Hélène Legrais ancre son récit en 1969 en Catalogne, plus précisément à Perpignan. Elle place au centre de son histoire une activité, la fabrication des poupées Bella, qui fit la réputation de la ville entre 1946 et 1984.
À proximité de l'usine, des enfants d'une dizaine d'années guettent l'employé qui vient régulièrement jeter dans une fosse les pièces défectueuses. Patrick, qui s'est surnommé Loup sauvage, recherche les plus belles chevelures de nylon, autant de scalps qu'ils collectionnent comme des trophées. Michel, enfant brimé qu'un père autoritaire a inscrit au rugby pour l'endurcir, vient chercher un peu du calme qui lui manque chez lui. Sylvie, dont les parents refusent pour la protéger de lui offrir une poupée, rêve d'en avoir une à son image.
Une magnifique amitié se noue entre ses trois enfants, qui font cause commune pour reconstituer la plus belle des poupées à partir des rebuts, et offrir à Sylvie pour le Noël qui approche ce dont elle rêve le plus. José l'employé de la société Bella, qui a passé de longues années à Mauthausen après avoir fui l'Espagne franquiste, Éliane qui a raté sa vie sentimentale, Louisette une adorable mamie, et Soeur Eulalie la Clarisse, forment un groupe d'adultes qui se met au diapason de celui des enfants.
Ce roman de terroir, conçu comme un conte, déborde de bons sentiments. L'émotion jaillit à chaque page, et cela fonctionne. Les personnages, à part quelques adultes, sont superbes, et l'histoire très belle. Quelle fraîcheur dans cette amitié indéfectible, qui n'a pas de tabous, ne faiblit à aucun moment, et trouve son apogée lorsque l'un des membres du trio d'enfants, qui voit son ciel s'assombrir, a un besoin vital de la force du groupe.