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Critique de le_Bison


1930, Maycomb, Alabama. Je m'arrête là, tout est dit, dans la date et le lieu. Tu peux ressortir les cagoules blanches, mais n'aies pas peur, le méchant nègre est en taule, le salopard, et sera bientôt pendu. Comme une évidence, il ne peut en être autrement, dans ces années en Alabama. Un bon nègre est un nègre au bout d'une corde. Sweet Home Alabama, disait le gars aux cheveux longs et à la guitare. Pas si douce que ça quand même la vie là-bas quand tu as la peau si foncée que tu passerais incognito dans un tunnel la nuit. Disons qu'à cette époque-là, valait mieux être blanc si tu voulais te faire entendre, car la voix d'un nègre ne porte pas bien loin, sauf pour casser des cailloux sur la voie du chemin de fer. Disons qu'à cette époque-là, un chien errant n'avait peut-être pas plus de droit mais certainement plus de respect. C'est comme ça, c'est la vie en Alabama au temps de la ségrégation raciale.

- Tu lis le Harper Lee, ne tuez pas l'oiseau… un truc dans le genre…
- Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, Madame. Et oui, je lis ça. Pourquoi ?

Et pourquoi que je n'aurais pas le droit de le lire. Parce que tout le monde l'a déjà lu. Parce que cela parle de beaux sentiments, à faire chialer une ménagère épluchant les oignons pour la soupe de ce soir, et qu'il y a de l'âme dans les mots d'Harper Lee. Hein, pourquoi tu es si surpris ? Et parce que depuis que j'ai lu « de Sang-froid » de Truman Capote, j'avais furieusement envie de lire ce roman. Ma patience a tenu bon, j'ai inséré le « Harvest » de Neil Young sur la platine, respiré humblement mon verre de bière au doux parfum de céréales, le soleil s'est couché derrière les silos à grain.

Mais dans ce monde pourri où l'argent et la couleur domine déjà le pouvoir, un homme s'élève, blanc, intègre, sans violence. Il parle, il est avocat. Il est juste et à juste conscience que c'est peine perdue mais il s'en fout un peu. Son métier est celui de plaidoyer, blanc, noir ou chien. Il le fait dans les règles de l'art, parce qu'il croit à la cause, celle de l'égalité des hommes quelques soient leurs couleurs de peau. Il se nomme Atticus Finch et ce gars-là est un homme. Un vrai avec des couilles qui n'hésitera pas à mouiller sa chemise contre l'ensemble de la population de cette minuscule contrée peuplée de sauvages à la peau blanche pour ce qui lui semble juste : l'honneur de l'humanité, le droit à être représenté en justice sans distinction de race.

Je ne te propose pas ce livre. Forcément, tu l'as déjà lu, alors viens goûter ma bière, tu l'as déjà bu, mais elle laisse en bouche un goût moins amer que le roman d'Harper Lee.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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