Anne Frank et les enfants de la Shoah

Hans Massaquoi, qui n'a que 7 ans à l'accession de Hitler au poste de chancelier, se rend compte que les nouveaux enseignants le traitent avec cruauté non parce qu'il est juif, mais parce qu'il est noir. Nombre d'entre eux se montrent ouvertement désagréables à son égard et insultent les gens de couleur dans le seul but de le blesser. Un jour, alors qu'il a environ 10 ans, un enseignant le prend à l'écart et le menace: "Quand on aura réglé leur compte aux Juifs, ce sera votre tour".

La situation dans les pays occupés est si désespérée que de nombreux Juifs veulent s'enfuir tant qu'il en est encore temps. Mais on ne les y aide guère. En juillet 1938, les représentants de plusieurs pays se réunissent pour décider du nombre de Juifs qu'ils sont prêts à accueillir. Tous veulent réduire ce nombre autant que possible, sous prétexte qu'abriter trop de réfugiés pourrait provoquer une montée de l'antisémitisme. Lorsque les nazis ferment les frontières des pays qu'ils occupent, la réticence de ces pays a contribué à piéger des millions de familles.

Une infirmière s'approche et lui tend un verre d'eau. Elle pleure elle aussi. "Je suis désolée, dit-elle. Je n'ai rien pu faire pour vous aider". Puis elle relève les yeux vers le portrait de Hitler qui domine la salle, regarde à nouveau Franziska et tape du doigt contre sa tempe pour lui montrer qu'elle pense que Hitler est fou. Mais elle n'ose pas prononcer ces mots à voix haute.

Le 1er mai 1933, environ 20 000 livres écrits par des Juifs, des homosexuels ou des auteurs censurés sont brûlés devant l'opéra de Berlin. Dans une voiture à toit ouvrant, Joseph Goebbels, entouré de nazis en liesse, admire les flammes du bûcher qui s'élèvent dans la nuit. Lui qui considère ces livres comme de la "crasse intellectuelle" se réjouit de les voir déchirés en mille morceaux et réduits en cendres.

Dans la petite ville où elle vit, Clara Wachter Feldman est mise à l'index par un nouveau professeur membre du Parti nazi. Dès son premier jour, après avoir regardé Clara, il remarque: "J'ai cru comprendre que nous avions une truie juive dans notre classe". Il se dirige vers son pupitre et se met à lui frapper les doigts avec un bâton, tout en disant aux autres élèves: "Voyons voir combien de temps une truie juive peut supporter la douleur".

D'autres enfants vivent au rez-de-chaussée, mais les trois filles ne jouent pas avec eux. Ils n'ont d'ailleurs jamais essayé de sympathiser avec elles. Leur père, le propriétaire, est un ardent défenseur du Parti nazi et il leur a probablement interdit de jouer avec Margot. En effet, à cette époque, un fossé commence à se creuser en Allemagne entre les Juifs et les non-Juifs. Bientôt, une immense vague de haine déferlera sur toute l'Europe.

Le directeur décide alors d'envoyer Elizabeth et ses frère dans une maison de redressement sans même avertir leurs parents. Leur mère réussit néanmoins à découvrir où ils se trouvent et à convaincre le chef d'établissement de les laisser partir. Mais, le jour même où les enfants doivent rentrer chez eux, des SS viennent les chercher pour les emmener dans une école d'entraînement nazie. Ils y resteront 6 ans, et ne reverront leurs parents qu'à l'âge adulte, après la guerre.

Angela Carpos, une jeune fille juive qui vivait à Vienne avec sa mère, se souvient: Les nazis brûlaient les livres. Ils sont venus chez moi, m'ont arraché des mains mon ours en peluche préféré et l'ont brûlé sous mes yeux. Ils ne nous ont pas frappés, mais ce qui me terrifiait le plus c'était le nettoyage forcé des rues. Je voyais mes voisins et mes amis, humiliés, frottant les vitres et les trottoirs.

Anne et Lies sont inséparables. Elles se font des confidences, se taquinent, voient le même dentiste, ont inventé leur propre mélodie pour s'appeler et vont même, en 1936, jusqu'à se passer la rougeole!

Anne préfère passer ses dimanches avec son père au bureau. Quand Lies a fini son cours, elle la rejoint et elles font les 400 coups, se passant des coups de fil depuis les téléphones du bureau et jouant aux secrétaires. Leur bêtise préférée, surtout pratiquée depuis la maison d'Anne, consiste à jeter par la fenêtre des seaux d'eau froide sur la tête des passants!