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Critique de Bazart


Cet été, j'avais rattrapé au vol la très belle biographie que Marie-Dominique Lelièvre- (quelques années après avoir écrit un autre livre personnel et étonnant sur Françoise Sagan) avait consacré à Serge Gainsbourg, une bio étonnante qui se singularisait par une approche qui est tout sauf didactique et scolaire de l'artiste et de l'homme Gainsbourg.

Pour cette rentrée, Marie- Dominique Lelièvre continue à suivre ce sillon des biographies romancées, en nous dévoilant la vie de Claude Perdriel.

Si Perdriel est a priori moins connu que Gainsbourg ou Sagan, cet homme, inventeur et industriel, propriétaire du groupe SFA, et cofondateur du Nouvel Observateur, possède toutefois un parcours particulièrement romanesque, aux multiples rebondissements, trahisons et autres moments d'euphories et de grandes réussites.

Une biographie qui fut présentée avec un enthousiasme communicatif par l'équipe de Stock le soir de notre rencontre avec Line Papin. qui m'a définitivement convaincu de m'y plonger dedans, moi qui aime particulièrement les histoires de médias et de comité de rédaction

Quel homme fascinant en effet que ce Claude Perdriel qui vient tout juste de fêter ses 90 ans : homme d'affaires connu notamment comme le cofondateur du Nouvel ­Observateur, entrepreneur visionnaire, devenu millionnaire grâce au sanibroyeur SFA, mais qui auparavant avait déjà acheté et créée un autre journal hélas disparu le Matin de Paris; un journal où Marie Dominique Lelièvre a travaillé, ce qui l'a fait cotoyer ce patron de presse pour qui elle voue un profond respect.

Un respect et une admiration même qu'on sent évidemment dans ce livre, mais qui évitent toutefois l'écueil de l'hagiographie un peu scolaire, car l'auteur sait transcender ce matériau de départ par un style très littéraire, enflammé, comme dans les autres biographies de Lelièvre, et qui rend la vie et la carrière de Pedriel.

Ce dernier apparait au fil des 360 pages de cette passsionnante biographie comme un être courageux, fort de ses convictions et de ses prises de risque, proprement fascinante et passionnante.

Claude Perdriel dans les années 1970.
« Sans oublier d'être heureux », très documenté, précis et rythmé, nous raconte notamment comment Perdriel a participé à la campagne présidentielle de François Mitterrand en 1974, bien que l'homme a toujours veillé à rester indépendant du pouvoir, et même si cela lui a parfois joué des tours.

Mais le livre est aussi passionnant lorsqu'il sonde le lien, entre amour et haine, qu'il a entretenu avec le fascinant Jean DanieL, qui ont incarné à eux deux les plus belles années du Nouvel Observateur à la tête de l'hebdomadaire de gauche, un duo qui avec le temps s'est distendu, en fonction de leurs intérets divergents; Jean Daniel ayant une vision forcément moins mercantile de sa publication que Claude Perdriel qui ,forcément , de par sa position et son pedigree, avait des visées plus commerciales.

Mais réduire la carrière de Perdriel à ses intentions de profit serait faux et mahonnête, tant Lelièvre insiste aussi sur la grande humanité et l'intégrité de cet homme qui aura laissé énormément de positif chez tous ceux qui l'ont croisé, même chez ses adversaires.

"La plus grande ressource, les autres. Avec eux on fait des expériences, on découvre des choses nouvelles, on s'enrichit de sensations inédites. La vraie richesse, ce n'est pas l'argent mais les liens que l'on tisse. L'argent est une ressource utile pour favoriser des projets avec les gens que l'on aime."

"Sans oublier d'être heureux " constitue donc un vrai et bon page turner sur la vie d'un homme comme il en existe de moins en moins, et une personnalité hors du commun, un livre qui plaira à tout le monde, passionnés du monde de la presse , mais aussi les autres qui baignent moins que moi dans ce milieu.

On ne pourra s'empêcher de comparer ce livre avec un essai qui fait beaucoup parler de lui en cette rentrée, "le Monde Libre" d'Aude Asselin, un livre qui vient de recevoir le Prix Renaudot Essai et qui raconte aussi les coulisses du Nouvel Obs de l'intérieur mais avec on s'en doute plus d'amertume et de rancoeur- on en reparle normalement assez vite- que dans cette biographie à la fois enfievrée et apaisée de Marie-Dominique Lelièvre.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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