Le choix d'un livre tient parfois à peu de choses … ici, c'est d'abord une couleur de ciel qui m'attire, celle de la couverture, un dégradé de bleus, du sombre à l'éclatant, une lumière de mer qui s'épuise doucement sur le sable beige. Et puis un titre : «
Poussière d'homme », deux mots blancs, cinglants, jetés dans tout ce bleu immense, esquisse déjà, et prémices d'un éphémère, d'un perdu, d'un jamais plus, cendres d'une étoile à jamais devenue filante.
Curieuse, je lis alors les premières lignes de cet auteur que je ne connais pas … me laisse facilement convaincre par une entame bouleversante, poignée de mots forts, si intimement enlacés dans la pensée de l'Autre qui manque, cruellement.
" Ce dimanche 3 avril, au soir, tes jours d'homme m'ont filé entre les doigts. Au presque commencement de ma vie, je t'ai perdu, toi avec qui je voulais la finir… Ta vie, minuscule tourbillon de quelques lunes et soleils, cessait là de tournoyer, sur le rivage carrelé blanc et glacé d'un hôpital. Un an sans toi, il y a trop longtemps, il y a si peu. Mais l'absence se rit du temps, elle déchire les calendriers, dérègle les horloges, rend folles leurs aiguilles.
L'absence est un compagnon fidèle qui ourle désormais mes chemins d'exilé.
Je fais le rêve que l'on nous redonne quelques instants, une poignée d'heures d'une toute petite nuit, ravies entre le tomber d'un jour et le lever d'un autre. Ce ne sera qu'un infime moment, juste de quoi refermer les portes de notre vie ensemble, nous serrer une dernière fois l'un contre l'autre avant que nos corps ne volent en éclats. Une minuscule escale pour rattraper ce temps échappé, arraché, et te dire l'après-toi, le sans-toi, la béance à chaque seconde de mes jours, la douloureuse colère depuis ta vie suspendue, l'amour de toi qui me cogne au-dedans sans jamais plus te parvenir…
Ensemble encore quelques heures, pour une volée de mots, jusqu'à nos adieux, quand mes lèvres en seront à lâcher les tiennes pour frôler le vide, embrasser l'absence … »
L'écriture restera ainsi jusqu'au bout, pudique, poétique, sensible, douloureusement mais incroyablement lumineuse.
On ne sort pas indemne de cette lecture, touché par cette histoire somme toute banale (la perte d'un être cher) mais dont l'Amour ne l'est pas, tant il est sincère, profond, puissant et … éternel.
Un cri d'Amour éblouissant.