Pendant la seconde guerre mondiale, Brno est occupée par les Allemands. Ici et là, des réseaux de résistants s'organisent. Parmi eux, la jeune et brillante doctoresse, Eliška, qui achemine du courrier, sous la coupe de son chef de service, Richard, marié et père, dont elle est la maîtresse. Mais les choses tournent mal. Certains de ses amis et collègues sont en danger. Son meilleur ami, Slávek, organise sa fuite. de l'argent, des tickets de rationnement, une kenkart et une biographie qu'elle devra apprendre par coeur. Mais la jeune femme ne partira pas seule. Avec elle, Joza, un patient de l'hôpital, considéré comme l'idiot du village, avec qui elle rejoindra Želary, et qu'elle devra épouser pour se faire oublier de la Gestapo....
Pour fuir la Gestapo, Eliška n'a d'autre choix que de quitter Brno, son amant, ses amis et son travail. Et c'est au bras de Joza, le benêt du village, qu'elle se rendra à Želary, là où une toute autre vie lui est promise, bien loin de ce qui l'attendait à Brno. Passer de doctoresse prometteuse et résistante dans le coeur à, tout simplement, femme de Joza, Eliška va devoir se construire autrement dans ce petit village isolé. Avec "La belle de Joza", Květa Legátová nous offre un court mais intense moment de grâce et de simplicité. Elle décrit, tout en délicatesse, les sentiments et émotions de ce nouveau couple ainsi que ces instants suspendus, hors du temps. Habité par une étonnante galerie de personnages, ce roman, apaisant et émouvant, dépeint, de par cette plume parfois poétique, une inoubliable histoire d'amour emplie de tendresse...
À noter que ce roman a été adapté au cinéma sous le titre "Želary"...
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Tchécoslovaquie sous l'occupation allemande, pendant la deuxième guerre mondiale, à Brno,Eliska,jeune médecin ,travaille dans un hopital. Son chef de service Richard, l'utilise pour acheminer le courrier d'un réseau de résistants. Avec la fuite de ce dernier à l'étranger, son meilleur ami,cerveau du réseau, va organiser la fuite d'Eliska avec un de ses patients Josa en lui forgeant une nouvelle identité. Josa est simple d'esprit et travaille dans une scierie dans la montagne à Zelany, et deviendra son époux par force majeure.
Eliska est projeté dans une autre orbite,alors qu'elle aurait pu être l'étoile des colloques internationaux en tant que médecin, elle vivra dans cette montagne, femme de Josa, mais trouvera quand même le bonheur (la différence essentielle résidait bien dans le fait que là-bas ,j'eusse été heureuse en tant que vainqueur,alors qu'ici je l'étais en tant que vaincue"p.76).
C'est une magnifique histoire d'amour et d'amitié dans une montagne sauvage,peuplée d'étonnants personnages comme Lucka ,la guérisseuse,Zena,la veuve aux mains d'or,Lipka,le beau jeune homme parlant la langue des chiens,un prêtre qui vit ce qu'il prêche avec une simplicité sidérante.....et bien sûr,Josa,cet homme qui va se révéler très loin d'être un idiot.
Un petit roman qui m'a énormément touchée,aussi bien par son histoire et son contexte,-cette montagne,un havre de paix en pleine guerre,qui prône des valeurs simples et essentielles-,que sa prose poétique.
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Nous sommes en 1942, à Brno, une ville du "Protectorat de Bohême-Moravie" sous le joug nazi. Eliska, la narratrice du livre, est une jeune femme médecin qui exerce à l'hôpital de la ville, où elle s'attache à un patient, Joza, qui, quand elle l'a aperçu la première fois, lui a fait penser au "bossu de Notre-Dame", un "simplet des montagnes" qui sait l'émouvoir avec des histoires de son pays et de son village, Zelary. Eliska sert aussi, au sein de la Résistance tchèque, comme agent de liaison de Richard, son chef de service et son amant. Un jour, son ami Slavek vient lui apprendre que le réseau est découvert, que Richard a fui à l'étranger sans avertir quiconque et qu'elle doit elle aussi s'enfuir de toute urgence. La seule couverture que lui propose Slavek est qu'elle parte en train avec Joza, pour l'épouser une fois chez lui à Zelary, petit village de montagne à la frontière entre la Moravie et la Slovaquie.
C'est là qu'ils débarquent tous les deux, c'est là qu'ils vont apprendre à se connaître. Comment la belle Eliska (devenue Hana) et cet ours mal léché, mais si touchant, de Joza vont-ils pouvoir se supporter ? Comment Hana va-t-elle s'acclimater à ce village où tout est si différent de Brno ? le récit bascule dans une sorte d'ode à la vie simple, aux charmes de la nature et aux douceurs de l'amitié des bêtes. Même les soins de Lucka, la guérisseuse, semblent, dans ce village, plus efficaces que ceux qu'un médecin peut dispenser. Eliska-Hana vit une sorte de parenthèse enchantée. Hana a laissé la défroque d'Eliska sur le bord de la route et s'est muée en sauvageonne, toute étonnée que les bras de son Quasimodo ne l'aient pas écrasée en se refermant sur elle. En psychanalyse, on parlerait de refoulement mais que viendrait faire ici la psychanalyse ? On a l'impression qu'Hana a décidé de ne plus penser, de ne plus porter aucun jugement, à l'instar de son Joza, toujours magnanime, qui est devenu son modèle. Puis la réalité de la guerre viendra se rappeler à elle et à nous, lecteurs.
C'est un très beau récit, à mi-chemin entre le conte et le témoignage. Une histoire qui laisse aussi quelques questions en suspens et c'est aussi la marque des textes mythologiques ou des romans qui ont la vie longue et qui se bonifient avec le temps. Un grand merci à Bookycooky qui me l'a fait découvrir !
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Je n’aurais jamais cru qu’un paysage pût être terrifiant. A présent je le sais d’expérience. La forêt était percée de rochers livides autour desquels s’entremêlaient de tortueux sentiers. Ils étaient reliés entre eux avec une absurdité à vous faire perdre la tête, se croisant de telle manière qu’il était possible d’y tourner en rond à l’infini. Dans la vallée, une rivière rugissait. Elle était si vive qu’on ne pouvait la traverser que lors des étés torrides, quand le niveau de l’eau baissait et laissait émerger les pierres. Le sifflement ininterrompu du vent venait de tous les points cardinaux. Je n’étais entourée de silence que sur de ridicules petits plateaux, ici sablonneux, là herbeux, ailleurs moussus et imbibés d’une eau jaillissant de sources cachées un peu partout. Mais, au bout d’un moment, ce silence me paraissait abominable.
"Amour" est le mot le plus mal considéré du vocabulaire. On peut presque tout nommer ainsi. Toutes les convoitises, les habitudes égoïstes, l'envie, et même la haine et l'arrogance.
Ma relation à Joza méritait un examen.
Elle était indicible. Du moins, elle n'était pas simple. C'était de l'amitié, de la tendresse, de la compassion, mais aussi de l'angoisse et du désespoir.
Tout cela formant une soudure infrangible.
Les leçons utiles, je les ai reçues ici. J’ai vu des chaumières à moitié vides, littéralement bues par la brute épaisse, des enfants battus et sous-alimentés, des petits vieux courbés, mais aussi des hommes fourbus, victimes de l’intempérance et de l’avidité des femmes. J’ai rencontré des mentalités arriérées, de l’égoïsme dépravé, une avarice insensée, et, d’un autre côté, une humilité angélique, la patience, la vaillance et l’amour.
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Nous ne recevions pas d’argent. Les pauvres nous régalaient d’une slivovice que je sentais, dès la première gorgée, jusque dans mes doigts de pied. De chez les riches, nous emportions des paniers garnis : viande fumées maison, œufs, lard, beurre, grandes tartes aux fruits.
Mon savoir universitaire ne signifiait rien. Les leçons utiles, je les ai reçues ici. J’ai vu des chaumières à moitié vides, littéralement bues par la brute épaisse, des enfants battus et sous-alimentés, des petits vieux courbés, mais aussi des hommes fourbus, victimes de l’intempérance et de l’avidité des femmes. J’ai rencontré des mentalités arriérées, de l’égoïsme dépravé, une avarice insensée, et, d’un autre côté, une humilité angélique, la patience, la vaillance et l’amour.
Le monde de l’âme humaine, avec ses deux pôles irréconciliables, tournait ici comme une roue de moulin.
Dès le premier jour, on m’avait bien fait comprendre mon état de femme. Je me sentais abandonnée, vouée aux grâces et disgrâces que voudrait bien m’accorder ce village inexistant. Mes vieilles certitudes étaient détruites par les grondements de la rivière, dispersées par l’air saturé d’odeurs inconnues, noyées dans des trombes de couleurs allant du léger roux de la terre jusqu'au ciel changeant, en passant par les teintes de vert les plus nuancées.