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4,05

sur 389 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans Alep dévastée par la guerre, alors qu'ils ont tout perdu, l'apiculteur Nuri finit par convaincre son épouse murée dans le chagrin qu'ils n'ont que trop tardé et qu'il leur faut partir. Avec pour seuls bagages la douleur de deuils impossibles et le traumatisme de la violence et de la peur, le couple entame alors un long et dangereux périple au travers de la Turquie et de la Grèce, dans le but de gagner l'Angleterre et d'y obtenir le statut de réfugiés.


Son expérience de bénévole dans un camp de migrants à Athènes a permis à l'auteur de recueillir les témoignages et les confidences de familles syriennes et afghanes réfugiées en Grèce : autant d'histoires bouleversantes qui ont nourri ce roman et lui ont donné un centrage émotionnel fort. Au-delà d'un aperçu des dramatiques conditions et obstacles qui jalonnent le parcours des migrants, le récit met l'accent sur l'intime et l'humain, nous faisant partager le désespoir engendré par le deuil et la perte, mais aussi l'extraordinaire résilience dont beaucoup de ces personnes déplacées savent faire preuve.


Ainsi, au beau milieu des drames et de la noirceur ambiante, l'on parvient tant bien que mal à se réchauffer le coeur à une petite flamme d'espoir et de vie, précairement entretenue par les souvenirs d'un passé serein et lumineux, par l'amour et la tendresse de deux époux accrochés l'un à l'autre, et par l'actif et continu soutien des populations locales et des organisations humanitaires.


Au travers de cette histoire particulière qui laisse perler l'espoir dans un chaos général où beaucoup de migrants se perdent, l'on devine la volonté de croire, pour les aidants bénévoles comme l'auteur, à ce que, heureusement, et en partie grâce à leurs efforts, un certain nombre de destins brisés puissent retrouver la lumière.

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Dès les premières pages, j'ai perdu mes repères.
Du bonheur au malheur, d'heure en heure l'apiculteur se meurt.
Livre détresse, lecture frayeur.
Les prédateurs brûlent ses repaires.
Il a eu son heure.
Nuri, bombe et cauchemar, fuite essentielle et vitale, son parcours, lourd.
Quitter son pays, partir avec Afra son amour.
De Syrie au Royaume-Uni.
De migrant à réfugié, tout est écrit dans ce road-movie de la vie.
D'Istanbul à Lesbos sans pathos et d'Athènes à Londres à se morfondre.
Happy, apiculteur, quand la mort te susurre des serments veloutés, que rien n'est moins sûr,
que rien n'aura plus d'importance. Ni la chaleur, ni les piqûres…

Je me suis senti mal à l'aise dans cette fiction qui sent trop fort la réalité.
Personnages de création dans un environnement réel, actes glaçants : tu as envie de t'entraîner au tir ? Simple, deux soldats parient celui qui va tirer, c'est un jeu, pour abattre…un enfant de huit ans !
J'ai approché l'errance et ses souffrances dans les lignes de Christy, je ne me suis jamais posé, ni reposé. J'ai couru tout le temps, haletant à tâcher de trouver un peu de baume au coeur pour Afra et Nuri dans les parcs piégés laissés à l'abandon où ils sont abrités avec leurs compagnons. J'étais sans cesse sur le qui-vive pour tous ces gens qui bravent la mort chaque jour qui commence.

Merci Christy de ce témoignage qui va me hanter, je croyais m'y perdre, je m'y suis trouvé encore un peu plus d'humanité.

Merci à Bashung à qui j'ai emprunté quelques lignes de sa superbe chanson : L'apiculteur.

Merci infiniment à Babelio et Seuil pour leur cadeau de masse-critique privilégiée.
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13 chapitres construits selon le même principe : la vie de Nuri et Afra en Angleterre puis une phrase qui se termine par un mot charnière. Ce mot fait basculer le récit qui narre alors la vie d'avant l'Angleterre : la Syrie, Alep, la guerre et ses horreurs, la fuite via la Turquie puis la Grèce, un voyage au cours duquel les rencontres vont se succéder. D'autres horreurs aussi, la misère et le malheur ne provoquent pas seulement des mouvements solidaires mais attirent les vautours. Ce procédé de chapitre miroir, un peu trop mécanique, est compensé par un style qui se garde de toute grandiloquence, hors de question de se gargariser de poésie comme chez Wauters lorsque les destins sont aussi tragiques. Volontaire dans un camp de migrants à Athènes, l'auteur relate l'enchaînement des faits avec une précision journalistique ce qui s'avère à double tranchant. L'expertise de l'auteur et son empathie, au demeurant louable, l'empêchent sans doute de s'aventurer davantage dans le romanesque. Dans la catégorie apiculteur, « Les Abeilles grises » d'Andreï Kourkov était moins didactique et le portrait de Sergueïtch plus complexe que ceux de Nuri et Mustapha puisque le choix du singulier est assez surprenant, les destins des deux cousins étant indissociables.
Le bandeau précise « une ode à l'humanité ». Là, mon opinion n'est pas la même. Entre les salauds et les cabossés qui forment une majorité des personnages, le lecteur ne ressort pas indemne de cette lecture. Sans trahir la fin, et même si la situation de Nuri et Afra s'est considérablement apaisée, le terme de Happy end pour le chapitre 14 n'est pas vraiment approprié, sans parler de la tentation d'un calembour malséant sur les termes api et happy.
Tandis que j'entamais ce livre, j'entendais sur France Inter « l'épreuve » vécue par ces voyageurs de la SNCF à la suite d'une panne de caténaire… Heureux pays où un retard de six heures est un des titres du journal et où l'on tend les micros vers ces « victimes »…
Autre télescopage de l'actualité, cruel celui-ci, un réfugié syrien manquait de provoquer un carnage dans un jardin public à Annecy… Un fou ? Un illuminé ? Sûrement. Un acteur d'une guerre infâme ? Certainement ! « L'apiculteur d'Alep » décrit les conséquences du stress post traumatique qui n'ont pas, dans ce cas, la violence imputable au meurtrier d'Annecy. Mais, dans le drame savoyard, quel est l'impact de l'expérience de guerre ?
Lorsque la littérature offre ainsi une réflexion brûlante sur un événement « réel », on se surprend à laisser le livre et à mettre un point final à cette chronique avec un certain soulagement.
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L'apiculteur d'Alep, magnifique et désolant récit du parcours de migrants fuyant la guerre civile dans leur pays, incarnés par Nuri Ibrahim et sa femme Afra, syriens dépossédés de tout, y compris de leur jeune fils Sami, mort sous les bombes dans leur jardin.
L'écriture de Christy Lefteri sublime et afflige tout à la fois, nous donnant à voir la beauté du territoire quitté, les bouffées d'espoir avili dans les camps de réfugiés et les assauts constants de la perte subie. Structuré autour de passages alternés entre le présent et le passé, le roman embrasse tout le malheur de la migration forcée chez des gens qui, en ayant tout perdu, n'ont plus rien à perdre. Malgré le poids du propos, l'autrice a su intégrer un peu de poésie et de fantaisie dans son récit, rendant ainsi une légèreté à la lecture tout en ne cachant pas la triste réalité des faits.
Un tour de force littéraire parfaitement maîtrisé!
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« Christy Lefteri est née à Londres de parents chypriotes » précise la très brève biographie de l'auteure proposée par les Éditions du Seuil. Je n'ai pu m'empêcher de penser à la partition de Chypre et à l'immigration qui a accompagné cet événement… de plus, comme elle a travaillé dans un camp de migrants, on comprend que le sujet lui tient à coeur. Elle va nous raconter la douloureuse aventure de Nuri, apiculteur accompli, passionné par son travail, et d'Afra, sa femme, peintre de talent, tous deux vivant à Alep avec leur fils Sami. Ils ont une vie confortable, dans un milieu aisé, jusqu'à ce que « la situation devienne intenable ». le cousin de Nuri, Mustafa, son mentor et associé, a déjà envoyé sa femme et sa fille en Angleterre, mais là, tous doivent partir, sans tarder, et dans des conditions qui n'ont rien à voir avec un voyage d'agrément…
***
Tous numérotés et décorés d'une abeille, chacun des 14 chapitres commence à Londres. Les 13 premiers chapitres nous font voyager dans l'espace et dans le temps. Nuri, narrateur à la première personne, nous explique leur présent de réfugiés, mais relate aussi les différentes étapes de leur périple. À peu près à la moitié de ces 13 chapitres, on découvre, seuls sur une page blanche, un ou deux mots en caractères gras, mots qui sont à la fois les derniers du récit « de Londres » et les premiers de celui « du voyage ». J'ai trouvé le procédé intéressant, en cela qu'il rend indissociables les deux parties et rattache les traumatismes subis au présent et à l'avenir de cette famille brisée. On sait très vite que Nuri et Afra ont tout perdu ; Sami, leur fils, est mort, et Afra est devenu aveugle. On soupçonne que les deux événements sont liés, mais on ne possède pas de détails. Parce que le roman commence à Londres, on comprend qu'ils sont arrivés sain et saufs (si l'on peut dire), mais on ne découvrira qu'au fil du texte à quel point le voyage a été éprouvant.
***
C'est un roman touchant et émouvant, éprouvant aussi par moment. J'ai trouvé particulièrement réussi la juxtaposition, parfois la superposition, des souvenirs heureux, des bonheurs apportés par les soins prodigués aux abeilles, des beautés d'Alep et de la Syrie, des moments partagés sans réserve avec ceux que l'on aime, et des horreurs de la guerre, des morts absurdes, des compromissions, des profiteurs, etc. J'ai trouvé habile aussi de nous présenter des gens aisés, qui pourraient voyager dans de bonnes conditions, mais qui, à cause des circonstances, vont se trouver à accomplir la plus grande partie du voyage dans les mêmes conditions de précarité que les autres migrants, quel que soit leur pays d'origine et les motifs de leur exil. J'ai compris aussi que le syndrome de stress post traumatique (SSPT) pouvait revêtir des formes extrêmement diverses, et à quel point il pouvait être tentant de se laisser submerger pour y échapper.
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À Alep, en Syrie, Nuri est apiculteur, avec son cousin Mustafa. Sa femme, Afra, est artiste. Ils ont un petit garçon, Sami, et sont heureux jusqu'à ce que la guerre civile éclate et ravage tout , leur ville et leur existence. Les ruches incendiées, leur petit Sami assassiné, Nuri menacé de mort… Ils n'ont d'autre choix que la fuite.
Commence alors leur longue errance vers l'Angleterre où Mustafa et sa famille ont trouvé refuge, avec l'espoir de renaître à une nouvelle vie.
Les passeurs, la traversée de mers hostiles où certains de leurs compagnons laisseront leur vie, les différents camps de réfugiés où règnent le froid, la misère et la peur, les passeurs encore qui profitent de leur faiblesse et de leur découragement, la perte de leur identité … tant d'obstacles avant d'atteindre enfin l'Angleterre et une attente sans fin d'un statut de réfugié.

Ce n'est pas le premier livre que je lis sur ces «  exilés forcés » jetés sur les routes par les guerres et les atrocités qui les accompagnent mais celui de Christy Lefteri, inspiré par son travail de bénévole dans les camps de réfugiés en Grèce, le traite d'une façon très personnelle, en choisissant de centrer l'histoire sur un couple anéanti par le drame qu'ils ont vécu. Afra a perdu la vue en perdant son fils, et se mure dans un silence et une apathie totale, Nuri « voit » des clés aux arbres et des portes s'ouvrant sur les paysages bénis de sa Syrie natale…Qu'il leur est difficile de retrouver l'amour et la complicité qui les unissait, de lutter ensemble pour dépasser le deuil et les traumatismes psychiques !

Un roman qui porte malgré tout une certaine dose d'espoir , avec les amitiés nouées dans le centre d'accueil, les bénévoles s'efforçant d'adoucir les conditions d'exil….

Dans un style très sobre et qui sonne juste pour qui connaît un peu le vécu des demandeurs d'asile, Christy Lefteri signe un roman sensible et touchant.
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Un beau roman sur la crise migratoire suite à la guerre en Syrie. Nuri est apiculteur à Alep et vit paisiblement avec sa femme Arfa, artiste peintre, et leur fils unique Sami.
Malheureusement, leur bonheur est bouleversé par la guerre en Syrie. Il leur faudra partir et donc entamer un périble douloureux pour survivre.

Ce livre à la fois réaliste - l'auteure a été bénévole dans un camp de migrants à Athènes - et solaire, pose la question de "qu'est-ce que voir ?" en lien avec le traumatisme et par conséquent, avec la résilience.

Il y a certes beaucoup de souffrances dans L'Apiculteur d'Alep, mais aussi beaucoup de douceur et d'amour grâce à Nuri, un narrateur sensible qui, porté par sa passion pour les abeilles et son amour pour sa femme, choisit la vie malgré son immense malheur.
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La guerre et ses victimes collatérales : quand la guerre éclate en Syrie, Nuri, apiculteur et sa femme Afra, peintre, ne se sentent pas impliqués : ils rêvent de continuer leur vie tranquillement et d'élever leur fils Sami comme ils l'ont toujours fait ... situation impossible à tenir lorsque les bombes éclatent et que les rebelles exigent de tous les hommes de prendre une arme et de se battre.
Ils fuient donc vers l'Angleterre où les attendent leurs proches.
Un roman très touchant sur la perte, d'un proche, de ses repères, et sur le lent et difficile voyage que ce couple va effectuer vers une nouvelle vie.
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Ce livre m'a étreint le coeur, tant il est bouleversant ! On en sort chamboulé de l'histoire de Nuri et Afra qui fuient la guerre de Syrie.

L'auteur aborde la guerre du bout des doigts, jamais trop, mais sa présence est là par des anecdotes que racontent les protagonistes. Ils nous dépeignent la peur, l'horreur aussi…Mais aussi la souffrance. Après l'horreur de la guerre, la difficulté de ce long périple pour rejoindre une autre vie, un autre espoir en en ayant en tête le bourdonnement des abeilles.

L'écriture est sensorielle, et nous emmène à leurs côtés, Une touche poétique s'en dégage nous permettant ici et là de mieux respirer.
L'amour y est dépeint avec beaucoup de délicatesse. On y voit un couple meurtri dans leur coeur, leur chair en ayant perdu le plus cher mais qui se raccroche malgré tout à la vie. Il s'agit là oui d'une odyssée à l'espoir et je rajouterai...à l'humanité.

Ce qui est d'autant plus intéressant l'auteur avait été bénévole en 2016 dans un camp de migrants à Athènes et a pu écouter les témoignages de ces personnes en quête de jours meilleurs.
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Un roman d'actualité sur une tragédie humaine qu'on voit régulièrement à la télévision, l'échouage des centaines de réfugiés sur les côtes de l'Europe.
Christy Lefteri s'est inspirée de son expérience de bénévole dans un centre de migrants à Athènes pour raconter une histoire très crédible. Elle nous éclaire sur les motifs qui poussent ces gens à entreprendre un voyage long, au péril de leurs vies. Contrairement aux idées reçues, la plupart de ces gens ne quittent pas de bon coeur leurs pays, leurs familles et leurs anciennes vies.
La guerre civile fait rage en Syrie. Persécutés, NURI et sa femme fuient Alep où les bombes leur ont tout pris, la maison, les ruches et un enfant.
Le livre suit leur exode et leur arrivée en Angleterre où ils espèrent obtenir le statut de réfugiés.
Une histoire triste, qui fait mal, mais tellement réelle.
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