Elle n’a pas fini de les surprendre avec sa bouille ronde et juvénile, sa voix haut perchée, ses cheveux en bataille et ses taches de rousseur. Il y a comme un hiatus entre ses expressions candides, presque stupides étant donné son âge (elle frôle la trentaine), et son intelligence. La candeur de cette femme n’est qu’une façade. Boulard l’a compris et ne s’y laisse pas prendre. La naïveté dans ce métier est à ses yeux un défaut rédhibitoire. Un défaut qu’il n’a jamais eu et dont le lieutenant Girard semble également dépourvu, malgré les apparences.
La grâce d’une femme, pour Ramirez, réside autant dans ses chaussures que dans la voiture qu’elle conduit. Elle peut avoir un corps de déesse grecque, si elle roule en quatre-quatre, la libido de l’avocat fond comme un sorbet dans un four à micro-ondes. Les femmes, il les aime en hauts talons, au volant d’un cabriolet, anglais de préférence. Ou éventuellement à pied, ou parfois à vélo, en jean et en baskets, pour le côté bobo bien dans sa peau qui mange bio. Mais surtout pas dans des chars d’assaut.
Il se revoit, jeune flic plein d’ardeur, fonçant sans réfléchir à travers les obstacles. Il connaît cette ébullition neuronale qui empêche de dormir tant qu’on n’a pas trouvé le petit détail, le dernier taine), et son intelligence. La candeur de cette femme n’est qu’une façade. Boulard l’a compris et ne s’y laisse pas prendre. La naïveté dans ce métier est à ses yeux un défaut rédhibitoire. Un défaut qu’il n’a jamais eu et dont le lieutenant Girard semble également dépourvu, malgré les apparences.
Elle n’est tout simplement jamais contente. S’il fait beau, il fait trop chaud. S’il pleut, elle se plaint de ses rhumatismes. De toute façon, dès qu’elle ouvre la bouche, c’est pour râler ou pour se lamenter sur son sort. Se préoccuper du malheur ou de la santé des autres ne l’effleure jamais. Et gare à celui qui ose demander un service qui sort des limites de la convention collective des concierges, elle lui citera les articles du Code du travail qu’elle connaît par cœur.
Aimer un homme c’est être capable de ne rien faire avec lui. Vous les jeunes, il faut toujours que vous trouviez des occupations à tout prix. Partager l’oisiveté, c’est le ciment qui permet de maintenir un couple dans la durée.
Salon du Livre de Paris 2014 // Blandine Lejeune