La société occidentale est-elle un colosse aux pieds d'argile, et la civilisation un simple verni posé sur des instincts dont on peut difficilement être fiers ? C'est en tout cas le message que tente de nous faire passer
François Lefort dans ce roman : à la suite d'une crise de trop, les établissements financiers du monde entier s'écroulent les uns après les autres, entraînant dans leur chute celle des états. En quelques heures, l'argent ne signifie plus rien.
Se retrouvant du jour au lendemain sans autre ressource que leurs courses de la semaine, les braves citoyens changent du tout ou tout : destruction immédiate de tout lien social, pillages, organisation de bandes armées et règne de la loi du plus fort. Privés d'électricité, d'eau courante, de chauffage, les survivants tentent de reformer des embryons de société civilisée, vite balayés par les chefs de guerre locaux qui sèment la terreur.
La première tentation en lisant ce roman est de crier à l'exagération, mais l'auteur réplique par sa longue expérience sur le terrain dans des pays où tout a basculé en quelques instants, ce qui nous oblige à réfléchir un peu plus longuement : des pays déchirés par la guerre civile et/ou le chaos, ce n'est pas ce qui manque dans notre histoire.
L'écriture est assez directe, l'auteur ne nous décrivant que des faits bruts et des descriptions. J'aurais apprécié une petite couche supplémentaire de psychologie des personnages. On aborde bien de temps en temps le rôle de la religion dans les valeurs morales, mais ça reste assez anecdotique.
La chute est assez surprenante, et tranche avec le récit, jusque là très pessimiste. Terminer sur une note d'espoir n'est pas pour me déplaire, mais comparée avec ce qu'on a lu précédemment, la fin apparaît un brin naïve.
Même si le roman n'a pas été écrit par un auteur « de métier », il a au moins le mérite de nous faire réfléchir sur l'état de notre monde, sans chercher d'autres responsables de la catastrophe que nos propres actions.