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Critique de Ledraveur


Ce monde dans lequel nous vivons … !
Étrange voyage que soumet à notre réflexion Anne Lehoërff dans cet ouvrage qui non seulement sort des sentiers battus, mais approfondit jusqu'à sa substance « la genèse des armes* à tuer exclusivement son prochain » … !
Citant, dès le début, Jean Guilaine (professeur au Collège de France) : “Je hais les armes et la guerre ...” elle pose d'emblée la perspective de cet essai, faisant la part belle à la discipline de l'archéologie.
La violence (forme d'énergie) est dans l'ordre des choses dans la nature, et l'humain, issu de cette nature ne fait pas exception, cependant ici ce dont il est question est propre à l'homme : l'organisation pensée de tueries avec ses semblables, “normalisée” non seulement, mais envisagée comme fait structurant de « civilisation » portant vers un “progrès” et ses améliorations techniques, un « Âge de la guerre structurante » ! C'est l'aboutissement de la néolithisation humaine, l'âge de la maîtrise des métaux.
Il ne s'agit donc plus de la “lutte” pour assurer le vivre et sa pérennité, mais de bien autre chose, celui d'une altérité envisagée dans un ordre qui est celui de la “domination” !

— de la génération dite « d'après guerre », ayant une dizaine d'années lors de la “décolonisation de l'Algérie Française” (un frère aîné en âge susceptible d'y être “appelé”), lors de mes études quand nous abordâmes les « guerres modernes » (14-18 et 39-45) survinrent les « évènement de 68 », et dès lors, à la fois en tant que jeune personne et appartenant à une “génération”, mon regard sur notre monde et notre civilisation ne fut plus du tout le même. Une révulsion du fait de guerre, ferment de haines inextinguibles, du recours à la violence délibérée pour résoudre des problématiques ou asseoir une “domination”, ne me quitta plus !
Ce livre d'Anne Lehoërff ne pouvait que m'interpeller dans mes réflexions et mes choix de vie. Nous entrons avec elle dans la moelle de ce qui constitue le fond commun de nos manières d'êtres sociétales.
Car comme elle l'exprime page 122 ; « “L'Europe” a fait le choix volontaire et engageant du métal. Dans cette démarche, rien d'inéluctable. C'est une invention optionnelle de l'histoire humaine, motivée et lourde de conséquences ... »
Au nom de quoi ces « choix » ne devraient-il être jamais remis en cause, au nom de quel “tabou” ! Au moins sur le principe afin d'essayer de dégager d'autres perspectives pour notre humanité qui s'oriente vers des impasses « lourdes de conséquences » elles aussi !
Anne Lehoërff explicite clairement également l'imbrication du politique et du “religiosisme”, les caciques des dites institutions instigateurs et souvent sources d'implications dans des guerres (p. 268). En outre elle clarifie le propos : « La société est la clef de compréhension de la guerre. En un mot, l'une ne peut être envisagée sans l'autre. » (p. 276) nous renvoyant à notre propre responsabilité dans nos “démocraties” … car comme cela est souligné : « (l'humain) n'a cessé de mettre son intelligence et certaines de ses capacités cognitives au service de cet objectif, tuer l'autre. »
Car si “la majorité des hommes aspire à vivre en paix”** ce n'est pas pour autant qu'elle est acquise, encore faut-t-il s'en donner les moyens quand on a l'opportunité de vivre en démocratie, même si elles sont à parfaire ! quid “le pacifisme” équivoque aujourd'hui ? Les états actuels sont pour beaucoup loin d'être des « États-nations » vivant en union fédérées comme l'Europe après les abominations de la dernière guerre mondiale. de très grandes puissances militaires sont sous des régimes totalitaires, telle la Chine*** en particulier, et nous ne pouvons faire l'économie d'une « défense militaire » effective et efficace dans cette Europe. Pour autant la “culture de va-t-en-guerre” est à proscrire comme anachronique, reste à constituer une “force” de maintient de paix civile … sans angélisme !
Essai d'un intérêt certain, mes remerciements à Babelio et les éditions Belin.
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* « Quand le métal parle », chapitre historique très technique des artisans “bronziers” sur la fabrication et la structure des épées …
** Qui n'a que peu à voir avec l'établissement de la “paix en soi” qui est le refus de se laisser dominer par les rancoeurs et les haines !
*** Nous attendons de voir comme en ex-U.R.S.S. dans les années 80, une mouvance “Rock'n Roll” annonciatrice d'amorce de changements, en 89 ce fût Tian'anmen dont on ne connaîtra probablement jamais l'ampleur réelle de l'horreur !

Lien : http://www.versautrechose.fr/
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