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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est une phrase de vieux, ça.
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Ce tome est le premier d'une pentalogie, une série qui constitue une histoire complète, indépendante de toute autre. Son édition originale date de 2021. Il a été réalisé par Serge Lehman pour le scénario, et par Frederik Peeters pour les dessins et la mise en couleurs. Il compte soixante-dix-huit pages de bande dessinée. Ces deux auteurs avaient déjà collaboré pour L'Homme gribouillé, paru en 2018.

Quelque part en montagne, aux abords d'une grange abritant une installation artisanale de traitement chimique, une grenouille croasse. Elle s'élance et bondit dans une zone herbue, puis s'arrête sur la route. Un van passe à vive allure et l'écrase, sans même que le conducteur en ait conscience. À côté de lui se tient un passager, Félix Morba, un grand noir chauve. le conducteur ralentit et prend un chemin de traverse, celui qui conduit au chalet avec la grange. Les aboiements d'un chien agressif se font entendre. le conducteur arrête son véhicule devant la maison, et le chien aboie sur les nouveaux arrivants : il est solidement attaché, ce qui rassure le conducteur qui sort du van. Deux hommes armés de fusil viennent l'accueillir. L'un des hommes fait remarquer au conducteur que d'habitude il travaille avec le gros Fred. Pendant qu'il ouvre l'arrière du van avec un trousseau, il explique qu'il y a eu un problème, il racontera plus tard et Curzon est à l'hôpital, il ne restait que Morba, le seul mec qui donne l'impression d'être en taule à l'extérieur. le chauffeur déplace les cartons à l'arrière, sort un cutter, ouvre une trappe dans le plancher du van et demande à l'homme armé d'aller dire au derviche d'apporter les colis.

Pendant ce temps-là, Morba descend du van à son tour, et s'éloigne pour aller se soulager dans la neige. Il remarque derrière lui un appentis accolé au chalet, avec une porte et un une fenêtre avec un éclairage rouge, sur laquelle est dessiné un unique oeil, ouvert. Il s'en approche, dérangeant au passage une grenouille qui croasse doucement. Il se baisse et il regarde par la fenêtre : un enfant se tient assis à même le sol. Il relève la tête et regarde Morba sans parler. L'homme tapote au carreau et lui demande si c'est lui qui a dessiné ça. Il est interrompu par l'arrivée d'un autre homme qui lui demande ce qu'il fait là, et qui lui ordonne de retourner dans son tas de boue. le chien continue d'aboyer avec hargne. Un autre homme armé indique qu'encore deux voyages et c'est bon. Morba redescend du véhicule. Il enferme le derviche dans la partie arrière et il jette les clés au loin. Un homme armé approche, Morba lui tire une balle dans la tête, à bout portant. L'autre réagit, il l‘abat à deux mètres. le conducteur rentre dans la maison en courant, Morba l'abat d'une balle dans le dos. Il rentre dans la maison, il remarque quatre verres sur la table : le quatrième lui tire dessus en même temps qu'il ouvre le feu sur lui. le premier s'écroule à terre, mort, Morba est blessé. Il ressort et il va délivrer l'enfant qui lui dit s'appeler Katyé. Plus tard, un ferry traverse le lac : Franck Sangaré débarque à Saint-Elme et il est accueilli par madame Dombre.

Une couverture qui frappe l'oeil du lecteur avec ce rouge éclatant et un peu terni, cette zone de terre assez vague et cette silhouette de dos, qui s'éloigne du lecteur, visiblement un homme en souffrance se tenant le ventre et perdant son sang. le titre s'avère tout aussi énigmatique : La vache brûlée, et il constitue une image dérangeante. En effet, la mise en couleurs repose sur des choix tranchés et audacieux, mis en oeuvre également dans les pages intérieures. L'artiste réalise une colorisation de type naturaliste pour les séquences de jour en extérieur, tout en jouant sur un léger décalage (le ciel crème pour la traversée du ferry) et sur les contrastes (la foule noyée dans une ombre violette sur le quai de débarquement). Il utilise majoritairement des aplats de couleurs, plutôt que des dégradés, apposés en respectant les bordures formées par les traits encrés, et en même temps un aplat peut ne pas remplir complètement une surface détourée, étant alors complété par un autre d'aplat d'une couleur différente. Sous la lumière artificielle ou la nuit, tous les chats ne sont pas gris. L'artiste a recours à une mise en couleurs expressionniste, avec des contrastes très tranchés. le rouge projeté par une lumière artificielle sur les tuyaux dans la grange baignant dans un vert bleu. le violet profond de la nuit s'opposant au bleu entre turquoise et aigue marine de la lumière des phares ou des ampoules de la cabine.

Ces teintes participent à l'ambiance bizarre et étrange tout du long de l'album : vues de la rue les lumières vertes ou rouges des fenêtres des maisons, dans la boîte de nuit la cohabitation entre les rouges, les verts, les bleus, les violets, dans les toilettes tout passe en violet. le lecteur s'en trouve un peu déstabilisé se demandant s'il doit voir quelque chose de particulier dans ces choix d'éclairage non conventionnels. Les questionnements proviennent également des images dès la première. À commencer par le cadrage en plan rapproché sur ces éléments d'une installation de plus grande ampleur : que faut-il comprendre de ce gros plan, sans avoir une vision du tout ? Vient ensuite le sort de la grenouille écrasée sur la route : faut-il y voir une métaphore de ce qui attend les personnages, se déplaçant par automatisme, sans aucune maîtrise sur leur destin, sans compréhension aucune des forces à l'oeuvre autour d'eux ? Par la suite, les auteurs mettent en scène d'autres animaux : ce chien que le dessinateur rend des plus agressifs, même le lecteur est rassuré qu'il soit solidement attaché (tout en craignant que le lien ne rompe). Après quelques autres grenouilles, apparaissent un hibou, une vache qui connaît un sort funeste, des mouettes (dont une qui mange une grenouille), un oiseau de proie haut dans le ciel. L'artiste n'humanise en rien ces animaux qui conservent toute leur étrangeté animale, les laissant hors de portée de l'empathie du lecteur. le lecteur observe cette vache qui est la proie des flammes : il est évident qu'elle souffre, et en même temps la prise de vue en fait presque un objet de vénération ou une victime sacrificielle. le lecteur envisage alors ces manifestations du règne animal comme des signes de la nature. Mais qui disent quoi ?

La lecture oscille alors entre un défi ludique et des sensations à ressentir. Bon d'accord, des grenouilles et un chien. La prolifération des premières peut s'interpréter comme le signe d'un écosystème spécifique à la région de Saint-Elme. le chien peut se voir comme le symbole d'un animal captif qui a développé une haine envers le genre humain tant qu'il ne recouvrera pas sa liberté, avec la possibilité de faire un parallèle avec Katyé, également captif. L'oeil dessiné en rouge sur la fenêtre ? La mention d'un derviche ? L'animal de compagnie inhabituel de madame Dombre (et d'ailleurs ce nom, d'ombre) ? La cérémonie avec la vache qui finit par prendre feu, ce qui correspond au nom de l'auberge La vache brûlée, simple synchronicité ? La cicatrice permanente de Romane Martens, brûlée par une bouilloire renversée quand elle avait douze ans, simple coïncidence ? À ce petit jeu, les auteurs se montrent redoutables, et le lecteur n'a aucune chance. Il voit bien que certaines mentions, certains éléments prennent tout leur sens quelques pages plus loin. Un petit trafiquant mentionne le nom de Stan Sax dans la même phrase que celui d'Arno Cavaliéri, et le lecteur comprend plus loin comment se positionne la séquence du chalet dans tout ça. Mais doit-il retenir le nom de Curzon dont le conducteur indique qu'il est à l'hôpital ?

Le scénariste a acquis un niveau expert pour mener le lecteur par le bout du nez : il n'utilise que des phrases courtes, avec des objets, des noms, comme ça en passant, et le lecteur ne dispose d'aucun moyen de savoir s'il s'agit d'un détail sans importance, ou au contraire d'un indice dont l'importance sera révélée ultérieurement. Dans ces informations, qu'est-ce qui relève du bruit et qu'est-ce qui constitue un signal essentiel ? Cela rend la lecture aussi ludique qu'addictive par le réflexe participatif qu'elle provoque mécaniquement chez le lecteur. le dessinateur s'avère tout aussi habile à intégrer un élément visuel de manière négligée, induisant également des tentatives d'identification des schémas chez le lecteur : la case avec les quatre verres vides sur une table (Ah oui d'accord, les trafiquants sont quatre), les passagers sur le ferry, les anonymes dans la rue, les graffitis sur les murs, faut-il prendre le temps de les examiner pour les mémoriser ? Les animaux dans la vitrine du taxidermiste ? Les photographies au mur de la grande salle de l'auberge de la vache Brûlée ? Pour ces dernières, c'est facile, grâce à l'insistance du regard de Romane Mertens. La mention de la mère d'Arno Cavaliéri ? Et pourquoi pas le port de lunettes de soleil par Franck Sangaré ? Après tout, chaque détail peut être signifiant, en application du principe du fusil de Tchekhov.

Dans le même temps, le lecteur peut très bien prendre l'histoire au premier degré, sans se prêter au jeu des indices qui sont peut-être signifiants, ou peut-être pas. Il suit alors Franck Sangaré dans une enquête pour retrouver un jeune homme disparu, un monsieur pas commode, assez sec, très capable d'intimider et de recourir à la violence quand il le faut, faillible (il se fait avoir deux fois avec un coup asséné sur la tête par derrière), une femme qui l'assiste quand elle peut (avant de se fouler la cheville). de rencontre en entretien, ils côtoient des individus issus de différentes couches de la société, et ils mettent leur nez dans des petites combines et dans des gros coups, faisant apparaître au grand jour les véritables intérêts qui façonnent la ville de Saint-Elme, un vrai polar.

Bienvenu à Saint-Elme pour enquêter sur la disparition d'Arno Cavaliéri, une petite ville thermale, avec une population de grenouilles anormalement élevée. La narration visuelle jette littéralement un éclairage inhabituel sur les scènes nocturnes et manie les zones de noir pour donner plus de profondeur à l'étrangeté et au mystère. Les auteurs sont des maîtres en matière de bizarreries, entre indices et altérité inquiétante, le lecteur se retrouvant implacablement à jouer aux devinettes entre signifiant, métaphore, et indices.
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"If frogs had side pockets, they'd carry hand guns"
Dan Rather

Je ne sais pas vous mais moi j'aime humer les livres.
L'odeur de la BD neuve qu'on est le premier à ouvrir avec la reliure qui craque et les pages un peu raides sont pour moi un pur plaisir.

Et dans ce bonheur olfactif, on plonge dans un univers au beau jeu de couleurs bleu, rouge, violet. Pas forcément très lisible, j'ai dû faire quelques retours en arrière pour bien comprendre ce que me montraient les premières cases.
Et puis il fait jour, et on se prend au trait, à l'intrigue de ce polar dont on semble parachuté au milieu d'un beau bazar. En quête. Je me suis mise à chercher des indices (moi j'ai vu Terry Pratchett en page 29) en observant ces phénomènes plus ou moins étranges. Ce premier tome pose les bases de ce qui sera révélé plus tard, j'espère. Oui parce qu'il n'est peut-être pas encore sorti que j'ai envie de lire la suite. Après tout l'aperçu était chouette et aguicheur et il est passé trop vite.

[Masse Critique]
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Le tandem de l'inclassable et intrigant « L'homme Gribouillé » : le parisien Serge Lehman, maître es-étrange, et l'éclectique dessinateur suisse Frederik Peeters se reforme pour nous concocter une nouvelle aventure intitulée « Saint-Elme » dont le premier tome « la vache brûlée » vient de paraître aux éditions Delcourt. Ce premier volet, s'il reprend les codes du polar, lorgne également du côté de séries télévisuelles plus décalées telles « Fargo » ou « Twin Peaks » en nous présentant une petite ville isolée, ses habitants surprenants et ses secrets enfouis en l'accommodant d'une pointe d'humour très franco-suisse mais la situe dans un cadre européen et familier. Ils nous proposent ainsi une ouverture grandiose pour ce qui s'annonce être une pentalogie.
*
Un privé, Franck Sangaré, débarque à Saint-Elme, une petite bourgade de montagne réputée pour son eau de source, car il a été engagé par une mère éplorée pour retrouver la trace d'un jeune bourgeois fugueur de la vallée qu'on aurait aperçu dans cette ville thermale. L'énigmatique madame Dombre l'accueille. Elle connaît bien le coin, c'est elle qui va l'épauler sur cette affaire. Cette enquête devrait être rondement menée car le duo apprend rapidement que le jeune homme a ses habitudes dans une boîte de nuit, « le Mirage », où il deale avec un certain Red Dog… Mais voilà comme le répètent les habitants « Ici, c'est spécial » et les choses à Saint Elme ne se passent jamais comme prévu …
D'emblée le lecteur se trouve ainsi surpris par une longue première séquence qui ne semble pas se rattacher au reste du récit. On peut rapidement dégager trois arcs narratifs cependant : l'enquête policière de Sangaré et Dombre, une histoire de rapt d'enfant et une saga familiale celle des Sax, famille dysfonctionnelle mafieuse et puissante qui a mis la ville sous sa coupe. A cela s'ajoute toute une galerie de personnages mystérieux qui ne devraient pas manquer d'avoir un rôle à jouer dans les prochains opus : Paco un berge mutilé, Romane une jeune touriste fascinée par celui-ci, un affable aubergiste qui remet au goût du jour des traditions bizarres (dont celle qui donne son titre au volume) et j'oubliais bien sur une invasion de grenouilles ….
Ce dernier détail, qui peut avoir une valeur symbolique (l'invasion de grenouilles accompagnait celle des sauterelles et des taons dans l'épisode biblique des dix plaies d'Egypte) fait basculer le polar classique dans l'étrange et le décalé en lui conférant une originalité. Ce détail paraît d'autant plus frappant (et même parfois comique) au lecteur que le cadre est très réaliste. Si l'on retrouve sans peine dans la ville inventée de Saint-Elme le cadre géographique dans lequel vit le dessinateur et les paysages grandioses du sud des Alpes, l'épisode des batraciens lui confère une dimension mythologique. Il alerte sur un aspect de parabole qui sera sans doute détaillé dans les tomes à venir. Saint-Elme ça peut être l'alliance contre nature de l'eau et du feu …et l'annonce de la foudre qui va s'abattre comme les feux du même nom.
*
Le glissement vers le fantastique se poursuit aussi avec l'utilisation particulièrement tranchée des couleurs. Frederik Peeters a souvent dit qu'il n'aimait pas se répéter et qu'il changeait de style à chaque nouvelle oeuvre pour ne pas s'ennuyer ni lasser son lecteur. Et là il pousse l'exploration stylistique très loin ! On a immédiatement un choc visuel : les planches sont en aplats de couleurs flashy sans effets de volume ni de dégradés et ceux-ci rehaussent les noirs profonds de l'encrage. Cela crée à la fois une impression de malaise et d'irréel. La palette de couleurs psychédéliques est très antinaturaliste et vient amoindrir la précision réaliste du cadre et de l'enquête de ce polar très noir. Deux ambiances colorées dominent : l'ambiance nocturne mise en place dès la couverture et la première séquence où dominent le rouge, le bleu et le violet parfois striés d'un vert pomme figurant une lumière au néon et une ambiance diurne : celle de la lumière hivernale qui baigne la ville dans un camaïeu de jaune orangé et d'ombres mauves.
*
Nous sommes donc déconcertés, joués et bousculés. le rythme est conféré par une savante alternance entre grandes vignettes muettes qui font office de pause narrative et plantent le décor et gaufriers serrés voire éclatés dans les moments d'action. Les angles de prise de vue sont étonnants parfois (certaines scènes ne sont perçues qu'en reflet dans un rétroviseur ou le galbe d'une ampoule par exemple ) et toujours recherchés. le découpage est ciselé et Peeters joue sa partition avec maestria, les dialogues de Lehman sont percutants et réduits au strict nécessaire ; on rit parfois, on s'interroge souvent …. Mais on plonge sans hésiter dans ce monde glauque et interlope … Et on en redemande !
*
Ce premier opus se referme sur une cascade de cliffhangers. C'est peu dire que nous sommes bien « ferrés » et qu'il nous tarde de découvrir la suite de cet étrange récit choral afin de voir comment les différents arcs narratifs vont se rejoindre, comment seront exploités des personnages dont on pressent l'importance, et comment l'intrigue se dénouera. L'attente ne sera pas bien longue puisque le deuxième tome de "Saint-Elme", intitulé "L'avenir de la famille" est annoncé pour le 12 janvier 2022.

Je remercie Babelio et les éditions Delcourt de m'avoir permis de découvrir et de savourer cet album dans le cadre d'une masse critique privilégiée.
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Saint-Elme, ses montagnes, son lac, son eau minérale, sa célèbre cérémonie de la vache brûlée et ses grenouilles… C'est là que débarque Franck Sangaré, détective de son état, en quête d'un jeune homme disparu…

Mais rien ne semble vouloir se passer comme prévu, dans une atmosphère noire et pesante, Sangaré n'est pas au bout de ses peines…

On croisera dans ce tome 1 d'autres épais mystères, une galerie de personnages qui oscille entre le farfelu et le lourdaud et une fin de récit qui cloue le bec… et nous laisse dans une insoutenable attente !

Avec des choix graphiques forts, des couleurs ostentatoires, Peeters montre encore une fois son talent pour nous immerger dans une ambiance glauque et oppressante. J'ai été happé par le récit et j'ai dévoré l'album en apnée…

Au final, un tome 1 qui plante un sacré décor et augure d'une série noire formidable avec des personnages forts et une ambiance dingue… un album marquant de cet automne !

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Le feu de Saint-Elme.
Prologue nocturne, une fourgonnette fend la nuit et atteint un chalet isolé dans la montagne enneigée. Les molosses aboient. Les hommes se flairent et Morba, assis à la place du mort, sait ce qu'il lui reste à faire après avoir vu de quoi est fait le trafic.
Franck Sangaré, détective filiforme au visage en lame de couteau, débarque à Saint-Elme où Arno Cavaliéri, un jeune homme fugueur, a été aperçu. La ville thermale est en proie à de curieux rituels dont celui de la vache brûlée où un placide ruminant est acquitté par tous les participants jusqu'à l'accident qui met le feu à la baraque. Dans tout ce capharnaüm étrange et baroque, la famille Sax règne sans partage sur la ville. Mandaté par la mère du disparu, Sangaré ne perd pas de temps à trouver une piste solide mais si Cavaliéri peut paraître à l'ouest, il apparaît là où on ne l'attend pas, comme illuminé et pourtant bien capable d'allumer tout ce qui pourrait le contrarier. La collègue de Sangaré, Madame Dombre, est restée au chalet avec son furet mais un coup de fil anonyme lui fait immédiatement comprendre que l'enquête est bien plus compliquée que ce que le détective avait prévu.
Le premier tome de la série Saint-Elme est immédiatement accrocheur et captivant. Les couleurs psychédéliques exacerbant les trognes patibulaires des hommes et des chiens, les onomatopées résonnant dans le fracas de cases presque vides, les dialogues lapidaires ponctuant des scènes tendues allant crescendo, le lecteur ne saurait échapper à une telle emprise, retorse et réjouissante. Tout est intrigant. L'omniprésence de grenouilles semblent révéler la noirceur des personnages notamment quand Sangaré, sur le bateau traversant le lac jusqu'à Saint-Elme, les lance en pâture aux goélands. Elles donnent le ton, interrogeant la nuit de « coa » sonores, ponctuant le récit de leur présence invisible. Elles préfigurent peut-être un châtiment à venir.
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J'ai beaucoup aimé l'ambiance, les couleurs, les personnages...

Chaque scène est magnifiquement dessinée, la violence en est presque graphique.
On ne comprends pas tout dans ce premier tome, mais j'espère que le ou les suivants apporteront plus de détails!!

C'est une très belle BD. La couverture tout de rouge ne m'attirait pas forcément la BD m'a été recommandée, et je ne regrette pas cette lecture.
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Un polar rugueux, mystérieux, fascinant, angoissant. le travail sur les couleurs renforce de manière originale l'atmosphère de cette BD aux frontières du fantastique.
Une BD prévue en 5 tomes visiblement, j'attends la suite avec impatience.
A noter "L'homme gribouillé", excellent roman graphique de ce duo - auteur, dessinateur - très talentueux, à mon goût.
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Une histoire étrange, dans laquelle on plonge assez vite.
Une invasion de grenouille (mais c'est quoi toutes ces grenouilles, partout ?!)
Des personnages inquiétants.

En fermant ce tome 1, on se demande encore ce qu'on a lu : les événements qui arrivent en cascade renforcent ce sentiment d'étrangeté, et si l'on commence à voir s'esquisser l'intrigue, on est tout de même encore dans le flou. Pour autant, rien de grave dans un premier volume, d'autant plus que l'étrange est bien dosé avec l'action : il se passe suffisamment de choses pour qu'on ne s'ennuie pas, même si beaucoup de choses nous échappent.
Le dessin contribue beaucoup à poser cette ambiance pesante et presque anxiogène. le trait de Peeters donne à l'ensemble un aspect onirique, bien que la violence de certaines scènes nous ramène très souvent au réel. En effet, il y a beaucoup de morts à Saint Elme, et ça ne va pas en s'améliorant, d'autant plus que ceux qui sont là pour enquêter n'ont pas non plus le profil d'enfants de choeur...

Je dois bien avouer que j'ai relu la BD plusieurs fois, pour tenter de relier entre elles toutes les affaires étranges que l'on voit passer. Je n'ai néanmoins pas la moindre piste sur l'évolution de l'histoire... Et c'est une très bonne chose !

J'ai hâte de découvrir la suite.
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Une mère tente de retrouver son fils disparu.
Elle fait appel à Franck Sangaré, un détective taiseux. L'énigme le mène à Saint-Elme, petite ville réputée pour son eau de source, sur laquelle règne une famille, les Sax.

J'ai été happée dès les premières pages non seulement par le graphisme de Peeters mais aussi par l'histoire, qui d'entrée de jeu, s'annonce comme un polar. On retrouve le même graphisme que dans Saccage paru en mars 2019, où Peeters utilise des couleurs très vives. L'album est beau.
Du point de vue du scénario, ce premier tome se construit comme une série noire : une scène d'action donne le ton pour laisser place au détective Sangaré qui semble être, dès sa première apparition, un taiseux assez antipathique. Curieusement, on finit par s'attacher à lui.
La construction en « plans » permet ainsi la présentation progressive des différents protagonistes comme le font les films ou les séries. Cette technique permet de tenir le lecteur en haleine et attise sa curiosité.
Quelques pages plus loin, on découvre les Sax. Il suffit de quelques vignettes pour prendre la mesure de leur inquiétant pouvoir sur la ville. On n'en saura pas plus à la fin du premier tome, ce qui donne sacrément envie de poursuivre l'aventure de Saint-Elme dans un 2ème, voire 3ème tome.

Je remercie donc Babelio et les Editions Delcourt pour la découverte de ce premier tome très prometteur dont je recommande la lecture qui est, du point de vue graphique, un véritable régal pour les yeux.
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C'est cette orgie de couleurs saturées qui m'a attirée. Totalement jouissif ! Effet booster vitaminé garanti. Je trouve cela particulièrement audacieux pour un polar à l'ambiance ultra noire et glacée.
Ce premier tome plante le décor : Saint-Elme. Une ville industrieuse de montagne en bord de mer en hiver, qui eut son heure de gloire avant que l'usine d'eau minérale ne ferme. Un enfant séquestré libéré par un homme du nom de Morba. Franck Sangaré, un détective toujours de mauvaise humeur et bagarreur, chargé par sa famille de retrouver un certain Arno Cavalieri, et secondé par Mme Dombre et Bruce le furet. La famille de puissants qui prépare un projet et cache des secrets. Des grenouilles partout. Et des onomatopées à foison. Aucun temps mort, ça roule, ça cogne, ça brule, ça tire.
Jouissif, je vous disais.
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