Avec «
Les Vulnérables » le lecteur parcourt une histoire très prenante – encore qu' éprouvante , qui conduit de la Corée en guerre jusqu'en Italie, en passant par les Usa, à la suite de personnages multiples, mais essentiellement ceux qu'on connaît depuis le début : le petite Coréenne, survivante d'une famille dispersée par la guerre, et un GI américain qui, par de multiples activités, veut donner un sens à sa vie, sans toutefois y parvenir.
Les épisodes « coréens » frappent par la violence des choix imposés dans des situations dramatiques : sans une identification à des personnages donnés, on ressent l'intensité des épisodes dont l'élément central nous glace.
Pas étonnant qu'en résultent des traumatismes - Aux histoires vécues succéderont des séquelles psychologiques graves : June, la Coréenne, outre ses propres fardeaux, s' approprie les addictions d'une femme qui a joué un grand rôle dans sa vie, Hector, l'ex GI, mène une vie tourmentée qui tourne autour de l'autodestruction.
En filigrane, Ilion, la ville natale d'Hector, explique des allusions ou références à L'Iliade.
Dans ce récit d'une grande amplitude, où le présent se ressent du passé, les milieux militaires, ou sociaux (l'orphelinat avec ses missionnaires et les « bienveillants »), ou le monde des bars ponctué de rencontres et bagarres, se côtoient et s'interpénètrent, suites logiques des débuts du roman. le tout formant une boucle qui encercle le lecteur, le captive, et le retient.
Un autre lien, en l'occurrence un livre à la couverture bleue, passe entre différentes mains. Son auteur est identifié, et il conditionne le voyage/quête en Italie: il parle aussi d' un monde en guerre auquel il tente d'apporter des remèdes, après la bataille de Solférino.(24 juin 1859).
C'est dire la hauteur de vue de l'auteur ; Je ne connaissais pas
Chang-rae Lee, mais s'il fallait une autorité pour le recommander, faites confiance au New York Times qui à chaque oeuvre de cet écrivain sino-américain, lui ouvre ses colonnes, sans ménager ses éloges.