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Critique de chocobogirl


Après le très beau roman La vie rêvée des plantes, les Éditions Serge Safran nous font découvrir tout le talent de nouvelliste de son auteur Lee Seung-U. Dans le vieux Journal, nous découvrons 8 nouvelles qui nous plonge au coeur de l'homme, avec ses lâchetés, ses interrogations, ses sensibilités.

Le vieux journal :
Kyu est à ‘hôpital, en train de mourir du cancer. Sa femme appelle un cousin perdu de vue à son chevet. Ce dernier écrivait autrefois, dans un journal que Kyu avait fini par voler. Désormais, Changki publie dans des revues littéraires, des romans. Mais toujours reste en son coeur un sentiment de culpabilité, d'avoir volé en quelque sorte la vie que son cousin devait avoir. La vie de romancier qu'il aurait du avoir, lui l'amateur de poésie, membre du club de littérature. Jalousie, mauvaise conscience, culpabilité, fuite : la mort n'efface t'elle pas toutes les rancoeurs ?

Tantôt il se passe des choses, tantôt rien :
Sangkyu est un garçon autiste. Les parents se désintéressent de lui et seul sa soeur se préoccupe de son bien-être. La souffrance de son frère la torture tandis que son nouveau petit ami la prie au contraire de vivre sa vie et de ne plus s'obliger à porter cette responsabilité. Quand Sangkyu réclame de retourner à l'institut qui l'a déjà accueilli, sa soeur refuse de l'entendre. La culpabilité, le remord l'enferme dans ses certitudes.

Chez l'autre :
Un homme est mis à la porte de son domicile conjugal par son beau-père. Reprenant contact un peu par hasard avec une ancienne amante, il est hébergé chez cette dernière qui part en voyage. Les jours passent et il fait connaissance avec un vieux voisin qu'il accompagne en promenade. Peu à peu, l'exclu se raconte tandis que se dessine le portrait de l'absente.

Le lecteur :
Un homme sans emploi à la charge de sa femme se voit dépêcher en urgence par cette dernière au poste d'un employé absent. Son rôle : faire la lecture à un vieux monsieur silencieux. Qui est-il ? Pourquoi ne parle-t'il pas ? Qu'attend-t'il ? Une relation silencieuse se crée entre les deux hommes. L'un parle, raconte sa vie tandis que l'autre écoute. Mais bientôt, la situation se retournera.

Porté disparu :
Un accident de train porte à la lumière des médias l'image d'une veuve éplorée. le narrateur reconnaît ses anciens voisins à qui il avait prêté de l'argent lors d'une mauvaise passe. de l'argent qu'il n'a jamais revu depuis la disparition de ses derniers, criblés de dettes. le passé ressurgit et ravive la culpabilité d'avoir vendu un de leurs terrains laissés en gage. Partant à la recherche de la veuve, c'est le mari présumé mort qui croisera son chemin. L'occasion de faire enfin le jour sur leur malheureux parcours.

La chambre :
Un romancier se retrouve en pleine séparation avec sa femme, à cause de la vieille tante un peu folle qu'il héberge. Partie aux États-Unis avec leur fils, elle l'oblige à vendre leur appartement à la mort de l'aïeule, pour se faire entretenir. Alors que le logement reste inhabité, l'écrivain continue d'en occuper une des pièces pour son travail d'écriture.

Du côté de Jongnamjin :
Un homme séparé depuis 3 ans de sa petite amie reçoit tout à coup un coup de fil de cette dernière. Elle lui rappelle un lieu qu'elle souhaitait visiter et l'invite à l'accompagner à Creve-Coeur dans le village de Jongnamjin. Il refuse et se rappelle leur relation. Il ignore encore qu'il va déclencher un drame. Les regrets ne sont pas loin.

Du côté de Jongnamjin 2 ou l'enterrement dans le vent :
Un enfant abandonné par son père, parti avec une autre femme, puis par sa mère qui quitta son pays natal, revient dans le village qui l'a vu grandir. Plein de rancoeur et d'incompréhension, il obéit à sa mère récemment décédé et revient sur les traces de son père pour l'enterrer à ses côtés. Qui étaient-ils ? Pourquoi ce souhait de reposer aux côtés d'un homme qui l'a blessé ? Un retour aux origines et à Crève-coeur poignant.

Le nouvelliste puise avec talent dans le quotidien des hommes pour trouver la substance de ses histoires. Des hommes souvent malchanceux, désabusés, fatalistes qui sont le jouet du destin. L'auteur brosse des personnages souvent lâches ou coupables. Leur résignation n'efface pas toute la lucidité qu'ils ont sur leur propre parcours, reconnaissant leurs erreurs ou leur malchance. Mis à mal par la famille, le travail, le manque d'argent, ils trouvent le salut dans l'écoute, dans la parole ou même dans l'écriture. Des parallèles troublants se forment entre les histoires dénotant peut-être d'une inspiration autobiographique que certaines auto-citations viennent renforcer.
Lee Seun-U nous raconte la banalité de l'existence mais avec force subtilité, il réussit à transmettre aux lecteurs toute la sensibilité de chacun de ses personnages. Privilégiant l'introspection et l'emploi d'un Je narrateur, il s'entoure d'un nuage mélancolique où le passé et le présent se mélangent. Les regrets et la culpabilité ne sont jamais loin et tissent un univers sobre où la compréhension du monde se fait à rebours, avec l'impression de ne jamais être à sa place.

Décidément, la Corée est un vivier de perles littéraires que les Éditions Serge Safran s'emploie à nous faire découvrir. Après Adieu le cirque !, voici un magnifique recueil que je vous invite à découvrir également sans tarder !
Lien : http://grenieralivres.fr/201..
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