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Pierre Reignier (Traducteur)
EAN : 9791034908349
448 pages
Liana Lévi (09/11/2023)
4.05/5   10 notes
Résumé :
Des documents enfouis dans un fauteuil pendant soixante-dix ans peuvent transformer un historien en détective, a fortiori s’ils sont estampillés de la croix gammée. Le nazisme est un sujet que Daniel Lee connaît bien, pourtant le nom du propriétaire de ces papiers lui est inconnu. Lorsqu’il décide de retracer son itinéraire, il découvre qu’il s’agit d’un officier SS qui, dans les années 1930, a exercé comme juriste à l’hôtel Silber, quartier général de la Gestapo à ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Le fauteuil de l'officier SS n'est pas un roman, contrairement à l'idée que je m'en étais faite lorsqu'on m'en avait parlé, ce qui m'avait incité à l'acheter et à le lire. L'auteur, Daniel Lee, est un jeune historien britannique, qui avait consacré plusieurs études à la vie des Juifs en France et en Afrique du Nord pendant la Seconde Guerre mondiale. En 2011, une rencontre privée fortuite l'amène à s'interroger sur des documents trouvés dissimulés dans l'assise d'un fauteuil donné à restaurer chez un tapissier. Des documents officiels ayant appartenu près de soixante-dix ans plus tôt à un officier SS, nommé Robert Griesinger. Comment, pourquoi et par qui ont-ils été placés là ?

Le livre présente les conclusions de l'enquête personnelle de Daniel Lee, parallèlement au récit des démarches qu'il a menées pendant cinq ans, pour retracer le parcours du fauteuil, puis celui de Griesinger, un fonctionnaire nazi de middle management. L'auteur s'est attaché à situer cet homme dans son intimité familiale et dans son univers professionnel, avant et pendant la guerre. Il s'est efforcé de rencontrer ses descendants, des personnes se livrant peu, semblant découvrir le passé nazi de leur parent. Des entretiens qui permettaient toutefois de compléter une recherche documentaire ingrate, de nombreuses archives ayant disparu sous les bombardements alliés ou ayant été détruites par les nazis eux-mêmes à la veille de leur défaite.

Autour de Hitler, on connaît le premier cercle, les Goering, Himmler et autres Heydrich. On a moins l'habitude d'entendre parler des nazis ordinaires. La SS ne se borne pas à un ensemble de structures militaires ou paramilitaires, dont les membres n'auraient été que des criminels psychopathes ou des idéologues fanatisés. En amont de ses bras armés, la SS était une véritable administration, disposant d'une base institutionnelle solide, constituée de règles et de procédures que des milliers de juristes et de bureaucrates répartis sur tout le Reich élaboraient et mettaient à jour en fonction des préoccupations locales : modalités d'appropriation des biens appartenant aux Juifs, fermetures d'usines non essentielles à l'effort de guerre, mutations de travailleurs vers les industries militaires allemandes, priorités dans les soins et rationnements, logistique des déportations, etc.

Robert Griesinger, docteur en droit, démarre sa carrière comme juriste à la Gestapo de Stuttgart. Après le déclenchement des hostilités, il est mobilisé en France, puis en Ukraine, avant d'être nommé en poste à Prague, au ministère de l'Economie et du Travail. Il est chargé de missions marquant sa proximité, sinon sa complicité, avec des crimes nazis, mais sa position est trop subalterne pour que son nom soit inscrit dans les registres officiels postérieurs. de quoi justifier le sous-titre du livre : sur les traces d'une vie oubliée.

Le nazisme nous ramène toujours à la même question : comment a-t-il pu exister ? L'auteur en a cherché les racines dans le contexte historique et l'environnement familial dans lequel Griesinger est né. de vieilles traditions nationalistes et antisémites, le traumatisme de la défaite de 1918, les angoissantes crises politiques et économiques des années vingt : tout cela conduisit de plus en plus d'Allemands à accepter de donner sa chance à un parti qui promettait de sortir le pays de son marasme et de lui restituer sa grandeur passée, même si certains – et notamment la famille très bourgeoise de Griesinger, viscéralement attachée aux traditions et à l'ordre – avaient tenu les premiers nazis pour une meute vulgaire et Hitler pour le porte-parole braillard de masses hystériques.

L'itinéraire personnel de Robert Griesinger a été inspiré par des motivations courantes dans la culture bureaucratique qui caractérise son époque et la nôtre : ambition, confort et sécurité d'un job, sentiment d'appartenance à une catégorie sociale gratifiante. Tout pourrait donc se reproduire. Ce qui est exceptionnel et remarquable dans la démonstration de Daniel Lee est justement qu'il n'y a rien d'exceptionnel ni de remarquable dans le parcours de son personnage central.

Le travail d'enquête minutieux effectué par l'auteur est impressionnant et son caractère forcément fastidieux apparaît par instant lors de la lecture. le fauteuil de l'officier SS est un livre très intéressant, sur un sujet qui ne cesse de m'interpeller et que je ne regrette pas d'avoir intercalé entre deux romans.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Daniel Lee est un historien, un vrai. Un jour, lors d'une discussion, une invitée du dîner auquel il assiste, lui indique que sa mère a trouvé des papiers avec croix gammée dans l'assise d'un fauteuil… intrigué, l'historien va alors se rendre sur place pour jeter un oeil.
Ce petit coup d'oeil va l'amener sur un long chemin sur la trace de Robert Griesinger… de l'Allemagne nazie à La Nouvelle Orléans… il va dérouler la pelote emmêlée de ce citoyen lambda, devenu un SS malgré quelques indélicates réponses sur son intégration.
De fil en aiguille, de documents en rencontres, il va retrouver les filles de Griesinger, retracer l'ascendance américaine, les branches différents, les lieux de travail, les missions, son implication dans le régime nazi, etc.

Livre enquête très intéressant sur une famille normale mais atypique ; une plongée dans le travail des historiens, des archives, de la volonté de savoir, de comprendre, de retransmettre avec, au passage, quelques réflexions sur la loi du talion, où comment la barbarie brutale est abjecte des uns à mener les autres, pour lutter contre le mal, à exercer la violence en retour.
Livre intense, intelligente, facile d'accès.
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Un tapissier d'Amsterdam découvre dans un fauteuil des documents cachés depuis soixante-dix ans, établis au nom de Robert Griesinger, juriste et officier SS, ayant servi au QG de la gestapo à Stuttgart dans les années trente. La femme à qui appartient le meuble s'en ouvre à son ami Daniel Lee, historien et spécialiste du nazisme qui va se lancer avec passion dans une enquête peu banale.
Dès le départ, Daniel Lee fait le choix de délaisser le roman de fiction pour l'enquête historique. En s'éloignant du premier cercle des dignitaires nazis, sujets d'une abondante littérature, il démonte les rouages de la machine de mort hitlérienne dont les mécaniciens sont ici des bureaucrates médiocres, parfois ambitieux, des salauds ordinaires. Descendant puis remontant les arbres généalogiques, il découvre que la route sanglante de l'obersturmführer a croisé celle de sa famille, victime de la Shoah. Didactique et précis ce livre est un manuel d'Histoire, une Histoire abordée par le singulier pour embrasser le général. Saluons une manière originale de traiter de l'Allemagne Nazie, malgré un style un peu redondant.
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Tous les Allemands ne furent pas nazi mais beaucoup sympathiseront et/ou adopteront l'idéologie prônée par le régime . Beaucoup savait les ignominies commises que ce soit par la Wehrmacht ou les sinistres SS . Les fils , les maris écrivaient librement du front . On suit ici l'itinéraire d'un Allemand ordinaire , nazi sans pour autant être fanatique et qui a son échelon participa à la mise en place du régime puis à la mise en pratique des mesures génocidaires tout en menant une vie banale de monsieur tout le monde à côté .
Un récit qui illustre bien l'image des loups parmi nous .
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Enquête très interessante d'un jeune historien. Ses découvertes ont affiné la compréhension que j'avais de cette période terrible de l'Histoire à travers la vie d'un homme et de sa famille. La banalité d'un homme peu remarquable y côtoie l'horreur des conséquences de ses choix, immédiates et différées.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Le nazisme a eu un impact dévastateur sur le monde et, trois quarts de siècle plus tard, il continue de nous fasciner. Mais la plupart d’entre nous ne connaissons les noms que d’une poignée de nazis – ceux de l’entourage d’Hitler. Que savons-nous d’hommes comme Diebitsch et Griesinger, qui jusqu’à aujourd’hui ont échappé à l’attention des cinéastes, des documentaristes et des écrivains ?
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La section IIIc de la police était un acteur déterminant, depuis le printemps 1933, de l’enracinement et du développement du nazisme à Stuttgart.
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