Serré dans son ciré, jaune comme le soleil qui s'est caché,
le coeur réchauffé d'une boisson, le corps lové dans sa solitude et sa rousse fourrure,
Monsieur Walter regarde le paysage du haut de son toit.
Plongé dans l'amertume de son thé, il se dit que son moi est bien seul sans toi, sans un autre.
Monsieur Walter, sous son parapluie, se préserve des dernières fuites tombées du ciel, il attendrait bien la visite d'un plombier pour l'arrêter, pour discuter.
Le museau est à l'affût d'un jour qui passe sans repasser pareil.
L'écho de la radio, de la télé se sont arrêtés, Monsieur Walter est fors embêté, sirotant une autre tasse de thé.
Le gros chagrin de l'azur a englouti le bas et du haut de son toit, Monsieur Walter se désespère et il attend.
Il attend puis il entend. Des plic et ploc, autres enfin, autres que ceux des dernières pluies qui tombent.
Une poule sur un mur...non, sur un toit ! Hourra ! Monsieur Walter en perd son chapeau rond.
Sur un autre toit, trois, trois petits cochons !
A cheval sur ses tuiles, un roi, un roi lion et sur leur radeau crocodile, une famille d'ours blancs semble content.
Un toi+ un toi+ un toi sur des toits, Monsieur Walter est pris d'une grande idée !
: On l'aura compris, cet album grand format de
Clément Lefèvre parle de la solitude et du plaisir à vivre entouré d'amis. Avec beaucoup de délicatesse et de tendresse, l'auteur présente son mignon petit renard perdu au milieu des eaux, à l'affût de la fin des mauvais jours et de quelques copains. L'horloge de son petit monde s'est grippé avec la pluie, la télé et autres échos du monde aussi, son temps tourne d'une langueur monotone. le texte marque ce pincement au coeur et ce temps long qui passe, il est minimaliste, il rythme l'histoire comme « quelques plocs » tombant au milieu du blanc page après page, accompagnant la tête baissée du petit renard à grosse tête qui se lasse, triste.
A ce chagrin métaphorique, viennent répondre des illustrations d'une grande beauté et d'une véritable douceur où l'on se perd avec plaisir dans les bleus délavés.
L'espace est ponctué de petits nénuphars, traversé par des bancs de poissons rouges, habité par la poésie.
C'est une sorte d'Arche de Noé qui se forme à la fin, surprenant le personnage et le lecteur, formé de des victimes de la pluie. Comme le dit l'adage, « Après la pluie, le beau temps », le chagrin est passé. Les lecteurs pourront reconnaître quelques personnages connus des contes qui emménagent dans la tour-ville de bric et de broc. La fantaisie et la joie prennent leurs quartiers dans les clous et vis plantés et le bleu cède un peu au soleil qui revient.
Monsieur Walter est tendrement lové entre les plumes dorées d'une poule, aussi jaune que son ciré.
C'est charmant et rayonnant.
A découvrir.