Ils s'appellent Manicon, Martien, Joseph ou Bébert. Ils partent pour pêcher, faire la guerre ou explorer les terres arctiques. Ils voguent sur les mers calmes, tropicales, houleuses, glaciales, meurtrières ou nourricières. Ils sont matelots, mousses, pêcheurs. Leurs embarcations sont de toutes sortes et prennent les mots les plus chantants, tout comme la ribambelle de poiscaille lorsque la Mer leur accorde. Leur apprentissage est précoce et ne pardonne rien ; il déforme le sommeil, contrarie la mollesse, instruit le courage et la solidarité. Cet ouvrage de témoignages n'est pas un conte en dépit de son titre :
il était une fois des marins ; mais il prévient une disparition fâcheuse : celles d'hommes qui bravaient l'élément marin pour faire vivre à terre. La pêche est désormais réglementée et l'on a l'impression que l'ennemi est moins impalpable, s'il est plus implacable. La préface l'énonce bien et les éditions La Découvrance, en parsemant des images d'archives, fait bien sentir que ce temps est révolu. Ces témoignages recueillis par Léger et Gindreau rappellent à un imaginaire où les marins sont appelés par générations vers la Mer, une autre manière de vivre et faire vivre son humanité dans le risque permanent d'une vague trop grande.