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3,27

sur 98 notes
Fuyant l'Australie et ce que l'on devine être un mari violent, une femme revient après de nombreuses années avec ses deux enfants à la grille de l'immense château de sa mère, quelque part dans la campagne française.

«Ils se tenaient devant le grand portail. Autour d'eux, à perte de vue, une campagne sans relief, laide, la platitude de champs boueux labourés. Ce matin-là, le ciel était doux, d'un bleu pâle et laiteux. le femme portait une jupe de tweed droite, un chemisier de soie grise et ses cheveux noirs étaient retenus dans un chignon non serré, comme celui que sa mère lui faisait autrefois.»

Dans ce château immense où les relations humaines semblent empreintes de règles et d'une froideur venues d'un âge ancien, Marcus, le frère de cette femme franchit aussi la grille avec sa femme Sophie, arrivée dramatique car ils annoncent alors qu'elle vient de mettre au monde une petite fille mort-née. Attendue comme une fête, la réunion de famille avec le retour du frère devient un drame morbide étrangement statique, qui se cristallise autour du refus de Sophie d'enterrer son enfant.

Le malaise et l'étrangeté du récit naissent de la juxtaposition d'une nature luxuriante, du raffinement désuet de ce château immense aux dizaines de portes, semblant comme un décor où se jouent les drames humains, celui de Sophie qui sombre dans la folie, miroir des violences et abandons subies par la femme et ses enfants, qui comme la grand-mère restent des personnages sans nom, comme si les drames passés ne pouvaient être dits.

« Sa chambre … n'avait jamais été sa chambre. Il s'agissait d'une autre chambre d'amis meublée de la même façon. Elle ouvrit les rideaux, détacha ses cheveux et libéra son bras de l'écharpe. Elle se déshabilla en laissant tomber ses vêtements en tas sur le plancher. Elle rampa sur le lit. Elle s'allongea sur le ventre, le visage sur l'oreiller. le temps tourna en circuit fermé ; elle était déjà morte. Puis elle dut sentir les enfants debout à la porte car – avec un très grand effort, en tournant la tête et en ouvrant un oeil – elle vit, dans le miroir, que, oui, les enfants l'avaient espionnée, elle ne savait pas depuis combien de temps, mais ils avaient sans doute vu leur mère allongée sur le lit, l'étendue blanche de son dos couverte de bleus et de marques jaunâtres. »

«Ailleurs» («Disquiet» pour le titre original) est le deuxième roman de la romancière australienne Julia Leigh, qui est également scénariste et réalisatrice ; et de fait l'atmosphère prenante et morbide du récit rappelle « La leçon de piano » de Jane Campion mais aussi le fascinant «Providence» d'Alain Resnais, autour de cette question centrale : Peut-on enterrer la douleur ?
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Un roman qui s'intitule "Ailleurs" qui est présenté comme la traduction du titre original ' Inquiet " ( inquiétude ) .
Mais, l'adverbe et le nom anglais collent parfaitement à ce récit qui est décalé dans le temps et dans l'espace !
Olivia vient se réfugier en France avec ses enfants : Andrew et Lucy car elle a quitté précipitamment son conjoint en Australie et, elle revient dans le château familial !
Elle retrouve, après 12 ans d'absence suite au décès de son père, sa mère qui la reçoit froidement, Ida la gouvernante, son frère Marcus et sa belle soeur Sophie !
Son frère et Sophie reviennent de la maternité avec dans les bras leur bébé mort .Sophie serre désespérément son enfant, car elle ne veut pas s'en séparer, et encore moins l'enterrer !
Andrew protège sa soeur, mais il est méprisant avec sa mère car il doit déja regretter son père qu'il tente d'appeler au téléphone .Ces 2 enfants s'ennuient dans cette grande demeure d'autant qu'ils ne connaissent pas tellement le français, sont désorientés dans ces lieux nouveaux et insolites pour eux !
Il y aura une tentative d'enterrement organisé par Olivia mais, au dernier moment Sophie repart avec son "paquet " car elle n'arrive pas à faire son deuil et, glisse lentement dans une sorte de folie...
Julia Leigh appelle Olivia : " la femme" tout au long du récit pour donner encore plus une sensation de recul et, rajouter à cette atmosphère une distanciation dans le temps ! Plus les secrets, les non-dits, les actes manqués, la froideur des personnages : tout concourt à donner à ce roman un climat d'inquiétude, d'étrangeté, de décalage et d'ailleurs !
Un roman qui reste "suspendu" pendant 105 pages, un moment de vies sans suite, sans explication..peut-être sans fin !

L.C Thématique des plumes féminines d'avril 2021 .


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Julia Leigh, née à Sydney en 1970 est écrivaine, scénariste et réalisatrice.
Son court roman "Ailleurs" est une épure. N'y est abordé que l'essentiel qui vibre longtemps comme la corde pincée d'un violon : une femme fuit l'enfer qu'est devenue sa vie à l'étranger et se réfugie dans la maison de son enfance ; une jeune mère ne parvient pas à enterrer son bébé mort à la naissance, tandis que son époux entretient de tendres chuchotis avec son téléphone ; des enfants désespérant d'avoir leur mère toute à eux, se lancent dans une expédition dangereuse.
Il y est aussi question de crimes imaginaires et de pardon. Très beau texte qui donne envie de lire ses deux autres romans "Le chasseur" et "Avalanche, une histoire d'amour".

Julia Leigh est, avec Emily Browning, la scénariste et réalisatrice de "Sleeping Beauty" un film de 2011. La même année, son roman "Le chasseur" a été adapté au cinéma sous le titre "The hunter".

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Première rencontre avec la plume de Julia Leigh et je dois dire que je suis conquise pas son style. Ailleurs est un court récit ou l'on fait la connaissance d'Olivia et de ses deux enfants. Olivia a fui l'Australie et un mari violent et la voilà de retour chez sa mère dans une maison bourgeoise française. C'est l'occasion aussi de revoir son frère Marcus et sa femme, qui vient d'accoucher d'un enfant mort-né qu'elle refuse d'enterrer tout de suite.

Voila comment on pourrait résumer le livre et pourtant le récit est plein d'allusion, de secrets que l'on devine au fils des pages. Pourtant, après cette lecture, le lecteur n'a pas toutes les réponses aux questions qu'il se pose. Il reste des zones d'ombre et cela ne donne que plus de poids au roman, a ce huis-clos oppressant et sombre. Je pense d'ailleurs que le titre VO est plus adapté : Disquiet (comprenait inquiétude) plutôt qu'Ailleurs en français.

Bref, c'est pour moi une très bonne découverte. Je suis contente d'avoir pu découvrir Julia Leigh et j'ai passé un bon moment avec ce court roman que j'ai dévoré d'un trait.
Lien : https://missmolko1.blogspot...
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Olivia a quitté l'Australie à cause d'un mari violent. Avec ses deux enfants, ils débarquent dans la demeure familiale où vit sa mère et où séjourne aussi son frère et sa femme sur le point d'accoucher.
L'intrigue est simple, on rentre rapidement dans ce court roman. Mais curieux roman tout de même : les personnages sont sombres ; les enfants, seuls, donnent un peu de couleur à cette histoire. La façon simple d'appeler les différents protagonistes m'a un peu déroutée : la femme, le garçon, la fille. Que des descriptions, pas de pensées.
Un livre un peu surprenant qui nous laisse juger ce moment de famille assez singulier...
(Le titre original est Disquiet, "Inquiétude" résume bien l'ambiance du livre.)
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Oh la vache! Ce petit bouquin de Julia Leigh qui traînait depuis un bout de temps dans ma PàL m'a complètement bouleversée! Je m'apprêtais à lire un beau texte (Christian Bourgois oblige) mais à ce point-là! le souci, bien sûr, et comme souvent dans ce genre de texte, c'est que je ne peux pas vous en dire beaucoup de l'histoire, parce que sinon je casse tout l'intérêt du roman. Je me contenterais de dire que c'est le retour au foyer d'une mère et de ses deux enfants. Ça ne suffit pas, je ne suis pas certaine que ça donne très envie mais croyez-moi, si vous le lisez et que j'en dis plus, vous me vouerez aux gémonies. Je vais donc vous dire que c'est splendide, fort bien écrit, qu'il va une fois de plus falloir me croire sur parole et que cette lecture changera quelque chose dans votre manière d'aborder les romans familiaux.



Un vrai coup de coeur, en même temps qu'un vrai coup de cafard après la dernière page. Tout est conté à demi-mots, par petites touches et ça embarque le lecteur dans un récit qui probablement se brode avec son histoire intime. Je ne sais pas si je vais lire de suite son autre roman, le Chasseur, parce qu'un frisson me prend à l'idée de me replonger dans ce genre d'univers. Mais je le ferai un jour, c'est certain!
Lien : http://www.readingintherain...
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Olivia meurtrie revient dans le château familial, trouver refuge avec ses deux enfants.
Son frère Marcus devait fêter ce jour là la naissance de son premier enfant qui malheureusement n'a pas survécu.
L'atmosphère de ce livre est pesante même si les protagonistes semblent contrôler du mieux qu'ils peuvent tous les chagrins possibles.
Tous enfants, comme adultes ont des souffrances qu'ils tentent par tous les moyens de surmonter tant bien que mal.
Olivia prendra les décisions qui s'imposent et montrera une belle force de caractère.
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Un roman très bref, mais dense et si dérangeant qu'il continue à trotter dans la tête un bon moment une fois qu'on l'a refermé.
Tout se déroule dans une demeure familiale ou Julia Leigh rassemble différents protagonistes, principalement les membres d'une même famille, mais aussi plusieurs personnes qui sont à leur service... et à leur image.
Il y a d'abord la mère, malade, mais toujours crainte et respectée.
Il y a la fille, prénommée Olivia mais le plus souvent désignée par l'auteur comme "la femme". Elle arrive au Château dès les premières pages, traînant derrière elle ses deux enfants. Elle a un bras dans le plâtre, elle est couverte de bleus, épuisée, déprimée. Et elle entre dans la propriété de sa mère par effraction, par une petite porte dérobée, abandonnée depuis des années. Elle a effectivement commencé par sonner, mais personne ne lui a ouvert la grande grille de l'accès principal. Avec cette première scène, l'auteur installe déjà l'ambiance étrange du roman, en croisant la froideur des uns et la résignation des autres.
Ensuite, il y a le fils, Marcus, qui arrive avec sa femme Sophie et (pour continuer dans l'insolite et ancrer plus encore le malaise dans l'esprit du lecteur), leur fille, un bébé mort-né que les deux jeunes parents inconsolables promènent avec eux, cajolent, bercent, présentent aux autres comme s'il était vivant. Marcus et Sophie sont théoriquement venus au Château pour enterrer leur petite auprès de son grand père, dans le parc familial... mais ils semblent avoir du mal à concrétiser cette intention.
J'arrêterai là la description du roman (sinon, je risque de trop en dire), mais les pages qui suivent, après cette "installation" du décor et des personnages, enchaînent les scènes de plus en plus troublantes, dans lesquelles il semble que les relations de cette famille sont régies surtout par le silence, la méfiance et, pour presque tous les membres, la recherche insistante d'un "ailleurs" irréaliste qui confine à la folie.
Cela peut paraître malsain, mais ce livre est surtout très bien écrit, très prenant et (comme tout bon roman) il est apte à porter chaque lecteur à s'interroger sur lui-même. Y compris une fois qu'on l'a refermé.
Lien : http://sebastienfritsch.cana..
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C'est un roman bref, court, intense. L'atmosphère est pesante car nous débarquons comme la femme et ses enfants vers cet "ailleurs". Il y a tout pour faire de ce roman quelque chose d'accrocheur, mais.... C'est inabouti, trop de blancs dans les histoires.

On arrive donc dans une propriété avec "la femme" que l'auteur nommera à chaque fois ainsi, la dépersonnalisant complètement surtout au vu de ce qu'elle a vécu qui est dit à demi mot. Je trouve cela déshumanisant. Elle est avec ses enfants, et rejoint la demeure familiale. Il y a son drame, et en parallèle, le drame que va vivre son frère qui arrive quelques temps après elle avec son épouse.

Les personnages sont décrit de par leur sentiments : on trouve des enfants enjoués mais inconscients des dangers, une femme taciturne, éprouvée, un homme qui sert de bâton sur lequel on s'appuie pour avancer, une femme qui est murée dans son silence et sa souffrance... On les imagine mais de façon flous.

Les épreuves qu'ils traversent sont teintés d'angoisse, de difficulté. Mais en même temps, j'ai l'impression que l'auteur a voulu dépeindre ainsi les événements. Cela leur donnent davantage de profondeur, mais laisse un gout d'inachevé qui pour moi est difficile à combler.

L'écriture est libre, sans finesse et sans poésie. Très mélancolique, elle est accrochante et garde le lecteur en alerte dans une atmosphère parfois voyeuriste. On ressent beaucoup d'empathie, mais celle ci est freinée par le manque d'informations.

J'aurais aimé qu'on aille plus loin, que l'auteur décortique les événements, explique le passé de ses personnages. Nous suivons simplement une tranche de vie, j'aime beaucoup cela en règle générale. Mais les thèmes abordés sont tellement poignants et importants qu'on se dresse face à un mur : il est impossible d'y grimper car nous n'avons pas de cordages. Nous avançons en terrain aveugle. Cela peut beaucoup plaire, et cette ambiance noire est l'une que je préfère pour m'immerger dans une histoire. Mais ce développement si court je ne m'y suis pas faite.

Dans la réalité, nous arpentons les vies de nos proches et de nos connaissances, sans connaître tout de leurs vies et des contraintes qu'ils rencontrent. Est ce le message de l'auteur?

Lien : http://lecturedaydora.blogsp..
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Une femme arrive dans un château avec deux enfants et y retrouve sa mère, son frère et sa belle-soeur. Cette dernière vient d'accoucher d'un enfant mort et porte ce bébé dans une couverture dans ses bras, sans vouloir le quitter. C'est dans cette atmosphère lourde, dans cet endroit clos, que ces personnages vont cohabiter pendant quelques jours. Que peut-on explorer, le parc, le lac.... Qui peut-on espionner, le frère,.... Comment les enfants vivent-ils ce séjour, rêve ou cauchemar....

Ce petit récit d'une centaine de pages est un petit bijou dans la pure tradition du roman anglais du 19è siècle et, n'était l'apparition d'un téléphone portable et de quelques références françaises, on pourrait tout à fait le situer dans une Angleterre révolue. L'histoire m'a d'ailleurs immédiatement fait penser au "Tour d'écrou" d'Henry James.
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