AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Jean Talva (Traducteur)
EAN : 9782752904119
374 pages
Phébus (04/06/2009)
3.91/5   110 notes
Résumé :
A 18 ans, au lendemain de la Première Guerre mondiale, Judith Earle, une jeune fille de bonne famille du Sud de l'angleterre, regagne la grande maison familiale au bord de l'eau. Elle vient de terminer ses études à Cambridge.
Elle assiste au retour de ses voisins, les cousins Fyfe, qu'elle a idolâtrés tout au long de son enfance solitaire.
Dans une mosaïque faisant alterner passé et présent, Judith se souvient de leurs jeux, et des fantasmes induits pa... >Voir plus
Que lire après PoussièreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
3,91

sur 110 notes
5
7 avis
4
5 avis
3
3 avis
2
1 avis
1
0 avis
Ado, peut-être que j'aurais su apprécier ce livre. Mais aujourd'hui le caractère terriblement auto-centré de la narratrice, Judith Earle, son côté hors-sol, la masturbation sentimentale à laquelle elle se livre m'ont plutôt agacé. L'hypertrophie de ses pensées intérieures et rêveries amoureuses, son goût immodéré pour l'auto-analyse, produisent un effet d'enfermement un peu étouffant - ça manque d'air!
Bref, pas vraiment séduite par le personnage, avec son mépris à l'égard de ceux qui «regardaient autour d'eux, et pas en eux-mêmes», «simple troupeau», «femelles quelconques», s'ouvrir au monde extérieur, beurk c'est teeellement vulgaire! Judith, elle, n'est pas du genre à se laisser aller, elle pense-pense-pense. Comme lui fait remarquer un des personnages:
«Avez-vous jamais été heureuse? Non. Si par hasard vous l'êtes vous commencez à penser: Me voilà heureuse. Que c'est intéressant... Mais suis-je vraiment heureuse?...»

Ceci dit, pas un moment je n'ai été tenté d'abandonner ma lecture, son apprentissage sentimental auprès des garçons qui fréquentaient parfois la maison voisinant celle de son enfance, comme des danses qui se succèdent au bal de la vie, n'est pas dénué d'intérêt.
Fille unique, solitaire, elle a beaucoup fantasmé sur eux:
« elles les avaient tournés, retournés, palpés si tendrement, explorés si curieusement, que - se mêlant à la matière obscure, lumineuse, irréelle, enchantée des souvenirs d'enfance - ils étaient devenus, ou peu s'en faut, des êtres fantastiques »
Ses expériences amoureuses avec ces «êtres fantastiques», où elle se montre bien peu lucide, empêtrée qu'elle est dans ses projections, ont le mérite d'être très diverses, d'offrir presqu'un panel de différentes facettes des relations sentimentales.
Sans aller jusqu'à conseiller cette lecture, je ne regrette pas de l'avoir faite.
Commenter  J’apprécie          596
Remarquable et injustement méconnu, en tout cas en France !
Sur mon édition poche de 1966 (Droits de reproduction et de traduction réservés pour tous pays y compris l'URSS...), la couverture est digne d'un Harlequin (mais c'était la mode, je crois.) C'est celle que je vois sur Babelio, et j'espère qu'il y a eu des rééditions depuis, OMG ! Rosamund Lehmann était proche du groupe de Virginia Woolf, qui n'est pas vraiment à l'eau de rose...Enfin.
Judith, enfant unique élevée par deux parents assez distants et qui refusent de la scolariser, est fascinée depuis toujours par "les enfants d'à côté" : un groupe familial composé de cousins et frères : quatre garçons (Julian, Charlie, Roddy, Martin) et une fille (Mariella). Ils sont beaux, aristocratiques, à la fois proches et distants, ils acceptent de jouer avec elle et elle leur en est infiniment reconnaissante. Quand ils disparaissent de son horizon (la grand-mère qui les hébergeait ne bougeant plus de Londres), c'est comme une parenthèse enchantée qui s'évanouit pour Judith, et elle ne cesse de penser à eux, de rêver à eux, particulièrement, au début, à Charlie, ange blond d'une beauté parfaite. Ils se revoient brièvement à le fin de l'adolescence lors d'une partie de patins à glace sur la rivière (scène absolument remarquable), puis c'est la guerre. Elle entraîne des changements, des disparitions tragiques, mais fait revenir au bercail les " enfants d'à côté", grandis. Judith les attend avec une immense impatience. En même temps, à la fin de l'été, elle partira à Cambridge pour finir ses études...Comment faire revivre les moments enchantés d'autrefois, comment percer le mystère de ces sphynx fascinants ? Comment les rejoindre dans le monde réel et faire enfin partie d'eux ?
C'est l'histoire d'une jeune fille en manque, et qui veut, qui veut, qui veut dévorer, sans s'en rendre compte, tous ceux qui sont autour d'elle pour devenir quelqu'un. En même temps, il lui faut quitter le monde de ses rêves, où vivent des ombres à figures familières, mais qui n'existent pas,
pour accéder à la réalité.
L'écriture est magnifique, féérique, mélancolique. Judith erre dans les brumes de son esprit, dans sa fascination malsaine pour les autres, innocente et terrible, toujours demandant l'absolu à des amis qui ne peuvent le lui donner "vous souvenez-vous ? vous souvenez-vous ? M'aimiez-vous ? Faisiez-vous attention à moi comme je faisais attention à vous ? etc..." Assister à son évolution jusqu'à une seconde naissance est un spectacle à la fois enchanteur et cruel.
A lire !
Commenter  J’apprécie          515
"Elle était affranchie enfin de sa faiblesse, de sa futile obsession de dépendance envers autrui. Elle n'avait plus personne qu'elle-même, et c'était mieux."
Voici ce qui résume l'essence même de ce livre ; l'histoire de Judith (enfant, adolescente, puis jeune femme) qui souffre de dépendance affective.
Dans un premier temps envers ses jeunes voisins, compagnons de jeux qui semblent tous psychologiquement fragiles.Dans un second temps, elle entretien une relation amicale très forte, à la limite de l'ambiguïté, avec une étudiante de Cambridge.
Et enfin, elle se perd dans ses amours, ne sachant plus très bien, ni qui, ni pourquoi aimer.
J'ai beaucoup aimé ce livre. le style est admirable.
A lire !!
Commenter  J’apprécie          270
Je lis actuellement le Rapport de Brodeck et l'étranger qui en est le centre est relié à "une fable pleine de poussière et de mots perdus". J'étais en train de profiter de l'expression, que je trouvais belle et je me suis souvenue de Poussière. J'avais aussi vu hier que ce roman faisait partie sur Babelio d'une très belle liste sur les livres oubliés. Bref, une sorte de processus analytique m'amène ici.

Tout a été dit sur l'histoire et même sur le caractère un peu désuet et oublié du roman. Je suis d'accord aussi sur le fait qu'il rappelle les "bandes" de jeunes gens des Jeunes filles en fleur, mais aussi celles de Promenade au phare et de Virginia Woolf de façon générale. le regard de Judith, regard de narrateur, se nourrit de ses personnages ; et le fleuve peut très bien faire office de frontière entre la réalité et le rêve ; entre l'âge adulte et l'enfance.

Mais ce qui m'a le plus frappée, ce sont les portraits de garçons. Je n'ai jamais lu quoi que ce soit qui s'en approche : ce moment, chez un jeune homme, d'extrême timidité ou, à l'inverse, de faconde insolente et verbeuse propre à masquer (ou à dire) les hésitations, la naïveté souvent profonde, les doutes et les angoisses. Il suffit d'avoir eu des fils ou simplement d'avoir aimé un jeune homme pour que chaque mot du roman porte. La narratrice - féminine - rend compte du mystère que c'est et de l'impuissance qu'on ressent et du silence que l'on a tendance à garder, même si ainsi on ne porte pas le secours qu'il faut.

J'ai été très émue par la suite de voir Jonathan Coe écrire La pluie, avant qu'elle tombe en souvenir de Rosamond Lehmann. Il a raconté, dans un article du Guardian, l'admiration qu'il avait pour elle, en particulier pour son "astonishing, unembarrassed emotionality that gives a visceral power to her recurring themes - thwarted love, faithlessness, the unbearable sadness of naive romantic feelings being crushed by the passage of time."

Commenter  J’apprécie          160
J'ai lu Poussière et j'ai beaucoup aimé. Je ne m'attendais absolument pas à rencontrer un tel texte, quoiqu'en vérité je ne m'attendais à rien puisqu'il s'agissait de ma première lecture de Rosamond Lehmann.

Jai particulièrement apprécié le style délicat de l'auteur et ses descriptions très subtiles et élégantes. Elle nous donne à observer un mouvement calme qui suit la personnalité douce de son héroïne Judith, qui parfois s'autorise un petit sursaut de vie et que le style de l'auteur relaie avec un peu plus de force, pour parfaitement épouser l'attitude de la jeune fille. Les passages de l'enfance me sont apparus comme cotonneux et lointains, c'est très agréable. Et alors que la vie à Cambridge semble soudain plus vive, les parties suivantes s'imprègnent d'une fatalité bien grave sous le poids de la passion.

Sans trouver non plus d'empathie avec les personnages, j'ai tout de même réussi à m'attacher à eux, et en particulier Judith. Malgré toutes ces années, elle demeurera la jeune fille d'à côté, dont les Fyfe se jouaient. Tout au long du roman il semble exister un mur invisible, un voile qui les empêche tous de réellement se connaître. Les actions des garçons, la véritable personnalité de Mariella, et encore plus de Jennyfer, tout cela est confus pour Judith, qui ne voit que ce qu'elle désire voir. Innocence? Égocentrisme? Difficulté à saisir les autres alors qu'elle-même hésite sur ses désirs? J'ai l'impression qu'elle ne sait déjà pas qui elle est et qui elle aime. Je ne crois pas que cela soit dû à la force d'attraction des Fyfe. Si elle avait voulu résister à leur influence, elle aurait pu. Je crois que cela lui plaît au fond, de se jouer des mélodrames. Et la vie va lui apprendre qu'il n'est pas si bon de se faire des illusions au mépris des autres, et je pense au destin de Martin pour cela.
La fin me plaît, même si elle reste aussi ouverte que la lecture de chacun de ces personnages, et je me dis qu'en terminant seule, Judith a peut-être enfin la chance de s'affirmer un peu.

Tout est très mystérieux et j'ai aimé cela. Rosamond Lehmann joue sur les non-dits, et il faut souvent lire entre les lignes.
Sur la morale de l'histoire, je ne saurais me prononcer. le récit est tragique car tout le monde aime quelqu'un qui ne l'aime pas en retour. C'est une sorte de manège des sentiments, confus et virevoltant.
Commenter  J’apprécie          100

Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Lorsque les jalousies furent levées, lorsque le regard fixe et familier des vieux miroirs ovales, suspendus aux fenêtres des chambres, surveilla de nouveau le jardin,ce fut comme si ce long abandon n'avait jamais été, comme si les enfants d'à côté dussent être encore là, avec leur grand'mere, ces enfants d'à côté qui arrivaient, repartaient, mystérieux, saisissants ; tous cousins, sauf deux frères, tous garçons, sauf une fille ; et qui tombaient, par-dessus le mur garni de pêchers, dans le jardin de Judith, pour l'inviter à prendre le thé ou à jouer à cache-cache.
Mais en réalité, tout était différent aujourd'hui. La grand'mere était morte, peu de temps après avoir appris la mort de Charlie. C'était son chéri, son préféré. Il avait, chose étonnante, épousé Mariella, alors que tous deux avaient dix-huit ans et qu'il allait partir pour le front. Il avait ete tué tout de suite et, quelques mois après, Mariella avait un petit enfant.
Mariella avait vingt-deux ans maintenant, et elle était veuve de Charlie, et mère d'un enfant dont Charlie était le père. Cela semblait fantastique, quand on regardait en arrière et qu'on se les rappelait tous les deux. La grand'mere avait légué la maison à Mariella, et celle-ci revenait y vivre, y vivre agréablement, maintenant que la guerre était bien finie, et Charlie, selon toute apparence, oublié. P13
Commenter  J’apprécie          50
Nager seule, sous le clair de lune, était un mystère sacré qui la passionnait. L'eau était amoureuse de son corps : elle s'abandonnait, tout en y résistant, à sa mordante étreinte. Elle la subissait, bientôt elle la désira ; elle était amoureuse de l'eau. Peu à peu, elle n'en sentit plus la rigueur, mais seulement l'appui et la caresse qui suivaient ses mouvements.
Commenter  J’apprécie          180
La lumière acérée, blanche et bleue, de l'après-midi s'adoucissait avec le coucher du soleil. L'étang flamboyait, resplendissait de pure lumière. Au milieu s'élevaient en masse des roseaux flétris, des plantes et des herbes aquatiques, sèches et mortes de froid, des buissons chargés de baies, des petits saules, vision confuse aux tons de pastel bruns, pourpres, verts palissants, jaunes et roux, avec, ça et là, une tache enflammée et distincte, une éclaboussure d'incarnat, un trait d'or.
p 50
Commenter  J’apprécie          60
Quand elle parvint au bas de son jardin, elle se hissa, épuisée, sur la berge : la lune y donnait en plein. Elle se laissa tomber sur le gazon ; autour d’elle, pas une ombre ne bougeait. Les lignes de son corps, transfiguré par la clarté lunaire, étaient d’une si mystérieuse pureté qu’il apparaissait fabriqué non de chair, mais de lumière. Elle pensa : » Même s’ils m’avaient vue, ils ne m’auraient pas prise pour un être réel. », Martin aurait été surpris, sinon choqué ; il se serait détourné poliment. Julien l’aurait appréciée du point de vue critique, avec intérêt. Et Roddy ? Ah ! Roddy ! Il était si perdu dans le passé qu’elle ne pouvait pas savoir. Mais si cet être obscur et singulier, semblable de visage à Roddy, et depuis des années nourri par elle avec tendresse dans cette partie de l’âme qui perçoit sans yeux et connaît sans raison, si cet être l’avait vue, il l’aurait tout d’abord regardée de tout près ; puis il se serait dérobé au charme et au trouble de son émoi, et il serait allé la considérer de plus loin, en silence.
Commenter  J’apprécie          20
Alors elle vit que le ciel se fleurissait des teintes du soir.Au-dessous des nuages rougissants, le soleil apparut, toutes les cimes des arbres s'allumerent et leur masse confuse, mouvante et balancée, baigna dans un flot d'or assombri. De l'autre côté de la rivière, les champs étaient somptueux et rêveurs, saturés de lumière, coupés de longues ombres violettes. L'eau courait d'une course un peu folle, jonchée de paillettes ardentes, semée d'opales enflammées. Pourtant tout s'adoucissait, s'apaisait ; les nuages se rassemblaient dans le lointain, le vent tombait ; le soir allait être aussi calme, aussi fixe que la mort.
p 38
Commenter  J’apprécie          20

Video de Rosamond Lehmann (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Rosamond Lehmann
Découvrir "L'Invitation à la valse" : https://bit.ly/2GWWNAq Découvrir "Intempéries" : https://bit.ly/3nKuFkO
Paru en 1932, "L'Invitation à la valse" dresse le portrait tendrement féministe d'Olivia Curtis, une jeune fille sur le point d'entrer dans l'âge adulte. Plusieurs décennies plus tard, nous redécouvrons ce roman d'apprentissage, drôle et poignant, de Rosamond Lehmann, auteure culte en Angleterre.
Dix ans après ce premier volet, nous retrouvons Olivia Curtis, notre héroïne dans "Intempéries", une suite plus dense, plus grave et plus haletante !
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (380) Voir plus



Quiz Voir plus

Londres et la littérature

Dans quelle rue de Londres vit Sherlock Holmes, le célèbre détective ?

Oxford Street
Baker Street
Margaret Street
Glasshouse Street

10 questions
1048 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature anglaise , londresCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..