit bémol, un truc qui m'a gratté durant toute cette lecture, l'impossibilité de croire en un médecin aussi investi dans son boulot en le comparant à celui évoluant dans notre si belle entreprise et qui, à l'évocation appuyée d'un problème récurrent, vous souhaite béatement une belle journée avec l'air du petit ravi de la crèche.

Bienvenue dans le monde du travail, antichambre de l'enfer.
Bienvenue dans l'univers des visages écrasés, société déshumanisée de ceux qui n'ont plus rien à perdre.
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Face à elle, Vincent Fournier. Une mine épouvantable, les yeux cernés. Des symptômes qui ne trompent pas : apathie, diarrhées, fatigue chronique, - 16 kilos en deux mois, idéations suicidaires. Pas de doute, Vincent, malgré ses séances et ses traitements, est au bout du rouleau. Comment, elle, Carole Matthieu, médecin du travail, peut-elle l'aider ? Elle n'a plus qu'une solution en tête : mettre fin à son calvaire qui dure depuis trop longtemps... Et alors que seul Vincent Fournier est encore dans les bureaux, en ce vendredi soir, Carole Matthieu, après avoir fait semblant d'avoir quitté les locaux, revient et lui tire une balle dans la tête. Un acte médical définitif, certes, mais qui pour elle n'est que finalement le traitement adéquat pour faire cesser tout ça. Dès lors, elle n'a plus qu'une idée en tête : raconter son Histoire. Ce que les salariés de cette plate-forme d'appels d'un groupe de télécommunications subissent tous les jours (harcèlement des dirigeants, objectifs inatteignables, poste non adapté aux compétences...), les drames (suicides et tentatives de suicide, violence, viol...) qui les ont marqués, les comportements rigoristes des dirigeants...

Marin Ledun plante le décor de ce roman noir au coeur d'une plate-forme d'appels, en 2009 (période d'ailleurs noire chez France-Télécom qui compta pas moins de 35 suicides pour les seules années de 2008 et 2009). Carole Matthieu est médecin du travail et écoute avec attention les petits et les gros bobos de ces employés. Face à la détresse psychique et physique de certains et malgré les traitements proposés, rien ne change, bien au contraire. Aussi, en mettant fin aux jours de Vincent Fournier, veut-elle montrer aux yeux de tous ce qui se passe réellement dans cette entreprise. C'est alors une véritable course contre la montre qui s'engage entre elle, l'inspecteur chargé de l'enquête et la direction qui tente de garder la face. Alternant le récit de Carole avec des rapports et courriers médicaux, ce roman social fait tout simplement froid dans le dos. Car Carole est bien décidée à aller jusqu'au bout pour raconter l'autre Histoire. Celles des hommes et des femmes qui souffrent au quotidien, qui survivent au coeur d'une société capitaliste régie par le rendement et le profit. Un roman saisissant, pervers et haletant servi par une plume froide.

À noter que l'auteur a travaillé 7 ans chez France-Télécom-Orange avant de démissionner en 2007.
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La souffrance morale des autres est contagieuse certes, mais un médecin doit garder une "neutralité bienveillante" pour ne pas se laisser contaminer. Sa capacité à écouter, soutenir et soulager est à ce prix.
Cette distance est probablement d'autant plus difficile à maintenir pour un médecin du travail, employé dans la même entreprise que ses patients, installé au même endroit, subissant la même hiérarchie, connaissant chacun à la fois comme individu et comme membre d'une structure.

Carole (médecin du travail) a perdu cette capacité de recul depuis longtemps, elle est au moins aussi mal en point que les patients qu'elle reçoit.
Concurrence oblige, cette entreprise de téléphonie a connu de grands bouleversements. Les salariés ont été reclassés à la va-vite, sur des postes sans rapport avec le contenu et le statut de leurs précédentes fonctions, et surtout sans processus d'accompagnement au changement.
Affections psychosomatiques, dépressions et suicides gangrènent employés et cadres.
Carole s'implique trop, Carole n'a plus d'autre vie, Carole ne fait plus face. Complètement submergée, totalement impuissante, en grande souffrance elle aussi, elle tient à coup de cachets de toutes sortes, amphétamines, tranquillisants, aspirine, qu'elle pioche au petit bonheur dans sa poche.

Entre rapports médicaux et narration de Carole, on revient plusieurs fois sur les traumatismes de chacun. Ce procédé narratif étourdissant et écoeurant exprime bien la douleur lancinante de ces salariés et les obsessions de la femme médecin.
Malgré des meurtres et la présence d'un enquêteur (et quelle présence) cet ouvrage est plus un roman noir qu'un polar. le malaise et le sentiment d'oppression du lecteur grandissent sans jamais faiblir. On est pris dans une spirale descendante, on dégringole dans un gouffre, dans un puits dont le seul fond semble être la mort - une mort violente.

Ce tableau des conditions de travail et de leurs dégâts sur les salariés est très sombre, moralement violent. Il peut sembler exagéré. Hélas, ceux qui côtoient de telles situations témoignent de son réalisme.
J'y ai cru, ce qui a rendu cette lecture d'autant plus bouleversante.
J'ai souvent tiqué en revanche sur le comportement de la femme médecin, sur ses prises frénétiques de pilules diverses - plusieurs dizaines en une journée - et sur sa résistance physique hors normes.

Un roman très fort, dérangeant. J'avais hâte d'avancer et de finir, pas pour le suspense, mais pour l'issue. Pitié, que ce cauchemar s'arrête ! On ne peut guère espérer de dénouement lumineux, trop de souffrances, trop de situations inextricables, trop de pièges qui se resserrent comme des noeuds coulants autour des victimes lorsqu'elles se débattent.

--- pas fait exprès, nous sommes le 1er mai, Fête du Travail...
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Les visages écrasés est un roman noir, très noir. J'ai mis presque une semaine pour le terminer, le lire avant et après le travail n'était sans doute pas une bonne idée!
Sa noirceur est telle que j'ai été oppressée tout au long et que j'ai eu du mal à lire plus de quelques pages à chaque fois. Je lis très souvent des thrillers et je n'ai que très rarement cette sensation de mal-être . Cela provient du fait que ce livre a pour thème la souffrance au travail et qu'elle fait écho à plusieurs témoignages de personnes rencontrées dans le cadre de mon travail. L' intrigue policière et la personnalité du médecin du travail est telle que l'on sait que nous sommes en train de lire un roman mais les conditions de travail et la description du service RH déshumanisé sont malheureusement très proches de la réalité de certaines entreprises. Dans cette période pré électorale, ce livre devrait être lu par tous les prétendants à la présidence...
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critiques presse (2)
LeMonde
07 mai 2019
Depuis son licenciement de l’entreprise en 2007, le sociologue de 44 ans dénonce la violence du monde du travail et le harcèlement dans ses romans policiers.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Liberation
16 juillet 2012
Un thriller social qui donne des envies de vacances ad vitam.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
Le problème, ce sont ces fichues règles de travail qui changent toutes les semaines. Ces projets montés en quelques jours, annoncés priorité - n°1 - et abandonnés trois semaines plus tard sans que personne ne sache vraiment pourquoi, sur un simple coup de fil de la Direction. La valse silencieuse des responsables d'équipes, toujours plus jeunes et plus inflexibles, mutés dans une autre agence ou partis par la petite porte. Cette tension permanente suscitée par l'affichage des résultats de chaque salarié, les coups d'oeil en biais, les suspicions, le doute permanent qui ronge les rapports entre collègues, les heures supplémentaires effectuées pour ne pas déstabiliser l'équipe, le planning qui s'inverse au gré des mobilités, des résultats financiers et des ordres hebdomadaires. Les tâches soudaines à effectuer dans l'heure, chaque jour plus nombreuses et plus complexes. Plus éloignées de ses propres compétences. Les consignes qui évoluent sans arrêt. Les anglicismes et les termes consensuels supposés stimuler l'équipe et masquant des réalités si sourdes et aveugles que le moindre bonjour est à l'origine d'un sentiment de paranoïa aiguë. L'infantilisation, les sucettes comme récompense, les avertissements comme punition. La paie, amputée des arrêts maladie, et les primes au mérite qui ne tombent plus. Les objectifs inatteignables, les larmes qui montent aux yeux à tout moment, forçant à tourner la tête pour se cacher, comme un enfant qui aurait honte d'avoir peur. Les larmes qui coulent pendant des heures, une fois seul. Mêlées à une colère froide qui rend insensible à tout le reste. Les injonctions paradoxales, la folie des chiffres, les caméras de surveillance, la double écoute, le flicage, la confiance perdue. La peur et l'absence de mots pour la dire. (p. 21-22)
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Il faut sans doute expliquer que, pour les médecins du travail, les pathologies dont souffrent leurs patients se découpent en deux parties clairement distinctes. D'un côté, les accidents du travail à proprement parler. En gros, tout ce qui touche au corps. Un manœuvre qui tombe d'une poutrelle, un conducteur de bus qui se fait agresser, un carreleur qui reçoit un sac de ciment sur le pied. Case réservée en général aux métiers manuels et aux accidents violents avec témoins de confiance. Les arrêts maladie pleuvent. D'un autre côté, tout ce qui relève de la sphère privée. Traduire : les risques psychosociaux.
Les suicides font bien sûr partie de la seconde catégorie.
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Il a quitté mon cabinet et, par la fenêtre de la salle d'attente, je l'ai vu, assis au volant de sa voiture, la tête entre les mains. J'ai eu mal. Pour lui, pour moi, pour tous les autres. Gorge nouée et paupières remplies de larmes. Une douleur effroyable au ventre. Un goût amer de bile dans la bouche, un début de vertige.
J'étais impuissante. D'un point de vue :
Professionnel,
Humain,
Médical,
Juridique,
Je ne servais plus à rien.
(p. 31-32)
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Le corps relève de la médecin du travail, le psychisme, non. Le foie, les muscles, les traumatismes crâniens, les entorses, les foulures, les bras cassés, les fémurs brisés, les infections, les irradiations, tout cela ou presque rentre avec le temps dans les cadres établis par la déontologie médicale. Par contre, ce qui se passe dans la tête doit rester dans le cadre strict du domicile. Au mieux, on parlera de stress. Au pire, on vous demandera de garder vos idées noires à la maison. Un salarié qui tente de se suicider sera presque soupçonné de vouloir nuire à l'image de son employeur. Ou, plus grave, au monde du travail en général.
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D'un côté, les forfaits à 29,90 euros et les offres illimitées et, de l'autre, les conditions de travail qui permettent ces prix défiant toute concurrence et leurs conséquences sur la santé des salariés. (p. 85)
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Videos de Marin Ledun (25) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marin Ledun
Avec son roman « Free Queens » publié dans la série noire de Gallimard, Marin Ledun nous embarque sur la route de la bière, la First, destination corruption au Nigeria. Témoin d'une tentative d'enlèvement d'une adolescente par deux proxénètes, la journaliste Serena Monnier décide d'enquêter sur les réseaux de prostitution à Lagos et Kaduna et rejoint l'ONG « Free Queens », qui oeuvre pour le droit des femmes. Elle retrace alors les chemins nauséabonds de l'argent qui asservissent la jeunesse. Un ange gardien, Oni Gojé, flic qui a choisi la circulation pour éviter la répulsion face aux atrocités de son métier, ne tarde pas à percer de son côté, le mystère qui plane sur deux jeunes filles assassinés, abandonnées sur les bas-côtés.
Marin Ledun propose un grand roman noir avec un discours clair. Il a bénéficié d'une aide à la création du CNL et a reçu cette année le prix « Polar Derrière les murs » du festival Quais du polar, attribué par les détenus des centres pénitentiaires et des maisons d'arrêts de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Free Queens dans Son livre, c'est parti !
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