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Des proverbes sur le boulot, y en à la pelle. Tu te plains du travail, c'est ton meilleur ami. Mon préféré et de circonstance en refermant ce Ledun : le travail, c'est la santé. Rien faire, c'est la conserver. Coluche affirmait que le travail était bien une maladie puisqu'il y avait une médecine du travail. Imparable. Le Docteur Carole Matthieu bosse dans une grosse structure. Médecin du travail, un job à plein temps. Ce que ses patients ignorent, c'est qu'elle possède un p'tit plus la Carole, la faculté de régler tous vos problèmes de façon...définitive. Hein, comment, y aurait comme une incompatibilité entre la fonction et le traitement ? Ouais, ben allez le lui expliquer vous, à vos risques et périls. Un médecin et ses malades pris dans l'engrenage mortel d'une machine à broyer, un thème plus que jamais d'actualité magnifiquement traité par un Ledun en grande forme. Librement inspiré de la vague de suicides qui toucha France Télécom en 2009 – mais si, souvenez-vous de son délicat patron qui évoquait alors une mode - ces Visages Ecrasés est une mécanique parfaitement huilée aux rouages tirant de plus en plus sur le rouge raisiné de ceux qui s'échinent à la faire tourner. Mise au placard, harcèlement, objectifs de folie, menaces...autant de petits gestes du quotidien nécessaires à l'épanouissement plein et entier du salarié. Ce dernier, étant un brin rancunier et provoc', pourrait cependant aller jusqu'au geste fatal rien que pour emmerder son gentil boss humaniste. Salaud de prolétaire va ! L'auteur, sans en faire des caisses, puisque dans ce domaine la réalité dépasse toujours la fiction, évoque le mal-être au boulot. Celui qui vous mine, vous ronge comme l'acide, annihilant tout mode de pensée cohérent et accessoirement une santé autrefois éclatante. A la frontière du polar, il s'affirme bien plus comme une étude sociologique visant à asseoir les tenants et les aboutissants de tels drames individuels. Le petit bémol, un truc qui m'a gratté durant toute cette lecture, l'impossibilité de croire en un médecin aussi investi dans son boulot en le comparant à celui évoluant dans notre si belle entreprise et qui, à l'évocation appuyée d'un problème récurrent, vous souhaite béatement une belle journée avec l'air du petit ravi de la crèche. Bienvenue dans le monde du travail, antichambre de l'enfer. Bienvenue dans l'univers des visages écrasés, société déshumanisée de ceux qui n'ont plus rien à perdre. + Lire la suite |