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EAN : 9782290302941
155 pages
J'ai lu (24/08/2000)
3.56/5   24 notes
Résumé :
Dans ce recueil de quatorze textes, aux titres puisés dans le quotidien, Françoise Lefèvre confirme son art d'évoquer les émotions les plus subtiles et les plus graves, avec un regard et un style inimitables.
Que lire après Consigne des minutes heureusesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Françoise pour André Hardellet, c'était La marchande des minutes heureuses. Dans ces 14 petits textes edités en 1998, elle nous parle du temps, de ses souvenirs, des ruines, de cette envie de fuir. Elle évoque la mondialisation, les champs fumants, la brouette des paysans et la cafetière aux motifs naïfs posés là, sur la grande table de la ferme. L'odeur de l'automne, la misanthropie, l'écriture, l'amour...
Françoise qui sait si bien écrire les émotions subtiles, profondes. Je l'ai lu avant de m'endormir. Sublime. Je remercie cette grande autrice qui va bientôt avoir 80 ans pour ses livres si vrais.

André Hardellet s'immobilisait face à des pans de vieux immeubles qui semblaient les vestiges d'une ville bombardée. Longtemps il contemplait sur les murs intérieurs encore debout ce qui restait des salles à manger, salles de bains, chambres à coucher. Intimité soudainemernt dévoilée aux regards des passants. Sur six étages, c'était un étrange assemblage, patchwork de papiers peints aux motifs désuets où se mêlaient pois de senteur, roses entrelacées. A certains endroits, des marques plus claires laissaient deviner la place autrefois occupée par un lit, une armoire, une horloge, une baignoire, un miroir, la cheminée. le tout maintenant écroulé dans les décombres. Avec la régularité d'un métronome, un engin muni d'un poids monstrueux pendulant au bout d'un filin frappait les dernières cloisons qui jusque-là avaient résisté. L'immeuble cédait alors d'un coup. Dans le fracas et la poussière des gravats nous assistions à la fin d'un monde. Les mains appuyées sur la rambarde de sécurité qui entourait le chantier, André Hardellet ne disait rien. Juste, il soulevait les épaules en signe de lassitude ou de fatalité...
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Ce livre est un bel hommage à André Hardellet.
Françoise Lefèvre y évoque son souvenir, et lui fait l'offrande de sa vocation d'écrivain.
Elle se souvient du jour de sa mort, et du mot qu'elle avait reçu la veille :
"Au bois de Vincennes, je vous expliquerai Françoise, pourquoi vous êtes « la marchande de la boutique des minutes heureuses ». Je vous parlerai aussi de celle que j'appelle Germaine dans mes livres et du parfum de la dame en noir… Vous êtes une source. Vous m'aidez à vivre. Mais il est temps de ne pas rater la dernière levée. Tenderly. André. »
Des années plus tard, elle rend grâce à ces derniers mots qui l'ont portée vers ce qu'elle était, et se met à l'ouvrage.
Elle se doit de devenir pleinement "La marchande de la boutique des minutes heureuses".
Avec ardeur, patience et détermination, elle creuse au fond d'elle même pour retrouver les moments de lumière qu'elle fera surgir de l'ombre.
Elle se fait violence pour y arriver, parce que l'exercice n'est pas si facile de focaliser sa mémoire sur le bonheur plutôt que sur le malheur, sur la jouissance plutôt que sur la douleur.
Parmi les joyaux qu'elle fait ressurgir, certains ont brillé d'une éblouissante lumière à mes yeux :
"Les tresses d'Hermine", "L'eau du matin", "La tartine de saindoux", "Une jacinthe bleue l'hiver", "Suspendre le linge dehors".
Ces écrits intimes qui se succèdent et luttent contre le chagrin des jours qui passent m'ont touchée.
Je partage l'avis de nombreux billets lus ça et là disant que cet exercice pourrait être une belle leçon de vie.
des liens et une chanson sur le blog :
Lien : http://sylvie-lectures.blogs..
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Le livre est constitué d'une succession de scènes du quotidien et de réflexions sur le monde dans lequel nous vivons, avec pour fil conducteur retrouver les minutes heureuses dans le fatras des mauvaises nouvelles et des catastrophes que nous ingurgitons tous les jours bien malgré nous.

Le titre des chapitres peut vous donner une idée des sujets abordés :

- volupté de se rendormir après une nuit d'insomnie

- une jacinthe bleue l'hiver

- suspendre le linge dehors

- l'eau du matin etc ...

Certaines blogueuses m'avaient prédit un moment de lecture éblouissant avec ce petit recueil, qu'elles en soient remerciées, elles avaient entièrement raison. C'est un pur régal.

Je me sens rarement en osmose à ce point-là avec les propos et l'écriture d'un auteur. Si j'avais eu le moindre début de talent de plume, j'aurais aimé qu'il ressemble à celui-ci.


Lien : http://legoutdeslivres.canal..
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un petit bijou !! dites le à Petite Bijou qui aime la belle ouvrage !!
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Consigne des minutes heureuses, vraiment ? Cela commence par la mort d'un ami cher, cela continue avec une femme qui a vu ses huit enfants tués sous ses yeux, une petite mention d'Oradour... Au bout de 50 pages j'étais déprimée, au bout de 100, j'ai compris que cette femme, qui veut nous faire croire qu'elle voit la beauté des choses dans tous les petits rien, n'est pas capable de profiter d'un petit bonheur sans penser guerre, mort et tristesse. Autant le livre de Françoise Héritier était un pur enchantement, autant je ne me suis pas donné la peine de terminer celui-ci.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Comment ne pas avoir le coeur serré à l'idée qu'un enfant de onze ans accomplit des journées qui comptent largement dix heures de travail, d'attention, de vie bruyante au milieu des autres, sans aucune possibilité de retrait.
Et je laisse de côté la somme considérable des devoirs faits à la maison, la pratique d'un instrument de musique.
Semaines de plus de cinquante heures ... largement dépassées.
Alors que les adultes militent pour n'en faire que 35.
Energie gaspillée, mal employée, mal gérée par des institutions voleuses de joie et d'enfance, avorteuses de toute ébauche de créativité.
Mozart, cent fois, mille fois assassiné .
Et personne n'est responsable. Personne n'y peut rien.
C'est ce qu'on entend. C'est ce qui se dit.
C'est ce qui se pratique.
De petits crimes à l'échelle gouvernementale.
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Patience pour aller à la capture d'une minute heureuse. Ne penser qu'à la seconde présente. Ne pas se laisser noyer dans les larmes qui montent. Ne pas se laisser couler vers le fonds par ce poids dans la poitrine que fait le cœur gros. Évacuer les rancœurs, les regrets. Ne plus songer aux terribles renoncements. Respirer. Bien respirer. Garder la minute heureuse qu'on a toujours su reconnaître comme un diamant au fond de sa poche de tablier
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André Hardellet s'immobilisait face à des pans de vieux immeubles qui semblaient les vestiges d'une ville bombardée. Longtemps il contemplait sur les murs intérieurs encore debout ce qui restait des salles à manger, salles de bains, chambres à coucher. Intimité soudainemernt dévoilée aux regards des passants. Sur six étages, c'était un étrange assemblage, patchwork de papiers peints aux motifs désuets où se mêlaient pois de senteur, roses entrelacées. A certains endroits, des marques plus claires laissaient deviner la place autrefois occupée par un lit, une armoire, une horloge, une baignoire, un miroir, la chemi-née. Le tout maintenant écroulé dans les décombres. Avec la régularité d'un métronome, un engin muni d'un poids monstrueux pendulant au bout d'un filin frappait les dernières cloisons qui jusque-là avaient résisté. L'immeuble cédait alors d'un coup. Dans le fracas et la poussière des gravats nous assistions à la fin d'un monde. Les mains appuyées sur la rambarde de sécurité qui entourait le chantier, André Hardellet ne disait rien. Juste, il soulevait les épaules en signe de lassitude ou de fatalité...
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Une touffe de perce neige qui s'acharne à pousser à travers une
plaque de béton.
Oui, des signes comme celui-là, la certitude d'être accompagnée
d'un amour invisible, voilà ce qui doit me suffire.
Les préambules à cet amour étant la capacité de reconnaître
la joie où elle se trouve ...
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"Sous l'eau qu'on reçoit comme une cascade, on ferme les yeux. Fermer les yeux c'est rendre grâce. On sourit à l'idée de l'amour qu'il faudra ranimer tout au long de la journée comme un feu toujours prêt à s'éteindre. Et puisqu'on est seule et qu'on ne peut pas vous entendre, on soupire. Parfois viennent les larmes. On se le permet, car on sait que l'eau en effacera les traces. Personne ne vous demandera rien. On a développé une grande maîtrise dans l'art de ne laisser paraître aucun désarroi sur son visage."

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