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EAN : 9782081213067
229 pages
Flammarion (28/02/2008)
3.68/5   41 notes
Résumé :

Après celle de la guerre d'Algérie, une nouvelle génération d'anticolonialistes s'est levée, qui mène combat pour dénoncer le péché capital que nous devons tous expier : notre passé colonial, à nous Français.

Battons notre coulpe, car la liste de nos crimes est longue Nous avons pressuré les colonies pour nourrir notre prospérité, les laissant exsangues à l'heure de leur indépendance ; nous avons fait venir les " indigènes " au lendemain des ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Après Vichy dans les années 90, la colonisation semble constituer ce "passé qui ne passe pas" de la première décennie du XXIème siècle. Présentée caricaturalement, la thèse de ceux que Daniel Lefeuvre appelle les Repentants est simple : la France a commis avec la colonisation un crime dont elle paie aujourd'hui le prix avec les difficultés d'intégration des populations immigrées de ses anciennes colonies.

C'est cette thèse que Daniel Lefeuvre combat dans un essai court et volontiers polémique. Spécialiste de l'histoire économique de la colonisation, et plus particulièrement de l'Algérie française, à laquelle il a consacré sa thèse (publiée en 1997 par la Société française d'histoire d'outre mer sous le titre "Chère Algérie Comptes et mécomptes de la tutelle coloniale (1930-1962)"), ce disciple de Jacques Marseille bât en brèche l'idée communément admise selon laquelle les colonies en général et l'Algérie en particulier auraient été pour la métropole une "bonne affaire". Dans un chapitre intitulé le rêve "cotonial", il montre que les colonies n'ont jamais constitué un réservoir inépuisable de matières premières. Dans le chapitre suivant "Le tonneau des Danaïdes", il rappelle que les exportations vers la métropole étaient largement subventionnées et que le bilan de la colonisation fut, au final, largement déficitaire, inspirant à l'opinion publique des années 50 le cartiérisme.

L'auteur réfute également l'idée que la main d'oeuvre immigrée bon marché aurait reconstruit la France après 1945. S'il concède que les flux migratoires nord-africains dépassent à cette époque pour la première fois les arrivées d'immigrés européens (Italie, Espagne, Pologne), il insiste sur le fait que "les quatre cinquièmes des ouvriers les plus humbles de Billancourt ne viennent pas d'Afrique mais des régions de France et des pays voisins d'Europe" (p. 157) et en tire la conclusion que "la main d'oeuvre coloniale n'a pas eu l'importance numérique et donc économique qu'on lui accorde généralement" (id.). Plus intéressant, en s'intéressant au chômage massif qui afflige dans ces années la société algérienne, il souligne que l'utilité économique de l'immigration algérienne en métropole visait moins à reconstruire la France qu'à éviter à l'Algérie de se clochardiser, la preuve en étant que le patronat souhaitait substituer à cette main d'oeuvre-là des travailleurs européens jugés plus compétents.

L'essai politiquement incorrect de Daniel Lefeuvre stimule souvent. Par exemple quand il montre, dans son ultime chapitre "A mort les Christos !", que le racisme anti-arabe et anti-musulman qui gangrène aujourd'hui le lien social, plonge moins ses racines dans la colonisation que dans la méfiance avec laquelle de tous temps l'Autre a été accueilli en France.
Il laisse quand même un malaise. Car la démonstration se fonde de façon répétitive sur le fait que les colonisés ne furent pas plus mal traités que d'autres. Par exemple, les guerres de colonisation ne furent pas plus sanglantes que les massacres du Palatinat en 1688, que l'extermination des camisards en 1703 ou que celle des Vendéens en 1794. Autre exemple le racisme anti-arabe contemporain n'est pas moins violent que la xénophobie dont les Ritals ou les Polacks furent victimes à la fin du XIXème siècle. Cette circonstance remet les choses en perspective ; mais elle ne réduit en rien le traumatisme laissé par la colonisation.
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Ecrit par un historien, professeur à Paris VIII, ce livre est un pamphlet (ou du moins je l'ai pris comme tel) dont l'objet est de « clouer le bec » à ceux que l'auteur appelle avec drôlerie « les Repentants », bonnes âmes du politiquement correct dont l'auteur met en évidence la mauvaise foi ou la sous-information. Daniel Lefeuvre démonte ainsi un certain nombre d'assertions : les sales guerres ne sont pas des inventions du colonialisme, les colonies ont moins rapporté à la France qu'elles ne lui ont coûté, le pétrole algérien revenait plus cher qu'un autre, la préférence pour la main d'oeuvre algérienne plutôt qu'européenne a été imposée aux industriels par le gouvernement français pour résorber le chômage ; plusieurs de ces thèses ont d'ailleurs été soutenues en leur temps par des anticolonialistes bien peu révolutionnaires, comme le fut Raymond Cartier.
Pamphlet, malgré tout, car si la documentation est sérieuse, certaines questions ne sont pas posées et en particulier celle-ci : s'il est vrai que les colonies n'ont pas été de si bonnes affaires pour la Métropole, si la France a dépensé des milliards a soutenir son empire colonial, il faut bien se dire que certains ont forcément fait leur beurre de toutes ces subventions dilapidées. le pourquoi du long maintien des colonies, du maintien actuel des si onéreux DOM, mériterait d'être traité lucidement et surtout sans esprit de « repentance » !
Une autre question pourrait être posée : s'il a été si onéreux pour la France de soutenir à bout de bras l'économie des colonies, ne faudrait-il pas aborder autrement les difficultés actuelles des ex-colonies à instaurer une économie saine ? Peut-être n'y a-t-il pas seulement que la corruption et la « hogra » ? Ainsi, la décision malheureuse de l'Algérie d'arracher ses vignes après la décolonisation se comprend mieux quand on lit les chiffres des subventions apportées à la viticulture coloniale.
Au demeurant, ce livre est une vraie oeuvre d'historien, très riche, apportant ou rappelant une documentation fort intéressante sur les émeutes contre les Italiens du midi, sur la sale guerre de Vendée ou la sale conquête du Palatinat, sur les subventions de l'agriculture ou du pétrole, sur les variations de la politique concernant la main d'oeuvre immigrée, entre autres.
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Cet ouvrage mériterait une critique serrée, qu'il serait trop long d'entreprendre ici. Disons seulement :
- que si le discours dit "post-colonial" -objet de la vindicte de l'auteur- n'est certes pas au-dessus de tout soupçon, notamment quand il sert à exempter l'Afrique de toute responsabilité autochtone dans la situation actuelle du continent, ceci n'est pas une raison pour tomber dans le déni de réalité (surtout lorsqu'on se prétend historien "professionnel") ;
- que les autres turpitudes commises ailleurs au cours de l'histoire (on a certes l'embarras du choix) ne sauraient justifier celles de la colonisation, sauf à pratiquer un nivellement par le bas, jamais de bon augure ;
- que les aspects positifs de la colonisation ont bien sûr existé, mais sont à replacer dans leur contexte, ce que faisait très justement quelqu'un comme Nehru : "Un des traits les plus remarquables de la domination anglaise aux Indes", écrivait-il, "est que les plus grands maux qu'elle a infligés à ce peuple présentent extérieurement l'apparence de bienfaits du ciel : chemin de fer, télégraphe, téléphone, radio et le reste furent les bienvenus ; ils étaient nécessaires et nous avons une grande gratitude envers l'Angleterre de nous les avoir apportés. Mais nous ne devons pas oublier que leur premier objet fut le renforcement de l'impérialisme britannique sur notre sol."
En bref, un livre essentiellement polémique qui, en tombant trop souvent dans des travers symétriques de ceux qu'il entend dénoncer, n'apporte guère de sérénité dans le débat. Sur le même sujet, on aura bénéfice à lire plutôt un ouvrage comme "L'histoire des colonisations" de Marc Ferro, beaucoup plus équilibré et qui a en outre le mérite d'élargir vraiment la perspective à d'autres colonisations que la colonisation française, ou encore "The shackled continent", d'un auteur fort peu suspect de sympathies de gauche compte tenu de son profil. (Voir critiques par ailleurs sur Babelio).
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Livre publié en 2006. Daniel Lefeuvre, spécialiste de l'Algérie coloniale est professeur d'Histoire à l'Université Paris-8 (Saint-Denis). Donc, il parle de ce qu'il connaît pour avoir suffisamment étudié.

Ce livre répond aux arguments du mouvement anticolonialiste qui "dénonce le péché capital que nous devons tous expier: notre passé colonial et une longue de crimes commises à ce titre".

L'auteur ne cache pas les erreurs commises par la France mais surtout il démonte, chiffres et faits à l'appui, une série d'arguments utilisés par ces mouvements anticoloniaux : exploration des colonies, racisme envers les sujets des colonies, ... Des arguments des anticolonialistes (qu'il nomme des Repentistes) relèvent d'une méconnaissance de l'histoire, d'utilisation de chiffres et faits sortis de leur contexte, des conclusions hâtives, des affirmations sans mentionner la source ou encore des inventions. C'est une mise au point indispensable.

A mon avis, une autre erreur des anticolonialistes est l'anachronisme : vouloir juger le passé comme si tout s'était passé aujourd'hui.

Des auteurs dont les arguments reviennent souvent, et qu'il les démonte, sont Olivier le Cour Grandmaison, Gilles Manceron ou encore Kamel Kateb. Un exemple d'énormité de Gilles Manceron, un historien, est dans la citation de la page 10. Incroyable de lire un historien faire ce type d'affirmation.
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Avec ce petit livre on apprend beaucoup sur l'histoire des colonies, sur les différents immigrés qui sont venus travailler sur notre sol au cours des dernières décennies, et même des siècles précédents.

Il etait temps que des précisions soient apportées.

On reste sideré quand on voit comment certains auteurs ou journalistes ou politiques ont transformé des faits réels, pour porter le discrédit sur notre pauvre France, de plus en plus ridiculisée, vilipendée, méprisée, déshonorée.

J'espère que ce petit ouvrage se retrouvera dans les collèges et lycées pour rétablir enfin la vérité,
Je regrette néanmoins que la presse en ait parlé aussi peu, mais cela n'est pas étonnant du tout.

On est vraiment pris au piège d'un engrenage qui nous mènera à notre perte.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Prétendre que les français doivent faire acte de repentance pour expier la page coloniale de leur histoire est réduire les factures de la société française relève du charlatanisme ou de l'aveuglement. Cela conduit à ignorer les causes du mal et empêche donc de lui apporter les remèdes nécessaires. Le risque est grand, alors, de voir une partie des français, bien persuadés qu'ils seront à jamais les indigènes d'une République irrémédiablement marquées du seau de l'infamie coloniale, vouloir faire table rase et jeter, en même temps, nos institutions et le principe sur lequel elles reposent depuis la Révolution française : l'égalité en droit des individus. Belle révolution en perspective -peut-être même déjà en cours-, qui amènerait à créer en France un patchwork de communautés, avec leurs spécificités, leurs règles, leurs droits, leur police et leur justice - à l'appartenance desquelles des individus seraient assignés, avec ou sans leur accord. Une France, grâce à l’action du MRAP définitivement débarrasser de l'horreur laïque, où chacun pourrait exhiber au sein des établissements scolaires ses convictions religieuses ou politiques. Une France où l'on serait blanc, noir ou arabe, chrétien, juif ou musulman -éventuellement athée- avant d'être français. Bref, une France de l'Apartheid.
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La colonisation repose sur le racisme, disent les Repentants. La France a été une puissance coloniale, donc la France est raciste. L’école de Jules ferry n’a-t-elle pas enseigné aux petits Français, des générations durant, que L’Humanité est divisée, en race, la race blanche, la plus parfaite, étant supérieure aux autres ? Banania, le tirailleurs sénégalais, n’est-il pas un grand enfant, sympathique, mais demeuré ? Comment, après tout cela, imaginer que nos grands-parents n’étaient pas racistes ? Beau syllogisme, mais qui omet une chose : expositions coloniales, publicités, livres d’aventure, rien n’y a fait, les Français sont très largement, restés imperméables à l’idéologie impériale. Au grand regret du lobby colonial, qui ne cesse de le déplorer ! ( p 222)
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Lorsque Tarik ramadan affirme, avec toutes l'assurance qu'on lui connaît, que les travailleurs venus d'Afrique du nord "ont reconstruit la France" après 1945, on peut s'interroger sur les arrières-pensées qui président à une telle assertion. Au fond, le lieu commun, profondément ancré dans la conscience nationale, d'une main-d’œuvre que les patrons seraient allés enrôler dans les douars pour la conduire à l'usine, généralement entretenu sur un mode compassionnel par les repentants, remplit une fonction : Il sert à justifier l'existence d'une créance de la société et de l'état français à l'égard de ces travailleurs, que certains de leurs descendants, réels ou imaginaire, se posant en ayants droit, entendent monnayer.
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(p. 10)

Qui dit extermination dit pages les plus noires de l'histoire de l'Europe : et voilà comment la colonisation enfanterait le nazisme. J'exagère ? Lisez donc Gilles Manceron, vice-président de la Ligue des droits de l'homme : "Il n'est pas illégitime de rapprocher les manifestations les plus aigués de la violence coloniale de celle que les conquérants nazis ont déployé en Europe. [1]". Hitler, fils spirituel de Gambetta ou de Ferry, la division Das Reich, l'héritière des colonnes mobiles de Bugea !

[1] Gilles Manceron, Marianne et les colonies. Une introduction à l'histoire coloniale de la France, La Découverte, 20à3. p. 295
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A l'issue des combats, le général Westermann, qui commande les troupes républicaines, écrit à la Convention : "Il n'y a plus de Vendée, elle est morte sous notre sabre libre, avec ses femmes et ses enfants [...] Nous ne faisons plus de prisonniers, il faudrait leur donner le pain de la liberté, et la pitié n'est pas révolutionnaire"
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